Comment ne pas sombrer dans la routine quand on est en IEF 

Comment ne pas sombrer dans la routine (au sens négatif du terme) quand on est en IEF ? Comment ne pas succomber aux affres des mauvaises saisons ? Comment survivre aux baisses de formes et aux découragements ?

La routine, chez l’enfant en bas âge, est très bénéfique, elle est garante de sécurité pour le tout petit qui découvre le monde. Pour les plus grands, si elle s’inscrit trop dans la durée, elle peut vite devenir pesante, ennuyeuse, démoralisante, envahissante.
Lorsque l’on a choisi l’IEF (Instruction En Famille), on subit souvent la pression du fameux « socle commun ». On sent que si on ne travaille pas telle ou telle matière (les maths, la grammaire, la conjugaison,… cela renvoie pour beaucoup à notre propre vécu scolaire), selon des critères définis par chacun, on est voués à l’échec – et donc, notre enfant aussi. On ressent tellement cette pression, plus ou moins consciemment d’ailleurs, que cela rejaillit sur notre enfant, et sur notre relation avec notre enfant. Dès lors, le conflit a tendance à s’installer, le stress, l’angoisse s’accroche à telle ou telle matière en particulier. Très vite, on ne sait plus comment communiquer, on ne sait plus comment avancer. A force de discussions houleuses et de communication négative, on risque de perdre peu à peu le lien avec notre enfant, ou tout du moins, de l’endommager. Il faut réagir avant que le danger ne soit trop important.
Souvenez-vous de pourquoi vous êtes entrés en IEF. Surtout, regardez votre enfant, et concentrez-vous sur votre amour pour lui. Qu’aimerait-il en cet instant, de quoi a-t-il besoin ? de maths ? de grammaire ? non ! il a besoin de vous, d’amour, et de JEU. Oui oui, de jeu. Les études scientifiques prouvant l’importance du jeu dans le développement de l’enfant sont de plus en plus nombreuses. De plus en plus nombreuses également, celles qui montrent que la pratique du jeu reste très importante, à l’âge adulte. Cette pratique est très courante outre-Atlantique, on appelle cela le « game-schooling ». Les familles IEF y disposent de tout un stock de jeux de société, jeux de stratégie, jeux coopératifs, etc, mais en tout cas, des jeux qui se jouent entre parents et enfants. Alors, votre job, c’est de trouver le jeu qui va concilier l’amusement familial, et la matière incriminée. De nos jours, les offres sont nombreuses. Une fois que l’on sait que c’est ce que l’on cherche, on n’a plus que l’embarras du choix. Les offres de jeux éducatifs et pédagogiques, dans toutes les matières, sont de plus en plus nombreuses. A chaque famille de trier ce qui lui convient le mieux, selon ses attentes et ses exigences. Le jeu aura plusieurs avantages :
Détendre tout le monde – or, un cerveau détendu apprend mieux ;
Reconstruire ou renforcer la connexion parent/enfant mise à mal par les conflits précédents.

Un autre moyen de ne pas sombrer dans la routine ennuyeuse, démotivante et stressante de l’IEF au quotidien, c’est de, de temps en temps, laisser les rênes à votre enfant. Oui oui, laissez les rênes à votre enfant. Cela peut être stressant pour le parent instructeur, mais il faut savoir se lancer. Cette initiative, même si elle n’aboutit pas sur un apprentissage lié au socle commun, aura de nombreux effets positifs qui, par répercussions, agiront eux sur les apprentissages requis. Déjà, dès que vous aurez prononcé la phrase magique, l’estime de soi de votre enfant sera boostée comme par enchantement, et, avec elle, sa joie, sa bonne humeur, et sa motivation à coopérer. Détendez-vous, et faites-le, laissez l’enfant, une fois de temps en temps, décider de ce que vous allez faire de cette journée. Ne considérez pas cela comme une journée perdue, bien au contraire, mais comme un moyen de lâcher prise, gratifiant pour l’enfant, reposant pour vous, avec tous les bénéfices qui vont courir derrière. Bien souvent, l’enfant choisira quelque chose à faire en lien avec ce qui le passionne, et là, les apprentissages de toutes sortes afflueront, et seront intégrés avec une facilité presque déconcertante.

Si ces deux tentatives ne suffisent pas, il y a encore d’autres possibilités. L’une d’elles : abandonnez vos plans ! prenez une pause, discutez-en en famille, réfléchissez, et trouvez de nouvelles bases sur lesquelles repartir, et rebooster votre IEF. Cela peut être un changement de manuel, ou un changement plus radical de méthode d’apprentissage. Cela peut aussi être, restructurer et/ou modifier votre espace IEF, si vous en avez un, ou bien en créer un, si vous n’en avez pas. Si cela vous fait vraiment trop peur, dites-vous que vous ne le faites qu’en essai, selon une durée que vous aurez à définir. Généralement, les effets sont assez rapides. Les enfants sont d’un naturel curieux, ouvert aux apprentissages, et créatifs. Si vous leur proposez quelque chose de nouveau, il est bien rare qu’ils ne s’y jettent pas avec enthousiasme, et l’envie d’y participer. Cela vous rassurera et vous encouragera à continuer sur une durée plus longue, voire même à simplement adopter ce nouveau mode d’IEF.

Autre astuce, garder à l’esprit que, lorsque l’on fait l’IEF, tout devient source d’apprentissage. En vous rassurant sur le fait que, quoi qu’il fasse, votre enfant apprend quelque chose, vous serez moins angoissé(e) pour vous occuper du reste. Quand vos enfants jouent en jeu libre par exemple, observez les bien – sans les déranger. En y réfléchissant bien, vous verrez que dans leurs jeux libres on retrouve des maths, de la logique, de l’imagination, parfois un discours, parfois des sciences, de l’éducation physique, de l’expression artistique, etc. Si vous avez encore besoin de vous convaincre, n’hésitez pas à faire des photos, écrire un petit journal de ce qu’ils produisent en jeu libre, et en relisant tout çà, avec du recul, ou bien en le montrant à d’autres parents IEF, vous finirez par vous rendre compte.
Enfin, l’apprentissage c’est aussi au quotidien, en vous aidant tout simplement aux tâches ménagères, ou en cuisine. Cela pave le chemin de l’autonomie, tout en préparant le cerveau de votre enfant à un processus imprimant en lui la notion du « travail », par opposition à ne rien faire. L’enfant habitué à aider ses parents aux tâches ménagères, sera rapidement bien mieux disposé à travailler en IEF, parce que son cerveau aura intégré cette notion de « travail ».

 

 

Anne-Catherine Proutière, fondatrice du blog « Pédagogies alternatives en liberté », pour Pass éducation