Papa de Léopold 9 ans, déscolarisé à l’âge de 5 ans | Expérience IEF

Aujourd’hui j’ai eu le plaisir d’interviewer Christophe, Papa de Léopold, 9 ans, déscolarisé à l’âge de 5 ans.

 

Pourquoi Léopold est-il déscolarisé ?

Léopold suit la petite section et la moyenne section de maternelle, mais ne s’y épanouit pas. L’école casse son rythme, il préfère les activités à la maison. Ses parents optent sans problème pour l’IEF. Ils sont plus sereins de ne pas être contraints aux horaires scolaires. Christophe explique que pour lui, l’enfant se développe mieux s’il suit son propre rythme, si c’est lui qui choisit ses activités. Il devient plus autonome et mature. Et c’est effectivement ce qui se passe pour Léopold. Il y a un mois, les parents de Léopold lui proposent d’aller deux jours par semaine dans une école Montessori. Léopold accepte, il est content d’y retrouver deux copains, les activités lui plaisent, et le temps de scolarisation ne lui paraît pas trop long. Ce choix permet à Léopold de faire de nouvelles expériences, et à ses parents de trouver du temps pour leurs activités et projets familiaux.

 

Comment se déroule l’instruction ?

Les parents de Léopold ont chacun leur vision de l’IEF (Instruction En Famille). Léopold bénéficie donc des deux approches différentes. Sa maman lui donne par exemple des cours de mathématiques de manière scolaire. Pour Christophe, l’instruction se fait dans la vie de tous les jours, souvent sous forme de jeux. Par exemple, pour compter ils font des jeux, et Léopold apprend le fonctionnement des retenues en utilisant des pierres. Sa grand-mère, institutrice, lui donne des cours de français. Léopold est aussi autonome dans ses apprentissages. Il a accès à des livres, des jeux…

 

Comment a réagi votre entourage à l’annonce de l’IEF ?

« Avec un brin de scepticisme, mais ils ne sont pas fermés, ils comprennent même très bien ! »

 

Léopold participe t’il a des activités extérieures à la famille ?

Christophe ou sa maman l’accompagne pour ses activités, sauf pour un atelier hebdomadaire de dessin. Il fréquente avec son papa un club d’aéromodélisme, cependant Léopold y est autonome. Il discute avec les personnes présentes, se renseigne sur la manière de fabriquer les avions, sur l’histoire de l’aviation, puis il recherche des livres en lien avec le sujet. Ils sont également en contact avec d’autres parents ayant fait ce choix de l’IEF. Ils se retrouvent régulièrement pour une sortie à la piscine ou chez une famille pour jouer et partager.

 

Quels sont les bienfaits de l’IEF ?

 

Léopold est plus en forme lorsqu’il suit son rythme naturel. Ne pas être constamment avec des enfants, se retrouver au calme lui fait du bien. Il devient plus curieux, n’étant plus guidé de façon excessive par des enseignants scolaires.

 

Voyez-vous des aspects négatifs à l’IEF ?

L’isolement du tout début est difficile à vivre. Christophe et son fils font ensuite connaissance avec des parents et enfants dans la même démarche. Christophe précise qu’il n’est pas contre l’école, mais qu’il aimerait une école où les enfants peuvent aller quand ils le souhaitent, une école qui décharge les parents. Son école idéale devrait permettre à tous de s’épanouir davantage.

 

Comment se passent les inspections ?

Les inspections ont lieu chez la maman, Christophe ne peut donc donner son propre ressenti. D’après ce qu’en disent Léopold et sa maman, les contrôles se passent bien car Léopold est plutôt en avance par rapport à ce qui lui est demandé, il ne se sent pas jugé, les inspecteurs sont respectueux.

 

Comment s’est passée votre propre scolarité ?

« Une vaste perte de temps, comme si j’avais commencé à vivre à 17 ans. » Christophe se souvient de la guerre dans la cour de récré en primaire. Malgré tout, en CM2 l’ambiance lui plaît et il peut s’épanouir à l’école. Puis arrive le collège où il ne supporte pas la compétition, la bêtise entre les élèves. En 3ème les élèves sont plus matures, se tapent moins, ce qui laisse la place à la possibilité de s’épanouir. A partir de la seconde, il y a de meilleurs rapports dans la classe, mais Christophe a des difficultés à suivre au niveau scolaire, alors qu’il faisait parti des meilleurs élèves quelques années auparavant. En terminale, il a l’impression que l’enfer est terminé. L’ambiance en classe est meilleure, les élèves arrêtent de se faire la guerre, ils sont beaucoup plus matures. Les professeurs sont drôles, sympas et intéressants.

 

Est-ce que vous auriez des conseils à donner à des familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?

  • Ne pas prêter attention aux personnes qui pensent qu’on se trompe.
  • Ne pas être isolés, et pour cela utiliser tout les moyens de communication à sa disposition afin de trouver d’autres personnes dans une démarche IEF.

 

Un mot pour évoquer l’IEF ?

C’est une expression d’André Stern qui vient à l’esprit de Christophe: « Ecologie de l’enfance ». Christophe ajoute : Ça se passe comme pour la nature. On fait attention aux équilibres, à la complexité de tout ce qu’il y a en jeu, on n’a pas d’à priori mais on essaie plutôt de voir comment ça se passe, de suivre ce qui se passe naturellement. Il faut être attentif a tout un tas de choses, ne pas se laisser enfermer dans des schémas de pensées. L’enfant se développe par rapport à son monde. Si son monde est violent, il développe une attitude violente. On doit être attentif à son écologie si on veut que ça fonctionne.

 

Avez-vous envie d’ajouter quelque chose ?

Christophe souhaite partager une expérience riche qu’il a vécu avec son fils :
Lorsque Léopold avait 7 ans, ils ont tous les deux fabriqué une cabane. Ils ont utilisé du bois ramené par les marées sur la plage, et ont aménagé leur petite maison avec des palettes en guise de meubles et un endroit pour cuisiner. A l’abri du vent et de la pluie, ils y passaient jusqu’à deux semaines et dormaient sous une tente. C’était pour Christophe et Léopold une manière d’être en contact avec la nature et de s’approprier l’endroit. Malheureusement, elle se trouvait sur un domaine de l’ONF. Bien que celui-ci ne soit pas exploité, l’ONF a décidé de détruire la cabane. Christophe garde un très bon souvenir des moments passés dans leur petite maison, et Léopold avait adoré. Ils n’auraient pas pu vivre cette belle aventure si Léopold avait été scolarisé.

 

Un grand merci à Christophe qui m’a accordé du temps pour partager son expérience de l’IEF, et ainsi en faire bénéficier de nombreuses familles en recherche d’informations et de conseils.

 

 

Florence P, pour Pass éducation