Qu’est-ce que l’informel, et par où commencer ?

Prendre la décision de déscolariser son ou ses enfants n’est chose aisée que pour quelques bienheureux. C’est généralement un processus long et difficile, et le terme (ou pas) d’une réflexion personnelle, associée à des discussions souvent houleuses avec l’entourage, et, parfois, avec de parfaits inconnus, via les réseaux sociaux notamment.

Néanmoins, de plus en plus de gens se tournent vers la déscolarisation, et l’instruction en famille. Alors, se pose une nouvelle question, concernant le choix de la méthode d’instruction. Certains choisissent le formel – en clair, on suit à la lettre le programme de l’éducation nationale, avec des manuels pédagogiques, ou bien des CPC (Cours Par Correspondance). D’autres, choisissent l’informel, c’est-à-dire, pour résumer au plus simple, l’apprentissage par la vie quotidienne en famille. Parfois, les familles choisissent une alliance de ces deux modes d’instruction.

 

 

L’informel, peut se comparer aux pâturages en liberté, en été. L’informel, c’est s’ouvrir à une tonne de possibilités, profiter des opportunités qui se présentent au hasard des moments, c’est apprendre sur le tas, sans manuel ou support imposé ou, et si l’enfant en choisit lui-même, sans les suivre à la lettre. C’est apprendre à son rythme, quand et comme on veut, quand et comme on a envie. C’est apprendre autrement, en privilégiant ce qu’on aime et ce qui permet de nous épanouir pleinement, et sereinement. C’est apprendre sans contraintes, avec plaisir. C’est aller dans une direction que l’on choisit, pas dans une direction que l’on nous dicte ou nous impose. Dans ce sens, c’est une source d’enrichissement considérable pour les familles, et les individus.

Voici quelques pistes pour vous aider à vous diriger vers ces apprentissages libres.

  • Premier exemple, sortez un jeu ! Tous les jours, un jour par semaine ou même seulement un jour par mois. Une belle occasion pour les membres de la famille de se retrouver ensemble, et d’apprendre et de partager sur tout un tas de notions – cela pourra être le calcul, la géographie, l’Histoire, etc, selon le choix de jeu que vous avez effectué. Quoiqu’il en soit, vos enfants en tireront profit. Pourquoi ? parce que jouer est un plaisir, se retrouver tous ensemble autour d’un projet commun (ce jeu) en est un aussi. Votre enfant sera ravi que vous lui accordiez du temps ! Tout cela conjugué, inhibe le stress bloquant les apprentissages. Votre enfant se souviendra, tout simplement. Par ailleurs, de nombreuses qualités seront aussi développées – la curiosité, la logique, la démarche, l’écoute, la lecture, la culture, etc.
  • Autre possibilité, la création. Que ce soit en peinture, bricolage, cuisine, … et là encore, quel qu’en soit le rythme, mettez à disposition de vos enfants ce dont ils ont besoin pour créer, dans le domaine qui les intéresse, et dans d’autres aussi, afin qu’ils puissent exercer leurs compétences et talents, sans limites et sans pression. Proposer leur de fabriquer ensemble un nichoir pour oiseaux en hiver, de préparer des biscuits de Noël, un herbier au printemps, des guirlandes de fleurs en été, etc. Autant d’activités qui mettent en jeu plusieurs qualités, qui permettent aussi d’apprendre. En outre, avoir un projet et le réaliser, est très important pour booster l’estime de soi, qui est primordiale elle aussi dans l’acquisition des apprentissages (un enfant qui n’a pas confiance en lui intégrera beaucoup moins bien ce qui lui est enseigné).
  • Pratiquez ensemble une technique de relaxation/méditation. Que ce soit du yoga ou tout autre méthode de relaxation (« tendance », ou pas !), ou simplement faire le silence lors d’un trajet en voiture. Cela permet de se poser intérieurement, d’apprendre à respecter l’autre, de réfléchir à ce qui a été déjà été fait dans le cours de la journée, ou tout simplement de se reposer et de laisser divaguer son âme. Ces temps de pause peuvent être très cours, même juste quelques minutes à fermer les yeux avant de lire un texte par exemple, ou de commencer un projet. Cela aide à dédramatiser quand il y a en a besoin, à faire du tri dans ses pensées, à évacuer du stress, et faire de la place pour de nouvelles pensées.
  • Autre conseil, faites-les dessiner et, dès que les enfants savent écrire, faites-les écrire. Que ce soit sous forme de dessin pour les plus petits (ou pour ceux qui sont plus à l’aise comme çà) de journal, de carte postale pour Mamie, du menu du jour, d’un relevé météo, de cartes d’observations nature, etc, faites-les raconter quelque chose sur le papier (et faites-le, vous aussi, c’est très apaisant). Les avantages pédagogiques de ces activités sont évidents, sans pour autant que cela ressemble à des cours ! En outre, cela permet de prolonger et/ou compléter le temps de relaxation/méditation, d’évacuation de stress ou de perfectionnement d’idées.  
  • Cela peut paraître évident pour certains, mais ça ne l’est pas pour tous – lisez ! lisez un maximum de choses, sans limites, et proposez aux enfants de quoi développer leur goût du livre, dès le plus jeune âge, c’est très important. Cela les aidera à développer à la fois leur autonomie (désir de pouvoir lire soi-même) et d’apprécier la chaleur d’un temps de lecture commune.
  • Enfin, c’est de plus en plus souligné dans des études scientifiques, sortez, entrez en connexion avec la Nature ! vous y apprendrez vous-même une foule de choses, alors imaginez pour des enfants ! Prendre ce temps est absolument essentiel, il apaise considérablement les plus nerveux, focalise les attentions, offre des expériences sensorielles uniques (ne vous laissez pas impressionner par les aléas de la météo, le monde moderne a tout prévu pour parer à chacune des situations !). Pour des enfants, cela leur permet d’apprendre sans être cloué sur une chaise ou enfermé entre quatre murs, et donc d’assouvir leur besoin de mouvement physique. L’air frais et l’absence d’écrans permettent au cerveau de mieux se développer, se détendre, se concentrer, et assimiler.

Voilà donc quelques pistes pour commencer. Vous avez ensuite diverses propositions de pédagogies dites alternatives qui s’adaptent très bien aux apprentissages informels – Waldorf, Montessori, Mason, pour ne citer que les plus connus. Vous constaterez d’ailleurs souvent que ces pédagogies reprennent en grande partie les points conseils que nous venons de développer.

 

 

Anne-Catherine Proutière, fondatrice du blog « Pédagogies alternatives en liberté », pour Pass éducation