De l’IEF dans ma cuisine

L’avantage et l’un des intérêts majeurs de l’Instruction En Famille est de relier directement les apprentissages avec le réel, de les ancrer dans la vie quotidienne. C’est plus motivant, plus concret, plus efficace. Les savoirs théoriques et pratiques se mêlent avec bonheur. Si l’école parvient parfois à le faire, il faut avouer que c’est encore plus facile à la maison (mieux équipé pour cela qu’une classe) avec un groupe restreint ! Un des espaces central de la «vraie vie», un espace qui nous rappelle notre état primaire d’animal et la réalité dure de notre subsistance, c’est la cuisine. Pour vivre les Hommes doivent manger, trois fois par jour si possible, et pour cela, à moins de ne faire que croquer dans des fruits et légumes crus, des viandes et des poissons crus, il doit transformer sa nourriture, la cuisiner. Et cela demande de nombreuses compétences. Cuisiner est l’occasion de saisir de nombreux concepts de mesure (litres, kilos, centimètres) et de mathématiques (addition, soustraction, pourcentage) mais aussi de savoir lire, de retenir une consigne, de savoir s’organiser. C’est aussi une façon de développer ses goûts (toucher, goût, odorat) et de voyager à travers le temps et l’espace. Faisons un petit tour d’horizons de diverses activités d’instruction en famille dans notre cuisine au gré de multiples inspirations pédagogiques : Steiner-Waldorf, Freinet, Montessori… Ce sont quelques idées, vous en trouverez d’autres par vous-mêmes et dans divers blogs et ouvrages pédagogiques.

 

Cuisiner pour développer ses capacités motrices, se relier au vivant, s’inscrire dans le temps

Dans la pédagogie Steiner-Waldorf, le rythme a une place essentielle ainsi que les activités manuelles. Ainsi la semaine est scandée par des activités manuelles récurrentes et notamment la journée de fabrication du pain. Cette fabrication du pain part du broyage des épis jusqu’au pétrissage et à la cuisson. Ces activités très rythmiques développent la motricité fine des doigts, l’expérience de sa force, le toucher, l’odorat, le goût. C’est une activité qui engage tout le corps et rassasie. Pour en savoir plus vous pouvez consulter ce témoignage sur le blog de Grandir autrement sur le sujet. Cuisiner c’est aussi entrer en résonance avec les saisons et donc selon la production du moment. Il s’agira de ne pas faire toute l’année les mêmes plats et gâteaux. En automne il y a les soupes de potimarron et les desserts à la châtaigne, au printemps la confiture de pissenlit (cramaillotte) et la limonade de fleurs de sureau, en été les clafoutis et les plats de courgette, en hiver les biscuits de Noël et les chocolats chauds. Vous pourrez ritualiser chaque année vos productions pour les moments phares (fêtes religieuses ou de famille, fêtes autour des equinoxes) ce qui aide les enfants à s’inscrire dans le temps et construit de beaux souvenirs pour leur vie d’adultes.

 

La cuisine pour organiser sa pensée : cartes de nomenclature et cartes séquentielles

Pour réussir une recette il faut procéder par ordre logique, l’enfant le découvrira dans la répétition. Mais il est aussi possible de s’y préparer, de réviser entre deux recettes grâce à des cartes de nomenclature Montessori sur le sujet. Des cartes pour apprendre le vocabulaire des ustensiles de cuisine comme chez Teatcher Charlotte ou des cartes séquentielles où sont dessinées chaque étape de la fabrication d’un gâteau/plat que l’enfant devra remettre dans l’ordre.

 

La cuisine pour lire et pour le plaisir

Apprendre à lire permet d’accéder au plaisir de la littérature mais est aussi et surtout un outil pratique émancipateur. Nous avons besoin de savoir lire pour être autonome : pour remplir des documents administratifs, pour faire nos courses, pour nous diriger dans les transports en commun, pour consulter une notice, pour lire une recette de cuisine, etc. L’enfant en lisant pour mettre en œuvre des savoirs pratiques constate avec délice que savoir lire l’autonomise. Il découvre l’intérêt concret de savoir lire. Un livre de cuisine permettant à l’enfant de cuisiner en toute autonomie grâce à des recettes à la fois faciles à lire et à réaliser peut alors être une source de motivation pour progresser dans la lecture. La pédagogie Freinet, basée sur l’autonomie de l’enfant avec des fichiers d’auto-activités, l’a bien compris. Et il existe un livre de recettes avec des illustrations très évocatrices permettant à un enfant de niveau grande section de cuisiner seul et à un CP/CE1 de profiter de toutes les recettes en lisant. Vous trouverez un témoignage de son utilisation sur notre blog A l’école des buissons. Cet ouvrage très artisanal n’est plus édité mais certaines familles IEF le possédant, vous pourrez peut-être vous le procurer par relations. Une version affiche est cependant vendue sur le site PEMF.

Plus facile à trouver, le recueil des recettes du magazine pour enfants, Astrapi. Dénommé 100% Excellent, écrit par Bruno Muscta, Laure Bazantay, Delphine Saulière et Anne-Sophie Chilard et édité par Bayard Presse, il offre 120 recettes salées et sucrées, faciles à réaliser. Il se présente sous la forme d’un livre-chevalet pratique. Il permet de faire un tour de France des spécialités locales avec de nombreuses recettes traditionnelles. Et c’est bon !

 

 

La cuisine pour s’approprier les mesures

Quoi de mieux pour apprendre les litres, les millilitres, les kilos, les grammes que de mesurer et de peser pour réaliser une recette de cuisine … mais aussi pourquoi pas une recette de pâte à modeler comme le propose une fiche des maths heuristiques. Puis ensuite de travailler sur les proportions, comment faire pour en faire trois fois plus ? Deux fois moins ? Comment modifier les quantités d’une recette de crème pour une grande tarte pour une tarte plus petite ? C’est une application intéressante et utile de la règle de trois.
Pour les plus jeunes (cp-ce1), grâce à une balance de Roberval, peser c’est aussi compter. Cet outil est très prisé dans la pédagogie Charlotte Mason qui en fait un essentiel comme le souligne Petits Homeschoolers sur son blog du même nom. Pour trouver le point d’équilibre il faut ajouter, enlever, c’est une première approche mathématique (MS-GS). Pour peser 175g il faudra installer un poids de 100 g, un poids de 50g, un poids de 20g et un poids de 5 g. Il faut donc à la fois décomposer un nombre et additionner pour arriver au total.

 

La cuisine pour voyager à travers le temps

La manière de se nourrir des hommes a évolué avec le temps, comprendre une civilisation passe aussi par son alimentation. De plus les enfants retiennent mieux une période historique s’ils peuvent la « vivre ». Ainsi fabriquer sa nourriture à la manière des hommes d’autres temps ou cuisiner des plats de ces époques est souvent très prisé et les aide à se mettre en résonance avec l’époque, à rendre moins lointaines ces civilisations. Pour cuisiner comme les hommes préhistoriques, on pourra bien sûr faire un feu de camp dans un jardin ou un espace naturel qui l’autorise et mettre directement dans la braise des pommes de terre. Il est très amusant également de cuisiner une soupe à la manière préhistorique : faire chauffer des pierres dans le feu puis les jeter à l’aide de deux bâtons dans un grand faitout d’eau froide, vous verrez cela réchauffe efficacement l’eau ! Vous pouvez y mettre du bouillon séché et des lardons… Pour l’Antiquité, le livre du magazine d’histoire pour enfants : Arkéo intitulé Les recettes d’Arkéo : mon petit livre de recettes anciennes est très bien fait, il vous permettra de préparer 20 recettes de
L’Egypte ancienne, de la Grèce antique, de la Rome antique et du Moyen âge.

Ces recettes font prendre conscience de tous les fruits et légumes qui nous viennent d’Asie et surtout d’Amérique dont nos ancêtres ne bénéficiaient pas. C’est une porte d’entrée intéressante pour s’intéresser aux Grandes découvertes et à l’introduction progressive de ces aliments chez nous, telle la pomme de terre longtemps réservée aux cochons, le sucre tardif dans notre alimentation ou le chocolat ayant initialement un intérêt pharmaceutique.

 

La cuisine pour voyager à travers l’espace

Bien sûr la géographie invite à retourner dans la cuisine. Les enfants apprécient des journées à thème qui les plongent dans une autre aire culturelle avec habillement local, musique du pays et spécialités culinaires. Je vous propose pour ces ballades gustatives les ouvrages de l’UNICEF qui édite depuis plus de 20 ans un livre de recettes de cuisine du monde et un livre de recettes de pâtisserie du monde (100 recettes de plus de 50 pays).

La cuisine, c’est la santé

Les pistes autour de la cuisine se sont pas épuisées, vous pouvez après le repas faire un jeu de société autour de l’équilibre alimentaire grâce à Nutrissimo junior développé par Auchan et l’Institut Pasteur de Lille.

 

Cécile du blog A l’école des buissons, famille IEF, pour Pass Education