IEF et école démocratique | Expérience IEF

Aujourd’hui, j’ai eu le plaisir d’interroger Carlotta afin qu’elle nous parle de son expérience de l’IEF (Instruction en famille) !

Carlotta et son mari sont les heureux parents d’Aloïs et Roxane depuis 2013. Ils vivent tous ensemble dans les Pyrénnées-Orientales (66). Cette famille a fait le choix de l’IEF… mais pas seulement ! En effet, les deux enfants sont, en parallèle, scolarisés dans une école hors contrat une partie de la semaine (Ecole Les Lucioles). Les deux parents sont actifs, puisque Carlotta est accompagnante parentale. Elle anime des ateliers parents-enfants et des formations sur la pédagogie Montessori et la communication non-violente (Parent’aise) . Son mari quant à lui est agent de médiathèque. Ils vivent avec la mère et le frère de Carlotta, âgé de 17 ans (2001). En plus de leur travail respectifs, ils ont un grand potager et une association de sauvetage de chats reconnue d’utilité publique. Ils recueillent des chats errants, chatons malades, les soignent et les remettent  à l’adoption. En général, ils ont en moyenne entre 15 et 20 chats chez eux.

 

Pourquoi avoir choisi ce mode d’instruction ?

Aloïs et Roxane sont tous deux porteurs d’un handicap, ils ont, entre autres, comme leur maman, la maladie d’ehlers danlos qui entraîne des troubles DYS, de l’attention ou encore des troubles vasculaires ou musculaires. Ils ont tous deux fait leur rentrée en petite section mais l’école ne tenait pas compte de leurs besoins spécifiques. Les deux enfants étaient également très fatigués de ce rythme soutenu, c’est pourquoi leurs parents ont fait le choix de la déscolarisation au bout d’un mois.

 

Comment fonctionnez-vous, aujourd’hui ?

« Nous sommes en IEF et nous avons intégré à temps partiel une école à pédagogie alternative. » Il m’aura fallu du temps pour comprendre ce que Carlotta m’expliquait. Comment ses enfants peuvent-ils être à la fois descolarisés et en école ? Les enfants sont inscrits dans une école hors contrat dans l’idée d’une structure démocratique. Ce choix est lié au souhait que Roxane et Aloïs fassent, malgré l’IEF, partie d’un groupe et, surtout, que ça se passe bien. Dans cette école, qui les accueille de 2 ans et demi à 11 ans, les enfants sont complètement libres ; libres de ne faire que de jouer, être en informel ou en formel. Des ateliers sont proposés mais ne sont pas obligatoires. Le rythme et les envies d’apprentissage de l’enfant sont suivis sans contraintes. Là-bas, on y trouve une éducatrice Montessori, une assistante, un référent de l’éducation nationale et une ancienne enseignante. Les parents et enfants participent au fonctionnement de l’école en étant bénévoles, tant pour la préparations des activités que pour la vie de la structure, tels que le ménage, les aménagements ou la création du matériel. Il est possible de déposer son enfant à la journée ou la demie-journée, comme on le souhaite. Le parent peut rester et aider ou laisser son enfant.

« On suit vraiment leurs centres d’intérêts et après on leur fourni le carburant. » Depuis Novembre 2018, les enfants sont donc scolarisés dans cetté école trois demies journées par semaine, et font, le reste du temps, du unschooling. Ils n’ont aucun planning fixe et se laissent guider par les envies et les demandes des enfants. Ils terminent, par exemple, 6 mois sur la préhistoire, avec visites de sites et des ateliers, et s’intéressent actuellement à l’Egypte antique. Dans la semaine, Roxane fait de la danse classique et de l’éveil musical et instrumental (au violoncelle). Aloïs a plutôt choisi la gymnastique et la clarinette ! Ils font également des ateliers avec un groupe IEF, des visites de musées…

« Ce sont des jumeaux, mais ils sont vraiment très différents. » Roxane aurait plus tendance à être scolaire, assise à table à écouter. Contrairement à son frère qui préfère les apprentissages autonomes avec beaucoup de manipulation, d’expérimentation avant de passer à l’écrit.  L’un comme l’autre n’ont, cependant, pas de support d’outils prédéfinis pour réaliser l’apprentissage. La famille improvises en fonction des demandes. L’IEF leur permet de s’adapter à chaque personnalité.

 

Comment fais-tu pour travailler ?

Carlotta travaille essentiellement le soir pour préparer ses formations. Elle travaille également le samedi matin lorsque les enfants sont en activité ou de façon plus ponctuelle les mercredi après-midi. Grâce aux grands-parents, elle peut également travailler un peu en semaine. Son mari travaille du mardi au samedi, elle profite donc du lundi pour en faire le maximum pendant qu’il est avec les enfants.

« Pour moi, travailler et faire l’IEF n’est pas du tout incompatible ! » Jusqu’en novembre 2018, Carlotta était AVS (auxiliaire de vie scolaire) avec un contrat de 20h par semaine. Cela n’a pas donc aucunement empeché cette petite famille de faire l’école à la maison durant un an ! C’est, dit-elle, moins confortable et plus fatiguant, c’est pour cette raison qu’elle n’a pas souhaité continuer, mais ce n’est pas impossible ! Les enfants étaient gardés par leur grand-mère ou leur père.

 

Quels sont, pour toi, les points positifs et négatifs de l’IEF ?

« Un point négatif serait sans nul doute le fait de devoir toujours se justifier. » Comme beaucoup de parents aux choix de vie quelque peu hors du commun, Carlotta et son mari essuient les critiques et se sentent incompris. Ils doivent continuellement faire face aux remarques. Elle continue en évoquant l’aspect financier de l’IEF, en expliquant que les aides pour les frais de gardes sont dérisoires jusqu’à 6 ans et qu’un enfant instruit à domicile coûte plus cher aux parents. En effet, chaque livre, chaque sortie, chaque achat matériel, est à la charge de la famille et l’ARS (allocation de rentrée scolaire) n’est versée que sous certaines conditions.

« Il y a tellement de points positifs que c’est difficiles de n’en retenir que quelques-uns. » Carlotta se rassure en disant que, dans un premier temps, lorsqu’on fait l’IEF à notre enfant, on sait qu’on va dans le bon sens par rapport à leur développement psychoaffectif. On peut les accompagner en douceur et avec empathie, en espérant que ces adultes de demain rendront notre monde un petit peu plus doux, un peu moins fou. Dans un second temps, ça permet de pouvoir vivre comme on le désire, ça offre plus de liberté, une plus grande qualité de vie. L’IEF c’est accompagner ses enfants au quotidien, les voir grandir, les aider.

« Ça fait un peu bisounours, mais on avance vraiment main dans la main » Si tu devais donner des conseils à une famille qui démarre l’aventure, que dirais-tu ?

« On peut vous donner tous les conseils de la terre, on peut vous donner toutes les études, toutes les recommandations, il n’y a que vous qui connaissez vos enfants. Il n’y a que vous qui sachiez vraiment ce qui est bon pour eux, parce que ce sont les vôtres. » Elle invite également à se faire confiance ainsi qu’à ses enfants, de ne pas se forcer si on ne se sent pas à l’aise avec quelque chose ou, au contraire, foncer si on estime que ça peut porter ses fruits !

 

Quel mot définit le mieux l’IEF à tes yeux ?

« Liberté ! »

Je remercie infiniment Carlotta d’avoir accepté de partager ce petit bout de vie avec nous.

 

 

Chloé, de La Famille Gwaï, pour Pass éducation