Anne : 5 enfants instruits en famille dont 3 avec profil atypique | Expérience IEF

Anne s’investit totalement dans l’Instruction En Famille, dont elle parle avec beaucoup de passion. Elise 13 ans, Mathis 12 ans, Jules 10 ans, Léo 8 ans et Zélie 6 ans, vivent tous les 5 des expériences extrêmement transformatrices et enrichissantes grâce à l’IEF.

Quelles ont été les motivations pour déscolariser vos enfants ?

Elise est déscolarisée à sa demande à la fin de l’école primaire. Elle ne se sent pas prête pour le collège et exprime sa peur du harcèlement. Elle a connu une école Montessori et souhaite reproduire cette expérience à la maison. Elise a été diagnostiquée Asperger et précoce. Elle est très en avance intellectuellement et en décalage au niveau affectif, par rapport au reste de la classe. Actuellement elle fréquente les scouts et y rencontre des jeunes filles avec lesquelles elle peut sympathiser. La discussion reste ouverte pour une rescolarisation au lycée qui pourrait être bénéfique socialement parlant. Mais une grosse structure ne correspond pas vraiment à sa personnalité. De plus elle dispose de temps en IEF pour développer ses passions…
Mathis est déscolarisé une année après sa sœur, avant l’entrée au collège également. Le mode de vie de sa sœur l’attire et il souhaite faire de même. Mathis est curieux de tout et n’a pas envie de faire de choix dans ses activités. Il adore le sport et veut pouvoir pratiquer tous les soirs, ce qui n’est pas envisageable s’il a des devoirs scolaires.
Jules, Léo et Zélie sont également en demande. Ils sont déscolarisés depuis septembre 2018.

Jules a un profil Asperger, multi dys, et trouble attentionnel. Il fréquente une école Montessori et bénéficie d’une Auxiliaire de Vie Scolaire douze heures par semaine. Malgré tout, il accumule du retard et rentre épuisé le soir. Lors du passage en IEF, sa maman revient en arrière dans les apprentissages. Jules est content de l’IEF au départ, et ravi maintenant ! Il travaille en sciences, arts, histoire et géographie de niveau collège ce qui le valorise et lui redonne confiance en ses capacités.

Léo est neurotypique. Par ailleurs, on dénotait chez lui une absence de confiance en lui. Il stressait et se réveillait la nuit car il ne se souvenait plus des mots d’une dictée. Craintif, sur la réserve, il avait du mal à laisser les gens entrer dans son monde. Il avait des colères et se sentait malheureux. L’IEF l’a métamorphosé, il a récupéré confiance en lui et estime de lui-même : « C’est incroyable, je n’ai plus peur, je sais que j’ai le droit de me tromper, que je suis là pour apprendre. » Il est maintenant très sociable, ouvert et va vers les autres. « Je sais que tu m’aimes. » C’est pour Anne une belle reconnaissance que de voir son fils heureux et épanoui.
Zélie. La maîtresse de Zélie ne propose rien aux enfants, l’école ressemble plutôt à une garderie. Il n’y a ni projets, ni communication. La maîtresse ne se montre pas sensible aux propositions de Anne. Zélie, frustrée, pleure à l’école. Suite à un bilan psychologique, Zélie est diagnostiquée enfant précoce. La psychologue conseille de lui faire sauter deux classes. Anne refuse car Zélie se retrouverait avec son frère, ce qui poserait problème au niveau de la fratrie. L’école n’est pas en accord non plus avec la proposition de la psychologue, car elle estime que Zélie doit rester avec des enfants de son âge. Zélie est descolarisée en même temps que Jules et Léo, et se montre ferme dans sa décision : « Jamais je ne remettrai les pieds à l’école ! ». Comme ses frères et sœurs, elle étudie les sciences, l’histoire et la géographie de niveau collège ; elle en est ravie.
Elise et Mathis ont plaisir à partager avec leurs jeunes frères et sœur. Ils ne se retrouvent pas en situation de compétition comme c’est le cas à l’école. L’école favorise de bonnes ou moins bonnes rencontres, elle n’est pas facilement adaptable à chaque enfant, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’enfant avec un profil particulier. L’IEF est une décision de cœur pour Anne, et également une nécessité pour ses enfants.

Comment vivez-vous cette expérience IEF de votre côté ?

« Je ne m’arrête pas, j’y pense tout le temps. C’est prenant émotionnellement et physiquement, mais magique ! Il y a des moments de grosse fatigue, mais je ne suis jamais atteinte moralement car j’y crois ! » Le choix de l’IEF sans cours par correspondance demande un investissement en temps énorme. Anne fait ses propres supports en sciences, histoire et géographie. Elle cherche des approches différentes, imprime et plastifie les documents, découpe, utilise des gommettes, du velcro… Les enfants aident volontiers lors de ce temps de préparation. Ils se donnent des rôles entre eux et s’y tiennent. L’organisation et l’anticipation sont les maîtres mots ! Plusieurs mois en avance, Anne a commencé à préparer les cours de cette année scolaire 2019-2020… A tout cela s’ajoute le quotidien, ménage, lessives, entretien du jardin, potager… Anne aime que sa maison soit toujours propre, rangée, ordonnée, et elle tient au respect de l’environnement également. Les enfants ont tous des activités extérieures auxquelles Anne les accompagne, ainsi que des suivis médicaux. C’est avec beaucoup de bonheur que Anne partage son expérience IEF aux personnes la sollicitant. Elle explique, soutient, rassure, donne envie, prend ses échanges très à cœur car l’avenir d’enfants est en jeu. Anne est plus que ravie de voir l’évolution de ses enfants. Leur bonheur et leur épanouissement valent largement les heures passées pour l’instruction. Le week-end et le mercredi matin, lorsque les 5 enfants font du sport, Anne trouve le temps de lire, marcher et faire du vélo. « Si ces trois piliers sont assouvis, tout va bien et ça me suffit amplement ! ».

Quelle est votre organisation au quotidien ?

Anne et ses enfants ont trouvé un rythme de fonctionnement qui leur convient. Les matinées sont dédiées au formel (mathématiques et français), l’après-midi aux sorties diverses et manipulations expérimentales. Ils enchaînent 4 semaines d’IEF, puis prennent 1 semaine de vacances. Chacun recharge ses batteries et se repose. Si certains jours l’instruction n’est pas possible, ils s’octroient le droit de ne rien entreprendre et d’écouter leur besoin de repos.

…et le papa ?

Dans les débuts, l’IEF fait peur au papa. Anne précise qu’il est « un pur produit de l’éducation nationale ». Il regarde maintenant de loin, avec bienveillance. Il lâche prise et fait confiance. Il a pu surmonter ses angoisses en constatant l’évolution positive de ses enfants. Cependant l’adaptation aux autres et à la société est un point qui l’inquiète encore. Anne sait que ses enfants développent énormément cette faculté en travaillant ensemble. « C’est l’apprentissage de la vie, l’adaptation est là. »

Comment réagit votre entourage ?

« Tu es folle. », « Ne fais pas ça, tu vas te perdre. », « Ça va te prendre trop de temps et d’énergie. ». Des amis instituteurs : « Je ne le ferais pas. Tu ne te rends pas compte. ».
L’inquiétude de l’entourage porte plus sur les capacités de Anne que sur les bénéfices pour ses enfants. Anne renvoie à la fois une image de courage et de folie. Elle rassure ses amis et sa famille en disant qu’elle souhaite essayer et qu’elle aura toujours la possibilité de faire machine arrière si ça ne fonctionne pas.

Quels conseils donneriez-vous à des familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?

  • Faîtes vous confiance, faîtes confiance à vos enfants, c’est la base.
  • Essayez de ne pas vous laisser envahir par les peurs et projections des autres (on a déjà les nôtres à gérer…). L’entourage peut plomber, n’hésitez pas à leur dire que ce sont leurs peurs et projections, et si nécessaire, prenez de la distance pour vous protéger, ne pas vous retrouver déstabilisés. La réponse de Anne a son entourage inquiet : « J’ai entendu mais laissez-moi prendre MA décision, avec MES enfants, MON conjoint… ». Anne a dû faire un break de 2 semaines, car les peurs de son entourage la gangrenaient. « Les peurs personnelles sont légitimes, mais chacun doit garder les siennes. »
  • Organisez vous et anticipez. Souhaitez-vous faire du formel, de l’informel, du unschooling ? Discutez en avec vos enfants, ça se prépare… Anne a revu 5-6 fois le fonctionnement avant de trouver le bon.
  • Apprêtez vous à vous remettre en question. C’est parfois douloureux, rien n’est acquis. Tenez vous prêts à rebondir en cas de difficultés, et trouvez d’autres approches…
  • Profitez en !
  • Ne stressez pas trop pour les contrôles pédagogiques, car tout dépend des personnes sur lesquelles on tombe. Anne s’est retrouvée quasi en procès et devait prouver son innocence. Cette année avec un nouvel inspecteur, l’évaluation est très positive.
  • Sachez quels sont vos droits et devoirs.
  • Sollicitez les réseaux d’entraide.

Quelques mots pour évoquer votre IEF ?

« Une aventure humaine avec mes enfants que je trouve absolument extraordinaire. J’apprends à les connaître dans leur singularité, je trouve ça magnifique, magique… Ça me permet de grandir avec eux, j’ai beaucoup changé avec cette expérience ; mon regard sur les choses a changé, mon regard sur eux aussi. Je suis extrêmement heureuse de vivre ça avec eux. C’est une riche expérience dans tous les sens du terme. Elle permet entraide, solidarité, respect. C’est au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer. Voir les enfants heureux et épanouis, ce n’est que du bonheur et je souhaite tout ce bonheur à ceux qui veulent se lancer. »
Voici le groupe facebook de la famille si vous voulez les suivre en direct ! : Les aventures de la famille z’atypique en IEF.
Je remercie de tout cœur Anne pour le temps qu’elle m’a accordé, ainsi que son enthousiasme à partager son expérience.
Florence P, pour Pass éducation