Tour d'horizon rapide du site en vidéo

Des clés pour comprendre la pédagogie positive – PDF à imprimer

Le « positif » est à la mode, on l’entend, on en parle, que ce soit pour l’éducation, la pédagogie, ou encore le langage. Mais y-a-t-il vraiment un lien entre éducation et pédagogie ? Qu’est-ce que qui a changé ? Qui, comment et avec quoi amener le « positif » dans les apprentissages ? Voici quelques clés pour essayer de répondre à ces questions.

 

Lien entre éducation et pédagogie

L’apport des neurosciences

L’éducation et la pédagogie positive ont émergés suites aux découvertes en neurosciences affectives et sociales. Grâce aux neurosciences, l’étude du cerveau a été poussée au-delà d’un simple décryptage de sa structure et de son fonctionnement neurologique. Les neurosciences affectives s’attardent sur l’étude des émotions, des sentiments, des capacités relationnelles de l’être humain. Quant aux neurosciences sociales, elles étudient les comportements sociaux comme l’empathie, l’attachement, la coopération, que tout être développe au contact des autres dès le plus jeune âge. Il y a quelques années, la majorité des adultes croyaient encore que l’enfant était un être à « dresser », un vase vide qu’il fallait remplir de connaissances, un sujet ignorant à qui il fallait tout apprendre : comment se comporter avec les autres, quelle émotion ressentir et comment l‘exprimer, comment et quand il fallait apprendre. Cette image de l’enfant a évolué, et heureusement ! Ces découvertes ont modifié la perception de l’enfant en offrant une meilleure compréhension de son fonctionnement émotionnel : il n’est plus considéré comme un être qui s’oppose à l’adulte par provocation, volonté de pouvoir ou manipulation. Son cerveau est en construction, il y a des comportements qu’il ne PEUT pas intégrer, des émotions qu’il ne PEUT pas accompagner seul. L’enfant naît avec un vécu émotionnel intra-utérin, des connaissances, mais surtout des capacités qu’il faut entretenir et développer, comme l’intérêt pour le monde qui l’entoure, l’empathie, etc.

D’où vient le « positif » ?

Désormais, ces connaissances permettent d’associer le comportement de l’enfant à un besoin insatisfait ou une incapacité à accueillir une émotion envahissante : si l’enfant se met à hurler dans un magasin, il ne fait pas un caprice mais il est dépassé par ce que les stimulations environnantes provoquent en lui. Si un enfant de 2 ans mord, ce n’est pas par méchanceté, mais par frustration de ne pas savoir comment communiquer et se faire comprendre. Ce regard dénué de jugement négatif sur l’enfant permet d’adapter la réponse, de faire évoluer les attitudes et trouver des alternatives aux comportements qui ne sont pas souhaitables (violence, mise en danger de soi-même ou d’autrui). Lorsque nous savons qu’un enfant de moins de 3 ans n’est pas en mesure de comprendre une phrase négative (« ne traverse pas la route »), nous pouvons adapter notre langage pour être mieux compris (« je serais plus rassurée si tu restais sur le trottoir, j’ai peur des voitures qui roulent très vite, j’ai besoin de te savoir en sécurité, etc »). 

Le positif est donc là : ne pas voir l’enfant comme un être en « négatif » et s’exprimer de manière positive, que ce soit dans la formulation ou dans le fond (« Tu as presque réussi ! Essaye encore » plutôt que « C’est faux, tu n’as pas assez travaillé »).

L’impact de l’éducation respectueuse

Les neurosciences apportent un regard neuf également sur l’impact de l’éducation sur les apprentissages. En effet, il a été prouvé que l’hippocampe, lieu de la mémoire et de l’apprentissage, se développe mieux dans des situations de bienveillance, d’empathie ou d’encouragement. A contrario, des situations de stress qui durent altèrent le volume de l’hippocampe et la capacité à se concentrer, écouter et mémoriser.

Afin d’atteindre cet objectif d’éducation respectueuse, il est important de prendre le temps de réagir en conscience de soi-même : comprendre ses propres émotions pour prendre du recul, travailler sur ses propres blocages, ou traumatismes. Car il n’est pas aisé pour un adulte de réagir avec calme, empathie et douceur à un moment de colère ou de frustration d’un enfant. Les cris, la violence, le regard des autres, la fatigue de la journée, ou une mauvaise nouvelle : beaucoup de facteurs peuvent altérer la capacité d’empathie et d’expression bienveillante, même avec toute la bonne volonté du monde. 

C’est pour cela que l’éducation positive commence par une chose : prendre soin de soi, en tant que personne, pour être plus disponible et à l’écoute de soi-même, et donc des autres. Se comprendre, accepter ses limites et savoir demander de l’aide, du relais ou chercher des ressources extérieures lorsque nous sommes dépassés. Cette première réaction d’écoute, de retrait et de respect de soi-même, contribue à l’étape de démarrage d’une éducation plus respectueuse. Car il est indispensable de montrer l’exemple en travaillant sur ses propres attitudes : plutôt que de chercher à expliquer les comportements attendus, il est bien plus efficace de se comporter de la manière dont on aimerait voir l’enfant agir (par exemple éviter de lui dire d’arrêter de crier en hurlant, ou de lui ordonner d’arrêter de taper, en le frappant). C’est un travail difficile car il ne se fait pas en un jour et demande une remise en question quotidienne, mais essayer et rater de temps en temps est bien plus efficace et satisfaisant que de renoncer d’avance…

 

La pédagogie positive pour apprendre

De l’éducation à la pédagogie

Maintenant que nous avons pris conscience que notre comportement et les attitudes que nous adoptons avec notre enfant agissent sur ses capacités à être à l’écoute, à se concentrer et à mémoriser, nous pouvons aborder la question des apprentissages.

Isabelle PAILLEAU (psychologue clinicienne du travail et des apprentissages) et Audrey AKOUN (thérapeute cognitivo-comportementaliste) sont co-auteures de « Apprendre autrement avec la pédagogie positive : à la maison et à l’école, (re)donnez à vos enfants le goût d’apprendre ». Elles abordent les apprentissages selon une triple approche : 

1 – le tête : connaître ses processus mentaux et la manière dont le cerveau fonctionne

2 – le corps : connaitre ses besoins physiologiques (manger, boire, bouger, dormir…)

3 – le cœur : connaitre le fonctionnement et le rôle des émotions

Cette façon d’aborder les apprentissages met en avant l’importance de se connaitre pour reconnaitre que notre fonctionnement nous est propre, qu’il peut donc être différent pour chacun, et qu’il ne peut y avoir 1 seule méthode pour tous. C’est une manière de mettre en avant le respect des individus dans leur fonctionnement propre, en tenant compte de leurs émotions et sentiments. Elles défendent que les apprentissages doivent procurer de la joie, et non de la peur, de l’humiliation ou de la frustration. Avec la pédagogie positive, on peut apprendre en s’amusant, en se faisant plaisir, car c’est l’être tout entier qui entre dans le processus d’apprentissage, et non pas uniquement la tête (le cerveau).

La pédagogie positive en pratique

Afin de rendre les apprentissages plaisants, il faut donc passer par une recherche de notre façon de fonctionner et prendre en compte nos envies et besoins. Lorsque nous avons cela en tête, il existe plusieurs outils qui permettent de pratiquer la pédagogie positive simplement :

  • Favoriser les relations humaines positives (approche du cœur). C’est-à-dire se sentir en confiance, se montrer encourageant, valoriser les erreurs ou utiliser le renforcement positif. Utiliser l’humour pour créer un lien et se sentir détendu.
  • Prendre en compte les besoins physiologiques (approche du corps). Donc éviter de se lancer dans un grand projet lorsque la fatigue ou la faim pointe son nez, favoriser de bonnes conditions en pratiquant la relaxation, la méditation, prendre le temps d’un massage ou d’une petite séance de sophrologie.
  • Utiliser des outils pédagogiques qui ont fait leurs preuves (approche de la tête). Vous trouverez des idées dans le livre précédemment cité, sur Internet, ou dans vos propres ressources ! 

Quelques exemples d’outils

Je vais vous parler ici de 3 outils qui peuvent vous permettre de débuter dans votre projet de pédagogie positive.

  • Le mind-mapping ou carte mentale, est utilisable pour tous les sujets et par tout le monde. C’est une façon de présenter, organiser et décrypter un thème d’une manière visuellement claire. Par exemple :

Il est possible d’y mettre des couleurs, de développer plus une idée qu’une autre, d’en rajouter, etc. Tout est possible avec la carte mentale, en étant à l’image du fonctionnement du cerveau elle se mémorise plus facilement. La construire et l’alimenter permet d’enregistrer des informations de manière simple et ludique. 

  • Le jeu, ou plutôt les jeux ! En jouant, l’enfant apprend sans s’en rendre compte, car il s’amuse et prend plaisir en relation avec les autres. En jouant au jeu de 7 familles, il peut apprendre sur les couleurs, la généalogie, les chiffres, ou sur un thème. N’importe quel jeu avec des dés amène à faire des additions, à compter. Tous les jeux sont source d’apprentissage, et rien n’empêche d’en fabriquer soi-même !
  • Le Lapbook, appelé aussi livre thématique, flap-book, livre objet, etc. C’est simplement un livre réalisé par l’enfant sur un sujet qui l’anime. Il peut y mettre le fruit de ses recherches selon son âge et ses possibilités : des écrits, des photos, des collages, des dessins, des enveloppes contenant des images, des mots ou des chiffres, des cartes, des drapeaux, des feuilles pliées pour redécouvrir à chaque fois le contenu et augmenter le plaisir, etc. Découvrez comment réaliser un lapbook riche et complet juste ici.

 

Maintenant il ne vous reste plus qu’à expérimenter votre propre façon de pratiquer le positif dans votre vie ! Bon apprentissage !

 

 

Amandine de asterenfamille, pour Pass éducation