Tour d'horizon rapide du site en vidéo

Accueillir et reconnaître les émotions au sein de la classe – PDF à imprimer

D’après Marshall Rosenberg, le père de la CNV (Communication Non Violente), exprimer ses émotions sous entend que ces dernières soient reconnues comme une nécessité chez l’être humain. Voici la classification qu’il donne :

  • Besoin de prendre soin de ce qui vit
  • Besoin de sécurité
  • Besoin d’authenticité
  • Besoin de compassion, donnée ou reçue
  • Besoin de fête et de jeu
  • Besoin de justice
  • Besoin d’appartenance
  • Besoin d’autonomie
  • Besoin de sens

Derrière chaque grande catégorie de besoin, se cachent d’autres besoins ; prenons le cas du premier grand besoin : prendre soin de ce qui vit : nous pourrions en trouver des besoins qui en découle : prendre soin de moi comme par exemple celui d’exprimer ses émotions et de les reconnaître comme des besoins écoutés (je me sens bien, joyeux, en paix) ou non écoutés (fatigué, stressé, en colère, frustré….).

Selon lui, derrière toute émotion se cache un besoin qui n’a pas été entendu. Il est donc primordial pour la santé de tous, d’apprendre à accueillir et reconnaître nos émotions et ce, dès le plus jeune âge.

 

Quelles sont les émotions universelles ?

Voici 6 des grandes familles d’émotions :

  • Peur
  • Joie
  • Tristesse
  • Colère
  • Dégoût
  • Surprise

 

Identifier les émotions c’est savoir…

  • Reconnaître et nommer ses propres émotions
  • Savoir que les émotions passent comme des nuages dans le ciel ; il y a des émotions agréables (joie , amour, surprise) et désagréables (peur, tristesse, colère, dégoût)

Il est essentiel dans un premier temps d’accepter l’émotion qui nous traverse. Aider l’enfant à prendre conscience de l’état dans lequel il se trouve est une première approche sur la connaissance de soi. Pour les enfants de jeune âge, cela peut commencer par un accompagnement des adultes qui vont nommer pour lui l’émotion. Avoir une émotion c’est comme un bouton qui clignote et qui nous indique que nous sommes traversés par une émotion. On peut lui dire de ne pas en avoir peur, c’est-à-dire de l’accepter dans un premier temps (l’émotion est naturelle et elle fait partie de notre fonctionnement). Voici quelques conseils de communication :

A.N.A = Accueillir, Nommer et Accompagner

  • A = je vois que tu te sens ….
  • N = Est-ce que tu ressens de la ….. Nommez l’émotion / posez des questions …écoute active
  • A = De quoi aurais-tu besoin ?

Accepter tes émotions : pour cela, il est important de se rappeler que les émotions sont utiles et que toutes les émotions sont là pour nous transmettre un message et nous aider à agir dans la situation dans laquelle on se trouve.

Connaître assez de noms de sentiments pour que le mot que l’on utilise, décrive bien ce que l’on ressent et que l’on puisse nommer l’émotion derrière. Exemple : je suis très agacée… je me sens irritée… l’émotion derrière est la COLÈRE.

 

Des indices pour mieux identifier le sentiment et donc l’émotion.

On peut s’appuyer sur les signes internes qui sont les ressentis et sensations du corps pour les identifier (par exemple la sensation de papillons dans le ventre, de boule dans la gorge…).

On peut aussi s’appuyer sur les signes extérieurs de son émotion : voix (le ton, le volume) l’expression de ton visage et les comportements générés par l’émotion (envie de courir, de jouer…).

 

Lien entre les émotions et le cerveau – (théorie de Mc Lean)

Chez le jeune enfant, jusqu’à l’âge de 3 ans, il est impossible de cacher son émotion : il est l’ ÉMOTION entièrement, avec tout son être. Au départ et durant les trois premières années de sa vie, l’enfant est principalement un système limbique c’est à dire un cerveau 1-2 (voir schéma ci après). Quand il a faim, il a très faim, il est la faim. Quand il a peur, il est terrorisé. Comme un traumatisme envahit la totalité d’une personne, chaque sensation en provenance du système limbique réduit l’enfant à ce qu’il ressent.  Les expériences qu’il va traverser- le fait de trouver quelqu’un pour le rassurer quand il a peur par exemple – vont permettre le développement harmonieux de son troisième cerveau. Ce sont ces expériences qui vont grandement influencer ses comportements futurs.

D’après la théorie de Mc Lean, nous avons trois cerveaux : un nous vient des reptiles, l’autre des mammifères et le troisième nous est spécifique. Elle repose sur l’analyse de l’évolution des systèmes nerveux des êtres vivants. En résumé, les trois étages cérébraux correspondent respectivement à :
premier étage : l’instinct, la pulsion 
deuxième étage : la mémoire et les émotions 
troisième étage : le raisonnement par association, le contact avec le présent et la projection dans l’avenir.

 

Les émotions et leur rôle capital dans les apprentissages

Le lien très fort entre mémorisation et affectif se retrouve lorsqu’il s’agit d’apprendre. Tous les pédagogues savent qu’un cours qui n’attire pas l’affect de l’élève a peu de chance d’être retenu et compris. On regroupe généralement deux émotions paralysantes : la colère et la peur situées dans l’amygdale = centre de traitement des émotions. Le cortex (centre de la logique rationnelle) ne va pas pouvoir traiter l’émotion car elle crée un court circuit dans le cerveau. Le développement neuronal du cortex arrive à l’âge adulte. C’est donc l’amygdale qui prédomine chez l’enfant.

Conclusion : c’est une perte d’énergie que de vouloir contrôler et stopper son enfant ou son élève en pleine prise avec une émotion forte ; il faut d’abord laisser retomber l’émotion par des techniques telles que la respiration et la relaxation puis établir un dialogue constructif (A.N.A)

 

Un point sur les hormones dites « du bien-être » favorisant les apprentissages :

Dopamine, ocytocine, sérotonine, endorphine… ces 4 substances chimiques endogènes (produites par l’organisme) jouent un rôle clé dans nos ressentis positifs. Elles participent à la transmission de l’information dans notre corps, que ce soit entre neurones (elles agissent alors en tant que neuro-transmetteurs) soit via le sang vers les organes (on parle alors d’hormones). Chacune d’elles est sécrétée dans des situations spécifiques et est liée à l’activation d’émotions dites « positives ». En s’intéressant à ces hormones, on peut donc en tirer des enseignements sur les comportements ou situations favorables à leur sécrétion et, en conséquence, sur les attitudes à développer au quotidien…

 

Exprimer ses émotions

C’est être capable de mettre en mots ses propres émotions de façon adaptée et constructive. Savoir exprimer une émotion nécessite de pouvoir mettre des mots sur ce que l’on ressent, d’une façon qui soit adaptée à la situation, mais aussi à la personne à qui l’on est en train de parler.

Exprimer des émotions, peut prendre différentes formes :

  • Les nommer oralement ou les écrire
  • Le faire sur le moment présent lorsqu’on ressent l’émotion, ou plus tard, lorsqu’on se sent prêt à l’exprimer.

Pour exprimer nos émotions de façon adaptée et constructive, on peut utiliser le langage JE

Le langage JE est constitué de 3 parties :

  1. Commencer par « je »
  2. Utiliser les verbes ressentir ou sentir ou le verbe être « je suis ; je me sens ; je ressens… »
  3. Utiliser le nom ou l’adjectif qui traduit le mieux son émotion : Exemples : joyeux, en colère…

Apprendre à bien exprimer ses émotions va aider l’enfant à être plus à l’aise avec ses émotions.

Il ne sera plus dirigé par son émotion et ainsi pourra éviter les passages à l’acte Ex. taper, crier, insulter…. Cela l’obligera à réfléchir avant d’agir pour trouver de meilleures solutions.

Ainsi exprimer ses émotions de manière positive permettra à l’ entourage de mieux comprendre ce que l’autre vit. C’est un premier pas vers la résolution positive de conflit et vers plus d’empathie.

 

Quelques Mises en situations /pratiques en classe :

Lien entre cerveau et la main : cette vidéo est intéressante pour les plus jeunes :


La Météo des émotions :

Un rituel que je faisais dans ma classe chaque matin :

  • Prendre un temps pour s’introspecter et accueillir nos ressentis corporels internes et/ou externes (l’avoir vu et détaillé dans des séances en EMC serait un avantage certain). Puis chaque enfant prend 1 minute en silence. Puis quand je donne le signal, on lève la main tous ensemble

Soleil : je vais très bien : grande main ouverte vers le ciel , doigts bien écartés

Nuage et soleil : je suis un peu soucieux : poing fermé 

Pluie : je suis triste : agiter les doigts vers le bas comme la pluie qui tombe

Orage : je suis en colère : secouer toute la main et le poignée

Puis je les faisais se regarder les uns avec les autres afin qu’ils développent l’empathie et qu’ils apprennent à se mettre à la place de l’autre.

Voici une réglette avec des émoticônes à construire avec les enfants :

On peut aussi :

  • Respirer (voir mon article sur la place du corps dans les émotions)
  • Visualiser de façon positive pour apprivoiser les émotions : imagine ton émotion comme un ballon ou un nuage et en soufflant peu à peu ton ballon s’envole ou ton nuage s’en va…
  • Par La relaxation : la bulle de calme – la potion magique ; voir mes articles sur les relaxations

On peut aussi faire fabriquer sa bouteille de retour au calme pour les plus jeunes – d’après Montessori. Il s’agit de montrer cette bouteille comme s’il s’agissait de l’émotion qui agite notre corps, notre tête, notre cœur… l’enfant peut la prendre dès qu’il se sent pris par une émotion et se pose dans un endroit au calme en observant la bouteille et ses paillettes. Cela lui permet de revenir et de prendre de la distance. Voici la recette :

  • Colle transparente (1 à 2 mesures) contenant des paillettes
  • 3 à 4 petites cuillères d’un colorant d’une couleur au choix
  • Eau chaude et de la glycérine ou du shampoing
  • 1 pistolet à silicone
  • De la silicone
  • Rajouter des petits cœurs ou autres …(bateaux, figures géométriques…)
  • Bien mélanger – bien sceller le couvercle.

 

Identifier les émotions permet d’être bien avec soi et avec les autres

Identifier ses émotions, favorise une meilleure connaissance de soi même, une meilleure compréhension et donc de mieux répondre à nos besoins. Quand nos besoins sont satisfaits, nous nous sentons bien, avec nous- même et avec les autres. Savoir identifier ses émotions permet aussi de mieux identifier celles des autres. En arrivant à bien identifier les émotions des autres, on peut mieux comprendre ce qu’ils ressentent et ce qu’ils vivent. Cela permet de développer de meilleures relations et de favoriser le vivre ensemble. Quoi de plus noble dans ce métier de facilitateur d’apprentissage.

 

 

Chrystelle Dudillieu, Praticienne en pédagogie positive et formatrice yoga et relaxation, de l’atelier des 3 chouettes, pour Pass éducation