Témoignage de Mélanie – 8ème année d’IEF pour ses 2 filles (16 ans et 14 ans) | Expérience IEF

Lou-Ann, 16 ans, a été déscolarisée en CE2.
Lily-Rose, 14 ans, a fait les trois années de maternelle, puis a continué en IEF, au même moment que sa sœur.

Pourquoi avoir choisi l’IEF ?

Beaucoup de points dans le fonctionnement de l’école ne conviennent pas à Mélanie : les effectifs trop élevés, les devoirs à la maison, la durée trop importante de présence à l’école. L’enfant n’y a pas suffisamment sa place d’enfant. Mélanie découvre l’IEF dans une émission télévisée. Elle veut en savoir davantage… Elle rencontre alors une dizaine de familles avec des enfants de tous âges, et notamment des adolescents, ce qui lui permet de se projeter dans l’avenir. C’est pour elle une révélation. Elle est confortée dans ses aspirations. Elle souhaite que ses enfants développent leurs aptitudes. Reste à convaincre le papa ! Mélanie et son conjoint se donnent 1 an et demi pour réfléchir, peser le pour et le contre, puis en discuter avec leur aînée. Lou-Ann est en CE2. Après 4 changements d’écoles dus aux déménagement pour le travail de son papa, elle a du mal à trouver sa place avec les autres enfants. Mélanie rencontre sa maîtresse, qui à sa grande surprise, est complètement pour l’IEF : « On ne nous donne plus les moyens de travailler correctement » dit-elle. Lou-Ann et Lily-Rose sont très emballées par cette proposition. Mélanie précise que ses filles restent libres de reprendre l’école si elles le souhaitent.

Comment se passent les inspections ?

Lorsque la famille habitait sur Montpellier, elle recevait toujours la même inspectrice, assez bienveillante. Puis en déménageant dans le Lot, elle a eu à faire à un inspecteur qui posait des questions sur leur mode de vie, et semblait leur reprocher un manque de contacts sociaux. La famille est actuellement en Dordogne, depuis le mois de janvier 2019. Mélanie ajoute que les inspecteurs sont volontaires et payés pour faire ce contrôle. Mais selon ses constats, ils le font plus pour l’aspect financier, que par réelle motivation pour cette partie de leur travail.
Les premières années, Mélanie a la sensation d’avoir une épée de Damoclès sur la tête : il faut un résultat, l’acquisition du tronc commun la stresse. Elle est impressionnée par le contrôle et n’apprécie pas le jugement sur la façon dont ses filles évoluent. Elle gère mieux au fil des années, apprend à relâcher la pression. Un éventuel retard de ses filles ne la stresse plus, elle garde en tête qu’elle a fait ce choix de l’IEF, entre autres pour que ses filles puissent prendre le temps dont elles ont besoin pour les différentes acquisitions. Elles peuvent très vite évoluer sur l’année. Elle n’appréhende plus un possible désaccord du contrôleur. Au fil des ans, la préparation aux tests a laissé place à une préparation à assumer, à être bien dans sa peau. Elle prépare ses filles pour répondre à des questions qui ne seraient jamais posées à un élève scolarisé, par exemple : Est-ce que tu vois d’autres enfants ? Est-ce que tu sais coudre ? Cuisiner ? Lou-Ann et Lily Rose ont acquis une confiance en elles.

Comment se déroule l’instruction ?

Mélanie et ses filles se servent à la fois des supports scolaires existants, et des expériences de la vie quotidienne :
Jusque très récemment, Mélanie achetait des livres correspondant au niveau scolaire de ses filles. Le matin, elles faisaient leurs exercices à côté de leur maman, qui elle-même travaille à la maison. Cette année elles utilisent le support informatique, les sites en ligne. Elles ont accès à des exercices et Mélanie n’achète plus d’ouvrages. L’après-midi est réservé aux arts. Mélanie et ses filles leur accordent une grande importance : « C’est dans l’imaginaire que l’intelligence se développe ». Elles se servent des activités du quotidien comme support d’apprentissage :
Elles ont récemment participé à la “nuit de la lecture” dans une médiathèque, où elles ont suivi des ateliers d’écriture. Elles en ont ensuite profité pour faire des recherches sur des auteurs qui les intéressaient.
Mélanie les met fréquemment en situation : « Fais comme si tu devais expliquer à un autre enfant… ». Pour travailler la comptabilité, elle leur propose de faire comme si elles tenaient une entreprise. Lou-Ann a envie de vendre des gâteaux, voici encore une occasion pour apprendre : sa maman lui suggère de rechercher seule si au niveau légalité elle peut le faire ou non. Elle l’emmène à la Chambre de Commerce pour s’informer… Toutes ces mises en situation permettent aux filles de développer des compétences à partir de ce qui les intéresse vraiment.

Comment a réagi votre entourage à l’annonce de l’IEF ?

« Avec perplexité… ». Une question revient souvent : « Avez vous les compétences, ou une formation de base ? »
Les grands parents sont inquiets, mais décident de leur faire confiance. Ils sont rassurés aujourd’hui en observant l’évolution des filles. Beaucoup de personnes trouvent qu’il s’agit d’une “drôle de lubie”. Elles sont à priori en désaccord avec ce choix, mais en poursuivant la conversation, 90% avouent avoir eu une mauvaise expérience de l’école. Pour Mélanie, c’est une preuve qu’il y a des choses à revoir pour faire aimer l’école aux enfants, toutes générations confondues. Leur vie devient différente de celle de la majorité des familles. Ils ne courent plus, ne stressent pas le soir avec des horaires de repas, coucher… Certaines personnes pensent “qu’ils se la coulent douce”.

Lou-Ann et Lily Rose participent-elles à des activités extérieures à la famille ?

Elles sont toutes 2 passionnées par la musique. Lily-Rose joue du piano depuis 2014, et Lou-Ann du violoncelle depuis 2013. Elles ont toujours pratiqué également un sport. Actuellement c’est l’Aïkido.

Quels sont les points positifs de l’IEF ?

L’IEF est un soulagement pour Lou-Ann. Etant hyper sensible, les changements d’écoles étaient des épreuves pour elle. Elle a mal vécu en particulier le passage d’une école à la campagne avec une ambiance qui lui plaisait, à une école en ville, beaucoup plus impersonnelle. Sa vie est maintenant différente, elle a la possibilité de faire plus de choses. Elle n’avait pas beaucoup de copines à l’école, donc sur ce point il n’y a pas de manque. Elle a cependant gardé un petit groupe de copains, tout comme sa sœur. Lily-Rose s’adapte, elle est toujours d’accord pour tenter de nouvelles expériences. Elles sont toutes 2 conscientes de l’engagement que l’IEF implique pour leur maman et espèrent “qu’il ne lui arrivera rien”. Mélanie ajoute que la vie n’est pas facile pour tout le monde car la société attend des résultats, donc les parents se remettent en question quant à leur choix de l’IEF et leur façon de pratiquer. Malgré tout, ce choix lui permet de développer une complicité avec ses filles, qu’elle ne retrouve pas entre parents et enfants scolarisés. La vie ensemble au quotidien permet la discussion. Elle qualifie la relation avec ses filles d’extraordinaire et magique. Lou-Ann lui dit : « Si j’avais été à l’école, j’aurais été une ado pénible ».

Lou-Ann et Lily-Rose ont-elles des projets d’avenir ?

Elles sont gourmandes de la vie, beaucoup de choses les intéressent. Mélanie leur dit que rien n’est figé, qu’elles peuvent changer d’avis, de direction… Elles sont intéressées par les arts : l’écriture pour Lily-Rose, le cinéma pour Lou-Ann. La cuisine et la pâtisserie les attirent aussi. Lou-Ann a fait un stage chez un pâtissier-chocolatier. Leur maman, elle-même artiste (sculpture et peinture), les emmène dans ses salons. Elles apprécient énormément.

Est-ce que vous auriez des conseils à donner à des familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?

  • Rencontrer des familles avec des enfants plus grands pour pouvoir se projeter.
  • Ne pas avoir peur de douter.
  • Quoiqu’il se passe, faire confiance… à soi-même et surtout aux enfants. Si on est amené à faire ce choix de l’IEF, ce n’est pas pour rien…
  • Lorsque quelque chose n’est pas compris, on y revient. Pas de stress.
  • Retenir cette citation d’André Stern : « L’enthousiasme peut tout faire ». Et c’est vrai ! Dès qu’il y a passion, on avance à pas de géant. Laisser aux enfants le pouvoir et l’opportunité de développer leurs passions.
  • Se rapprocher des groupes IEF départementaux.

Comment résumeriez-vous votre IEF ?

A ce moment de la conversation, Lou-Ann intervient : « C’est génial ! Tout dans la vie est plus intense, tout ce qu’on vit, on le fait avec plus d’implication. Par exemple, rencontrer des gens, les choses ne sont pas imposées, donc c’est plus fort et plus profond, c’est ça qui est génial. Chaque moment de la vie est plus authentique, les rencontres sont plus riches. »
Lou-Ann ne comprend pas les gens qui critiquent l’IEF, tellement l’aventure lui paraît magnifique. Lily-Rose ajoute que l’école à la maison lui permet d’être elle-même, personne ne lui dit comment elle doit être. Elle apprécie de travailler avec plaisir et de jouer.
Leur conseil : foncer !
Un grand merci à Mélanie de m’avoir accordé du temps pour partager son expérience de 8 années d’IEF avec ses filles, et ainsi en faire bénéficier de nombreuses familles en recherche d’informations et de témoignages.
Florence P, pour Pass éducation