Une famille recomposée de 4 enfants : 21 ans, 17 ans, 5 ans, 3 ans | Expérience IEF

Interview de Myriam. « L’IEF n’était pas un choix au départ »
Une famille recomposée de 4 enfants : Tomas (21 ans), Paul (17 ans), Sacha (5 ans) et Léna (3 ans).

Tous les enfants sont-ils en IEF ? Pourquoi avoir choisi l’IEF ?

Les deux grands ont suivi un cursus scolaire. Cependant, Paul a fait une année d’IEF après son brevet car le système éducatif ne lui convenait pas. Il a suivi des cours via le CNED, puis s’est orienté vers les Compagnons du Devoir. Sacha est en IEF. Il ne s’agit pas d’un choix au départ. Elle souffre d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Elle doit se rendre toutes les 6 semaines à l’hôpital pour y être perfusée. Elle est en tri-thérapie, a peu de défenses immunitaires et ne peut donc se retrouver sans risque avec d’autres enfants. Ses parents ont choisi l’Instruction En Famille pour la préserver.

Comment se déroule l’instruction ?

Son conjoint travaillant, Myriam s’occupe des enfants et s’organise à son rythme pour reprendre son activité de Sophrologue. Sacha dispose d’un coin bibliothèque, elle a accès à internet, utilise la pédagogie Montessori, la méthode Borel pour la lecture et Singapour pour les mathématiques. Deux chats, un chien et des poissons partagent la vie de la famille ! Sacha s’occupe d’eux, de l’entretien des poils longs des chats et du chien. Elle profite du jardin où elle découvre les insectes, les oiseaux… Elle cuisine et choisit ses aliments en fonction de ce qu’elle aime et de ce que ses intestins peuvent supporter. Elle participe à la fabrication du pain maison. Elle doit éviter les produits industriels, limiter le sucre, les laitages…  Son corps refuse parfois de boire et de manger. Elle aime aussi dessiner et regarder des vidéos éducatives en lien avec le dessin (Didou). Quand elle se sent trop fatiguée, sa maman lui fait la lecture. Si elle se sent en forme, les activités peuvent être beaucoup plus variées. Sacha vit avec les contraintes de la maladie, qu’elle gère en pratiquant la sophrologie, enseignée par sa maman.
Myriam apprend à déléguer : Sacha voit deux intervenants extérieurs qui apportent une rigueur différente de celle des parents :
  • Un professeur de piano 1 heure par semaine
  • Une nounou qui connaît les règles d’hygiène nécessaires : lavage des mains, port d’un masque si besoin…
Pendant ces temps de présence, Myriam en profite pour faire du ménage, des courses, de la peinture, se rendre à des rendez-vous… Sacha ne peut pas participer à des activités extérieures avec d’autres enfants ou adultes, mais voit cependant beaucoup de personnes chez elle, famille et amis, qui sont informés des règles d’hygiène à respecter.

Quels sont les aspects positifs de l’IEF ?

  • Sacha dispose de temps le matin, elle peut se caler sur son rythme. Elle a besoin de plus de repos que les autres enfants.
  • Elle exploite pleinement son potentiel au moment où elle le désire. Elle sait vers quoi elle a envie d’aller et ses parents la suivent dans ses apprentissages. Elle est un bon guide pour elle-même et pour ses parents. L’IEF rend possible l’accompagnement individuel.
  • L’IEF permet de gérer ce que la maladie impose : les hospitalisations, les effets secondaires des médicaments, les contraintes alimentaires, les mesures d’hygiène… Il faut également penser à avertir chaque personne qui entre en contact avec Sacha.
C’est une maladie intime qui touche le colon. Les fréquents passages aux toilettes pourraient paraître suspects à l’école. Sacha évite ainsi les éventuelles remarques de la maîtresse, le regard des autres élèves…
Myriam précise qu’en grandissant, la maladie sera en rémission. Actuellement, elle est en phase d’éveil.
  • Myriam et son conjoint se recentrent sur ce qu’est éduquer un enfant. Ils sont heureux de pouvoir apporter à Sacha ce qu’ils peuvent et ce qu’ils sont.

Quels sont les aspects négatifs et difficultés rencontrées ?

  • Myriam manque de temps pour elle et pour organiser sa vie professionnelle. Elle doit s’occuper des ses enfants, gérer l’IEF, sa maison. Elle cherche un équilibre pour chaque membre de la famille, tout en gérant le groupe. Elle ne se sent pas emprisonnée dans un cadre avec des horaires, mais les journées sont bien remplies.
  • La sélection parmi les nombreux outils, méthodes, approches, demande du temps, même si Sacha exprime clairement ses préférences.

Est-ce que vous avez des conseils à donner à des familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?

  • S’il y a dans son cœur l’envie de se lancer, écouter l’intuition première pour éduquer ses enfants différemment, hors du système scolaire.
  • Oser vivre l’expérience, beaucoup de réseaux existent pour se rassembler entre familles IEF, trouver des relais, du soutien.
  • Se faire confiance, se dire qu’on peut apporter tout ce qu’il faut à nos enfants. Vivre pleinement sa responsabilité de parent.
      Myriam ajoute que d’autres conseils généraux ne seraient pas faciles à donner car on peut être conduits vers l’IEF pour diverses raisons. Cependant, lorsqu’on se lance, on s’aperçoit que de nombreuses ressources existent, quelque soit le motif ayant amené à l’IEF.

Un mot pour évoquer l’IEF ?

« – … Deux ! Adaptabilité et bienveillance. »
Un grand merci à Myriam de m’avoir accordé du temps pour partager son expérience de l’IEF, et ainsi en faire bénéficier de nombreuses familles en recherche d’informations et de témoignages.
Florence P, pour Pass éducation