Phobie scolaire et TDA-H

Ainsi que nous l’avons indiqué dans notre article intitulé « Phobie scolaire et dyspraxie », la phobie scolaire est un réel problème pour de nombreux enfants, qu’il est primordial de percevoir le plus tôt possible. Les parents doivent être à l’écoute de leur enfant, ne pas hésiter à en parler, et ne pas hésiter à se faire accompagner de professionnels formés et spécialisés, afin de parvenir à mettre le doigt sur ce qui pose réellement souci à leur enfant. 

En effet, si les termes de phobie scolaire nous font spontanément penser à du harcèlement, il est important – dans l’intérêt de l’enfant – de garder à l’esprit que la phobie scolaire peut avoir de multiples origines. Qu’il s’agisse d’une réelle phobie scolaire (l’enfant veut aller à l’école, mais est paralysé par sa peur) ou au contraire d’un rejet scolaire (l’enfant ne veut absolument pas aller à l’école), le TDA-H a tendance à devenir une explication de plus en plus fréquente. Cet article a pour but de vous guider à mieux comprendre votre enfant, en vous fournissant une première approche de ce que représente le trouble TDA-H. Il ne constitue en aucun cas un diagnostic, mais peut poser les prémisses de futures consultations auprès de professionnels, si toutefois vous reconnaissiez votre enfant dans la symptomatologie décrite ci-après.

Définition

TDA-H est le sigle pour « Trouble Déficitaire de l’Attention, associé ou non à une Hyperactivité ». Il s’agit d’un trouble mental, plus précisément d’un trouble neuro-développemental, reconnu officiellement par le DSM-V – la « bible » des pathologies psychologiques. Notons que les troubles neuro-développementaux sont malheureusement assez variés. Ils regroupent :

  • Les troubles « DYS »
  • Les TDA-H
  • Les troubles moteurs
  • Les troubles spécifiques des apprentissages
  • Les Troubles du Spectre Autistique 
  • Les troubles du développement
  • Les troubles de la communication.

Le TDA-H n’est donc PAS en soi un trouble d’apprentissage, mais, dans les faits, son impact s’avère souvent envahissant sur les performances scolaires de l’enfant. Il n’est pas rare qu’il soit accompagné d’un autre trouble, notamment d’un TSA (Trouble du Spectre Autistique).

Symptomatologie

Le DSM-V recense 18 symptômes qui permettent de poser le diagnostic de TDA-H – étant bien entendu que ces symptômes ne sont pas épisodiques, mais bien récurrents – ils constituent une réelle entrave au quotidien pour le bon développement de l’enfant :

  1. Des symptômes qui relèvent d’une inattention suffisamment importante pour interférer avec le développement de l’enfant. Concrètement, on observera que l’enfant :
    1. se laisse distraire plus facilement et plus rapidement que la moyenne (impact délétère des stimuli externes)
    2. a énormément de difficultés à se concentrer sur une tâche précise et à respecter les consignes
    3. donne l’impression d’être « tête en l’air »
    4. ne parvient pas à s’organiser, à structurer son travail scolaire
    5. a tendance à perdre ses affaires, à oublier (notamment les choses qui lui sont demandées)
    6. fait montre d’un comportement d’évitement
    7. ne parvient pas à focaliser son attention sur les détails (son travail n’est jamais précis, il reste toujours beaucoup de fautes, etc)
  2. Hyperactivité, et impulsivité : 
    1. L’enfant remue très souvent les mains et les pieds, ou encore se tortille sur son siège 
    2. Il ne peut s’empêcher de quitter son siège plus que de raison (l’immobilité lui est insupportable)
    3. Il court beaucoup, grimpe énormément, particulièrement dans des situation inappropriées (notons que chez les adolescents, cela se traduira par une agitation perpétuelle)
    4. Il parle énormément, allant souvent jusqu’à interrompre les autres, à s’immiscer dans des conversations
    5. Il a du mal à respecter les consignes, comme attendre son tour.

On notera par ailleurs que :

  • ces symptômes sont observés fréquemment avant l’âge de 12 ans
  • ils sont présents dans divers lieux de l’enfant (pas seulement à l’école ou à la maison, mais dans les deux cadres)
  • ils ont un impact particulièrement délétère sur la vie sociale et scolaire de l’enfant (voire également sur sa vie familiale). La vigilance des enseignants est donc aussi importante que celle des parents dans le repérage des troubles
  • ils surviennent sans association avec, et ne sont pas mieux expliqués par, un trouble psychotique ou un autre trouble mental.

TDA-H et scolarité

On le constate facilement en survolant la liste des symptômes, l’enfant atteint de TDA-H va forcément avoir du mal à s’inscrire dans une structure stricte, rigidifiée par les règles et codes inhérents à la collectivité : ce trouble est pour l’enfant un réel handicap. Il est néanmoins très important, pour des raisons évidentes relatives à l’intérêt de l’enfant, de bien identifier quels troubles sont effectivement présents selon chaque cas, et responsables des difficultés scolaires. Un bilan neuropsychologique complet sera donc indispensable, afin de mettre en évidence la (ou les) réelle origine des difficultés scolaires, ainsi que la présence ou non d’un dysfonctionnement cognitif. 

Prise en charge

Une fois le diagnostic posé, les différents membres de l’entourage de l’enfant peuvent mettre en place, de manière concertée, une prise en charge. Il apparaît en toute évidence que l’enfant instruit dans le cadre sécurisant de la famille sera plus à même de surmonter ses troubles qu’un enfant « perdu » dans une classe de 30 élèves. En outre, la prise en charge implique souvent un traitement multimodal, c’est-à-dire regroupant diverses méthodes et spécialistes. Combien d’enfants se retrouvent ainsi ballottés, semaine après semaine, d’un cours à l’autre, d’un spécialiste à un autre ? Il s’agit là d’une situation délétère à différents niveaux, puisque l’enfant TDA-H n’assiste pas à tous les cours comme les autres élèves, et qu’il est en outre soumis à la fatigue physique et nerveuse des incessants va-et-vient. Il est essentiel aussi que parents, comme enseignants et spécialistes, ne négligent pas l’impact psychologique de la différence de l’enfant, dont le trouble est, par la prise en charge, forcément mis en exergue par rapport à ses pairs.

Lorsque les parents de l’enfant (ou tout autre proche) sont disposés à mener une Instruction En Famille, et à tout mettre en œuvre pour que celle-ci se passe dans les meilleures conditions, il apparaît clairement qu’une prise en charge dans ce cadre est plus souhaitable pour l’enfant : moins délétère pour lui, ce mode d’instruction garantira aussi une meilleure efficacité de la prise en charge du trouble, optimisant ainsi les chances d’épanouissement de l’enfant. 

 

 

Anne-Catherine Proutière, fondatrice du blog « Pédagogies alternatives en liberté », pour Pass éducation