Les apprentissages liés au marché

Aller au marché, pour certains c’est très banal, pour d’autres exceptionnel. Selon les villes, le marché a lieu en semaine et il n’est pas toujours évident de se libérer pour pouvoir s’y rendre. C’est encore un des avantages de l’Instruction En Famille (IEF) !
Le marché offre de multiples possibilités d’apprentissages, variables en fonction de l’âge de l’enfant. 

 

Apprendre le rythme des saisons chez les fruits et légumes.

Vous, vous le savez sûrement à quelle époque on trouve ou on ne trouve pas des cerises, des tomates, des poivrons, des châtaignes… Et on a beau l’expliquer aux enfants, le mieux reste l’expérimentation !
Pourtant il ne suffit pas de se balader dans les allées du marché. Il est nécessaire de prendre du temps, montrer les fruits et légumes, leur demander s’ils connaissent leurs noms, s’ils pensent en avoir déjà mangé et si oui quel goût cela avait, si on en trouve avec d’autres couleurs etc.
Cette balade pédagogique peut se répéter très régulièrement ou plus occasionnellement, l’important est de pouvoir observer la succession au fil des mois, des fruits et légumes sur les étals.
Pourquoi ne pas choisir un stand et le prendre en photo régulièrement (avec accord du maraîcher bien sûr) ? 

 

La monnaie (au programme du cycle 2.)

Cela peut se faire en plusieurs temps. Par exemple une première sortie au marché où l’enfant ne fera qu’observer l’échange d’argent et où on pourra faire remarquer qu’on est partis avec xx euros et qu’on reviens avec yy euros. Dans un second temps on confie le porte-monnaie à l’enfant (juste au moment de payer, ne prenez pas de risques !) et on lui demande de donner des pièces ou billets (sans les centimes) au plus près du montant demandé. Dans un troisième temps, on leur demandera de faire l’appoint si cela est possible. Enfin, au moment où il donne l’argent, le questionner sur la monnaie qui sera rendue. A partir du cycle 3, ne pas hésiter à les initier à la gestion de budget. Cela demandera une préparation préalable : Nous disposons de xx euros par mois, nous avons yy euros de factures mensuelles, il nous reste donc zz de budget alimentaire, comment le gérer de manière à ne pas manquer de nourriture durant tout le mois ? Bien évidement vous pouvez omettre le budget familial et vous concentrer sur le budget alimentaire mais ces notions sont importantes à transmettre aux adolescents.

 

Le vivre ensemble

Imaginez la difficulté pour un enfant de 3 ou 4 ans de faire son chemin dans une foule qui ne le voit pas ! Même en tenant un parent par la main, ce n’est pas évident du tout. Quoiqu’il en soit, à tout âge il faut faire attention aux autres personnes, se frayer un chemin, ne pas écraser de pieds avec le panier à roulettes, éviter les parasols des stands ou encore les parapluies.
Autre application du vivre ensemble, les interactions avec les autres personnes. Tous les « pardon », « excusez-moi » pour cheminer ainsi que les formules de politesse que l’on s’échange avec les marchands sans même sans rendre compte : « Bonjour Madame, je voudrais… », « Merci, bonne journée à vous, au revoir » Répétées plusieurs fois à chaque marché, ces formules de politesse vont devenir tout autant automatiques pour l’enfant qui apprend par mimétisme.

 

Travailler l’argumentation

Eh oui ! Si votre marché a lieu un jour d’école, vous n’y couperez pas !  «  Alors, il n’est pas à l’école cet enfant ? » Les parents qui font l’école à leurs enfants sont habitués à justifier leur présence alors que c’est un jour de cours. Il peut-être bon que l’enfant s’habitue à répondre de lui-même, quitte à se justifier car l’argumentation fait également partie des compétences demandées par l’Éducation nationale. Il convient encore une fois de s’adapter à l’âge : un enfant de 6 ou 7 ans pourra répondre aux interrogations des adultes. Malheureusement, beaucoup ne donneront que peu de valeur à sa parole et le parent devra être là en soutien dans la conversation. Les collégiens et encore plus les lycéens pourront affiner leur argumentaire et l’adapter à la personne qu’ils ont en face d’eux. Petit à petit, devant des personnes plus ou moins compréhensives, les mêmes questions reviendront et l’argumentaire sera rodé.

 

Au retour de la balade au marché plusieurs applications pédagogiques sont possibles :

 

Apprentissage de l’orthographe des noms des fruits et légumes.

Quelle belle occasion, n’est-ce pas ? Suivant l’âge des enfants, on peut simplement écrire le nom d’un légume et expliquer au petit quelles lettres le compose. En début de primaire cela pourra prendre la forme d’un jeu pour deviner comment pourrait s’écrire le mot. A partir du cycle 3, les enfants peuvent écrire un texte plus ou moins long sur ce qu’ils ont vu, aimé ou non etc. 

 

Apprentissage « Questionner le monde » : Comment ça pousse ?

Il suffit de vider le panier du marché et de se demander comment chacun pousse. Dans la terre, sur un arbuste, dans un arbre ? Il est facile de dévier sur la graine, qu’on sème, qui germe, pousse, fait une fleur puis un fruit qui donne d’autres graines. Et ça recommence !

 

 

Initiation à l’équilibre alimentaire. 

Là il y a moyen d’y passer beaucoup de temps si vos enfants sont grands car on peut pousser loin dans les détails (apports, catégorie, besoins chez l’humain etc.) Pour les plus jeunes cette notion sera abordée plus en surface, simplement en expliquant que si on ne mange que des tomates ou des carottes par exemple, notre corps va manquer d’énergie car il a besoin d’autres éléments. Et pour les petits, on en profitera pour une organiser une petite initiation au goût avec une dégustation à l’aveugle par exemple. De là peut découler :

 

Préparation du/des repas à base des légumes achetés le matin. 

Une salade, une soupe, un gratin ? Miam, miam, miam ! Et ce qui est formidable c’est qu’en faisant de la cuisine, on fait aussi des mathématiques ! 

 

Application des mathématique pour réaliser les recettes

Il y a moyen de s’en donner à cœur joie ! Multiplications pour adapter la recette au nombre de personnes de la famille, unités de mesures (grammes, kilos, millilitres, centilitres, litres…) et donc conversions, motricité fine  (peser 8 grammes de sel pour faire du pain, c’est de la motricité fine, croyez-moi !) ou non (mélanger, battre, fouetter, pétrir). Vous voyez ce que je vois ? Encore tout un tas de vocabulaire à savoir écrire ! La boucle est bouclée et on pourra même dévier sur le champ lexical de la cuisine et du marché !


Vous l’aurez compris, une simple balade au marché est l’occasion de travailler plusieurs jours ! Ce qui ravira les adeptes des apprentissages naturels ou du unschooling…

 

 

Emilie, fondatrice du blog alecoledesloupiots.fr, pour Pass Éducation