La France, l’IEF et moi | Témoignage pour le maintien de l’IEF en 2021

Aujourd’hui, suite au discours d’Emmanuel Macron sur les séparatismes, l’IEF (Instruction en Famille) est menacée. Cette liberté d’instruire son enfant en dehors des bancs de l’école permettrait -selon le discours présidentiel- à certains extrémistes islamistes d’enrôler leurs enfants dans leur mouvement séparatiste, et de former ainsi de futurs terroristes.

La France lutte contre le terrorisme

Et cela devient un prétexte pour grignoter nos libertés fondamentales. Déjà en 2019, l’instruction est devenue obligatoire à 3 ans. C’était déjà pour “lutter contre les inégalités et le terrorisme”. Mais les enfants de 3 ans ne sont pas tous égaux : certains ont besoin de dormir, d’autres de câlins, et l’école de la République ne peut pas toujours combler leurs besoins. Alors beaucoup de parents se sont souvenus de cette liberté, et ont choisi de garder leurs enfants instruits en famille. En 2020, c’est le masque, le gel hydroalcoolique, la menace sanitaire qui nous attend à la rentrée. Là encore, beaucoup de parents hésitent, et choisissent de garder leurs enfants là où ils courent le moins de risques : chez eux. Le nombre d’enfants en IEF a fortement augmenté ces deux dernières années. En voici la cause. Aucun islamiste radical dans ces décisions, juste des parents attentifs, volontaires et pleins de bon sens.

Un amalgame dangereux

Dans son discours, Emmanuel Macron associe instruction en famille et islamisme radical. Or la religion est un motif d’instruction en famille pour à peine un quart d’entre nous.

La plupart des raisons évoquées par nous-mêmes ou par les familles de notre entourage sont simples :

  • respect des rythmes des enfants
  • choix d’une pédagogie alternative alors qu’aucune école la propose proche de chez nous
  • enfant à besoins particuliers (enfant précoce, déficience intellectuelle, TSA, TDA/H, troubles DYS…) et pour lequel les parents souhaitent s’investir pour son épanouissement
  • enfant traumatisé par l’école, en phobie scolaire, victime de harcèlement ou de mauvais traitements (oui, cela arrive aussi dans l’école de la République…)
  • Enfin viennent les motifs religieux. Personnellement, je connais autant de familles catholiques que de familles musulmanes ayant fait ce choix. Pour autant, l’extrémisme catholique est rarement remis en cause…

Instruction en famille et violences

Les terroristes ayant œuvré ces dernières années n’ont pas vécu l’Instruction en Famille. Ils viennent des bancs de l’école, et ont peut-être vécu le décrochage scolaire, la violence dans la famille, la radicalisation au travers de groupuscules islamistes… Les violences existent dans beaucoup de familles scolarisantes. Elles sont difficiles à déceler. Nous autres, familles en IEF, recevons une visite d’un acteur social de la mairie de notre domicile tous les deux ans, et un inspecteur et conseiller pédagogique chaque année pour vérifier l’accès à l’instruction de chacun de nos enfants. Ces contrôles mis en place par l’état, et renforcés déjà il y a quelques années, ne seraient toujours pas suffisants pour démasquer les familles maltraitantes ? Aujourd’hui, j’en ai gros sur le cœur. Je doute des bonnes intentions de nos politiques, je ne comprends pas l’intérêt d’une telle mesure, excepté de chercher à contrôler toute la population. Une mesure radicale, et qui me fait peur. Aujourd’hui, je vous livre mes pensées dans ce texte, ma relation à mes enfants, mon instruction en famille et mon pays, la France.

La France, l’IEF et moi

« La France, je ne l’ai pas choisie,
J’y suis née.
Je suis française de fait.
C’est comme ça.

J’ai découvert mon pays.
Je l’ai apprivoisé.
J’ai appris son histoire.
Ses histoires. 

Certaines couvertes de gloire,
certaines couvertes de honte.
C’est comme ça.
Aucun pays n’est tout rose.
Je l’ai accepté.

J’ai comparé mon pays
avec ceux d’à côté.
Avec ceux de plus loin.
Et j’ai choisi de le garder.

J’ai aimé chez lui ses libertés.

Liberté de penser,
Liberté de parler,
Liberté d’entreprendre,
et solidarité.

J’ai aimé les recherches pour toujours s’améliorer.
Les votes sans corruption,
la liberté de voter.

Ce pays, je l’ai adopté

Et mes enfants y sont nés.

L’hôpital est une chance,
mais je n’y ai pas accouché.

La crèche en est une autre
mais mes enfants n’y sont pas allés.

Pour l’école maternelle, la question s’est posée.

Nous avions le choix,
et envie de tester la continuité de la vie sans école,
notre école buissonnière.

A l’école, nos enfants n’y sont pas non plus allés.

Et nous avons joui de nos libertés.

Liberté de dormir, de veiller, de manger
quand ils en ont besoin, et sans calendrier.

Liberté de découvrir, travailler ou jouer
selon leurs envies et leurs priorités.

Liberté de choisir leurs amis dans la société tout entière,
sans groupes d’enfants ordonnés.

Et liberté d’apprendre dans un plaisir partagé
notre pays, son histoire, et tous ceux d’à côté.

Mes enfants ont grandi,

deviennent de jolies plantes.

Chacun son caractère, ça ne changera pas.
L’un est curieux des sciences, et dévoreur de livres.
L’autre est très bricoleuse, championne de karaté.
La troisième écolo, violoniste à ses heures.
Le quatrième teste les constructions techniques
à travers ses Lego,
et lit de grands romans du haut de ses 6 ans…

Sommes-nous des marginaux ?

Peut-être, depuis certains points de vue.
Nous ne faisons pas “comme tout le monde”.
Mais quand on nous croise dans la rue, personne ne le devine…

Nous ne faisons pas COMME tout le monde,
mais nous faisons AVEC tout le monde.

Avec nos familles, qui ont accepté nos choix
et profitent de nos enfants aussi en dehors des vacances scolaires.

Avec nos voisins, avec qui nous avons le temps
de discuter, d’aider pour une course ou pour du bricolage…

Avec les maisons de quartier, où nos enfants prennent des cours
de dessin, danse, sports ou font divers projets.

Avec les institutions, comme le Conservatoire de musique
enseignement classique qui nous fait progresser.

Avec les associations dans tous les domaines où nous nous investissons

Avec d’autres familles IEF, pour des jeux, des rencontres,
nettoyer la nature, découvrir un métier.

Avec l’Education nationale pour notre contrôle pédagogique
qui se passe pour le mieux chaque année

Avec d’autres enfants scolarisés, pour faire du poney,
piscine, cinéma, ou même centre de loisirs…

C’est vrai, je lis des histoires à mes enfants.

Je leur lis le Coran.
Suis-je de ce fait islamiste ?

Je leur lis la Bible.
Suis-je alors extrémiste ?

Je leur lis la vie de Bouddha.
Serais-je séparatiste ?

J’ai choisi l’IEF pour l’ouverture d’esprit, serait-ce cela qui est dangereux pour la République ?

Si aujourd’hui, cette liberté du choix de l’instruction devait disparaître, je ne mettrais pas mes enfants à l’école. 

Pourtant, je n’ai rien contre l’école de la République.

J’ai juste découvert le goût de la liberté, et je compte le conserver.

Avant de bousculer nos vies,
de nous obliger à plier jusqu’à rompre,
à l’école coûte que coûte
ou à quitter la France,
Expliquez -moi, Monsieur Macron,
ce que j’ai fait de mal contre la République ?

A qui ai-je fait du tort en assumant ces choix ?

Les grandes universités anglaises et américaines
accueillent à bras ouverts les jeunes qui ne sont pas allés à l’école.
Parce qu’ils réfléchissent différemment
et ont des idées que les autres n’ont pas,
n’ont plus ou n’osent pas…

Si la France ne veut plus de nous, alors nous saurons où aller. »

 

Signons la pétition pour maintenir notre liberté d’instruire !

 

Laetitia Plisson, maman de 4 enfants instruits en famille depuis 11 ans, site www.sinstruireautrement.fr, instagram sinstruire.autrement