Les 8 principales idées reçues sur l’IEF (Instruction En Famille)

1. En fait c’est illégal car l’école est obligatoire !

L’école étant  le mode d’instruction le plus répandu, la plupart des gens est persuadée qu’elle est obligatoire. D’ailleurs, les médias en France entretiennent (sciemment ou non…) cette croyance en relayant souvent des formules comme “l’école obligatoire jusqu’à 16 ans” ou encore récemment “l’école obligatoire à partir de 3 ans”. Cela relève de la désinformation car, non, en France l’école n’est pas obligatoire, c’est l’instruction qui l’est… La liberté d’instruction existe dans la loi française, et les familles peuvent librement choisir d’instruire leurs enfants selon leurs choix : à l’école ou hors école.

L’instruction hors école ou IEF (Instruction En Famille) revêt alors plusieurs formes, selon les valeurs et volontés des familles :

  • Formel: CPC (Cours Par Correspondance), programme défini par les familles en se référant au programme scolaire, ou encore programme librement choisi.
  • Informel : sans cours, ni programme.

 

2. Les enfants risquent de ne pas être socialisés

Dans le développement de l’enfant le premier vecteur de socialisation reste les figures d’attachement (parents), les autres viennent dans un second temps. De plus, les enfants en IEF (Instruction En Famille) ne sont pas coupés de la société : ils évoluent dans cette dernière et côtoient les gens partout, dans leurs quotidiens, dans les commerces, dans la rue, les parcs, les transports en communs. Ils ont même plus de temps à leur accorder en prenant le temps d’interagir. Enfin, les réseaux sont un autre moyen de se socialiser et il est largement répandu dans le cadre de l’IEF (Instruction En Famille). En effet, les familles pratiquant l’IEF (Instruction En Famille) aiment se retrouver tout au long de l’année, pour partager des activités communes, des sorties ou tout simplement pour se rencontrer et créer du lien. Les enfants tirent le meilleur de la socialisation quand celle-ci n’est pas imposée, et qu’elle permet le lien avec une grande diversité de personnes (âges, classes sociales, origines, etc).

 

3. On ne peut pas apprendre sans école !

Une autre idée reçue sortie tout droit de la vision scolaro-centrée (Melissa Plavis) de notre société est que l’école est la seule façon dont les enfants disposent pour apprendre, et, que toute autre forme d’instruction serait vaine ou n’égalerait pas l’école. Les enfants qui ne vont pas à l’école risqueraient ainsi de se retrouver dans des situations de lacunes sérieuses, faute d’un apprentissage cadré, soutenu, et surtout délivré par des professionnels ! Pour répondre à cette idée reçue, il faut se souvenir qu’à l’échelle humaine, l’école reste une invention nouvelle, et apprendre est une faculté qui n’a pas attendu le cadre scolaire pour être à l’œuvre chez les petits d’Homme. Évidemment, certains contextes et certaines conditions favorisent les apprentissages, mais ces contextes peuvent se constituer dans différents lieux, l’école en est un parmi d’autres. Ainsi, en famille, si les conditions sont réunies, il est tout à fait possible pour les enfants d’apprendre et la liberté du cadre qu’offre, en général, le contexte familial permet souvent des apprentissages plus efficaces et durables. En IEF (Instruction En Famille) il n’y a ni « échec » ni « décrochage » car il y a, en plus de l’implication forte des familles, un cadre légal, présent pour s’assurer que les enfants reçoivent une instruction qui correspondent aux attentes en termes d’acquis fixées par l’Éducation nationale.

 

4. La famille n’est pas compétente, enseigner c’est un métier !

Enseigner peut être un métier, à défaut d’être une vocation, mais c’est bien une activité que les familles peuvent pratiquer si elles décident de s’impliquer dans l’instruction de leurs enfants. Il conviendrait de se pencher sur les différentes formes d’apprentissages pour comprendre que, selon le mode d’instruction choisi, il existe différents points de curseur entre le niveau d’enseignement à fournir par les familles et le niveau d’apprentissage fourni par les enfants. Dans le cadre des CPC (Cours  Par Correspondance), par exemple, les familles ont plutôt un rôle d’encadrement dans le bon déroulé des cours, la bonne exécution des exercices, devoirs, etc. Elles peuvent être également un soutien, pour expliquer des notions et valider la bonne compréhension de l’enfant. A l’opposé des apprentissages formels en Cours Par Correspondance, il y a les apprentissages autonomes (ou autogérés) sans aucun cadre formel où l’enfant apprend sans « enseignement ». Là encore, les familles encadrent les activités mais plus dans une logique d’accompagnement et de référent en cas de questionnement spécifique de l’enfant qui évolue dans un contexte où tout est source d’apprentissage et, ce, à tout moment.

Enfin, dans les cadre de programmes mis en place par la famille, en choisissant de reproduire ou non le programme officiel, la notion d’enseignement est plus présente. Les familles qui font un tel choix optent souvent de mettre en place des pédagogies spécifiques et s’y investissent, ou bien, choisissent un doux mélange entre formel et informel, permettant de repositionner le curseur en misant sur les capacités des enfants à apprendre par eux-mêmes. D’ailleurs, de nombreuses écoles traditionnelles et alternatives récupèrent cette conviction de la capacité fondamentale de l’enfant, pour repenser l’enseignement. Dans les écoles démocratiques, par exemple, il n’y a pas d’enseignants et les apprentissages ont bien lieu pour les enfants de 4 à 16 ans. Dans de nombreuses écoles publiques, des enseignants repensent leur rôle et leur métier, en prenant des initiatives inspirées de différentes pédagogies, comme Montessori, où l’enfant s’approprie ses apprentissages dans une démarche essai-erreur. C’est bien l’évolution de la notion même d’enseignement qui rend les familles tout aussi légitimes à dispenser une instruction à leurs enfants.

 

5. C’est réservé à une élite fortunée

La question financière revient souvent lorsqu’il s’agit d’évaluer l’IEF (Instruction En famille), et sans même parler des représentations populaires de familles vivant dans de belles demeures avec des armées de «précepteurs», un pour chaque matière et activité des enfants, il y a cette forte interrogation des familles sur leurs capacités financières à assumer une instruction hors école. En côtoyant les réseaux IEF (Instruction En Famille), on se rend compte de l’hétérogénéité des familles à ce niveau là : du parent solo bricolant avec des aides, aux familles aisées, il y a une grande majorité de familles vivant avec les standards «moyens». Alors, certes, bien vivre l’IEF (instruction en famille) c’est pouvoir faire des sorties, des ateliers, participer à des cours, acheter du matériel, c’est aussi être présent dans le quotidien de ses enfants. Mais il n’est pas questions de braquer une banque ou jouer au loto pour espérer une telle vie, cela nécessite juste des aménagements, notamment dans son esprit, sur la notion de ressources financières. Cela amène de nombreuses familles à revoir leurs modes et priorités de consommation, leurs visions du travail, etc. À partir du moment où l’intérêt et la motivation sont là, le champs des possibles est vaste pour ceux.celles qui sont prêt.e.s à ouvrir leurs esprits.

 

6. Il est difficile, voire impossible, de reprendre des études ou de reprendre un parcours scolaire

Là encore, la vision de l’école comme norme prend le dessus, et les inquiétudes sur une reprise possible sont assez répandues. Les enfants qui sont désireux de reprendre l’école peuvent le faire à tout moment, et, force est de constater que les témoignages de reprises sont plutôt positifs dans les communautés IEF (Instruction En Famille), même pour les enfants ayant suivi une instruction moins formelle… La plupart des familles pratiquant l’IEF (Instruction En Famille) restent dans une posture où le point de vue de l’enfant est important, donc quand le choix de la scolarisation (ou rescolarisation pour ceux ayant quitté l’école un temps) se fait, la motivation intrinsèque est un bon facteur de « réussite ». Réussite, non pas dans le sens scolaire en général, mais d’un point de vue réintégration dans le circuit, car ensuite, la réussite scolaire reposera, peu ou proue, sur les mêmes facteurs que ceux des enfants ayant eu un parcours « classique ».

 

7. Pas d’école = Pas de diplôme

Dans la continuité de la précédente idée reçue, certains pensent qu’une fois sortis de l’école, il n’est plus possible d’y retourner et que, donc, les enfants en IEF (Instruction En Famille) sont condamnés à ne pas avoir de diplômes, puisqu’encore une fois, l’école serait la seule garantie d’en avoir. Comme on l’a vu précédemment, les enfants peuvent à tout moment reprendre leur scolarité et pour certains, ce choix est motivé par le fait de passer des examens, ou poursuivre des études et donc obtenir des diplômes. Beaucoup de diplômes sont aussi accessibles en candidat libre, ce qui laisse des options pour ceux qui ne souhaitent pas vivre de scolarisation. Il n’y a malheureusement pas assez d’études sur la question, mais ce qui ressort des communautés IEF (Instruction En Famille), c’est que les enfants instruits hors écoles abordent généralement les examens et les diplômes avec un autre état d’esprit, sans les mêmes enjeux et avec une forte motivation intrinsèque, ce qui leur permet d’atteindre plus sereinement leurs objectifs, voire de mieux les atteindre.

 

8. IEF = Secte

Le climat politique de ses dernières années en France a fortement contribué à cette idée reçue, certains de nos politiques en étant même presque tristement con-vaincus, à en lire leurs différentes propositions de lois en la matière. Évidemment dans toutes pratiques il existe des dérives, et on ne peut nier l’existence de mouvements sectaires ou extrémismes religieux en France, cependant le cadre légal et les pratiques des contrôles dans le cadre de l’IEF (Instruction En Famille) permettent une bonne prévention ou prise de mesure lorsque cela s’avère nécessaire. Aussi, les motivations des familles à instruire hors écoles sont diverses, et souvent la velléité est de justement jouir de plus grandes libertés : liberté dans la gestion du temps, dans les déplacements, dans les rencontres, mais aussi la liberté de penser hors d’un cadre, ce qui évidemment est impensable pour les individus embrigadés dans des sectes ou autres communautés claustrales…

Si vous avez d’autres a priori sur le sujet ou une simple curiosité, n’hésitez pas à rencontrer des familles pratiquant l’IEF (Instruction En Famille) : dans une logique d’ouverture, elles sont toujours promptes à partager leurs choix et leurs quotidiens et, qui sait, peut être que ce mode de vie vous donnera des idées…

 

Maja Mijailovic, fondatrice du site leslunettesdemaja.fr, pour Pass Education