Le langage en petite section : un apprentissage progressif

Comment enseigner le langage en petite section ?

Le langage en petite section est une compétence transversale qui s’acquiert et s’enrichit progressivement. Il représente un domaine d’apprentissage fondamental du programme de cycle 1 intitulé « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions ». À l’oral ou à l’écrit, découvrez les nombreux enjeux de cette acquisition ainsi que des idées d’activités à mettre en place en classe. 

Langage en petite section, côté oral

Le langage en classe de petite section de maternelle donne la priorité à l’oral, selon 4 objectifs distincts.

Oser entrer en communication

Prendre la parole en classe n’est pas toujours une situation sécurisante pour les plus petits. L’enseignant doit amener tous les élèves à répondre aux sollicitations verbales et à oser parler spontanément : 

  • Optez pour une mascotte de classe pour accompagner les petits parleurs. Une peluche ou une marionnette représente un intermédiaire rassurant pour les enfants ayant besoin de beaucoup de sécurité. 
  • Proposez régulièrement des moments de bilan où les élèves pourront raconter à l’oral des situations vécues en classe. 
  • Invitez les enfants à chanter. Chanter parmi ses camarades peut permettre aux enfants de dédramatiser le regard de l’autre.

Les élèves de petite section doivent également apprendre à parler d’eux-mêmes à la première personne du singulier. Adoptez un langage modélisant en utilisant le pronom « je » plutôt que « le maître » ou « la maîtresse » lorsque vous parlez de vous. 

Comprendre et apprendre

Qu’il s’agisse d’une histoire, d’une règle du jeu ou d’une consigne, l’enfant doit maintenir son attention pour comprendre ce qu’il écoute. Pour pallier la difficulté de certains jeunes élèves à rester attentifs, commencez par des lectures d’albums. C’est un moment qui obtient généralement l’adhésion du plus grand nombre et qui est propice à l’exercice de la concentration.

Vous pouvez aller plus loin en mettant en place une « pédagogie de l’écoute » proposée par Pierre Peroz, maître de conférence en sciences du langage à l’université de Nancy-Metz. Elle se base sur trois principes visant à accroître l’attention et surtout la prise de parole des élèves :

  • Le dialogue pédagogique à évaluation différée. L’enseignant parle le moins possible. Il pose une question et tous les élèves peuvent y répondre, même pour répéter ce qui a déjà été dit.
  • La lecture des textes sans images. Ce choix permet aux élèves de se concentrer sur le message oral et non sur les images. Il entraîne l’utilisation plus systématique d’un langage d’évocation au passé.
  • Un format de séance immuable. L’enseignant opte pour une pédagogie explicite, où il annonce ce qu’il va faire. La première phase consiste à lire ou raconter une histoire puis vient la phase de langage avec les questions toujours posées dans le même ordre, avec une difficulté progressive (« De quoi vous souvenez-vous ? », « Quels sont les personnages ? », puis des questions de compréhension fine de l’histoire.).

Une fois leur capacité d’attention améliorée, les énoncés oraux seront mieux compris. Pensez également à inviter un ou plusieurs élèves à reformuler les règles et consignes que vous passez oralement. La répétition et les choix de mots différents permettent un meilleur accès au sens.

Échanger et réfléchir avec les autres

Les élèves développent leurs capacités langagières en écoutant l’enseignant, mais aussi leurs pairs : 

  • La proposition de séances de travail collaboratives est idéale. Les activités de tri au cours desquelles chacun devra donner son point de vue et trouver des arguments pour convaincre les autres en font partie.
  • Les coins jeux (coin cuisine, coin poupées, coin constructions, etc.) favorisent les échanges entre élèves si les aménagements sont bien pensés et attractifs. Ces moments de jeu entraînent une communication exempte de toute intervention de l’enseignant et permettent aux enfants de coconstruire les premiers savoirs langagiers en autonomie.
  • Enfin, le coin regroupement est l’espace le plus propice à la communication et l’écoute des pairs. Une multitude de situations de communication peuvent y être induites par l’enseignant (rituels quotidiens, devinettes, jeu du portrait, jeu de la boîte mystère, bilans de séances, lecture et compréhension d’album, etc.). L’organisation en ellipse (ovale tracé au sol et sur lequel les élèves s’assoient sans place attribuée) est la plus favorable à la circulation de la parole.

Commencer à réfléchir sur la langue et acquérir une conscience phonologique

La conscience phonologique est une acquisition progressive que les élèves peuvent commencer à découvrir dès la petite section. Les comptines et les chansons représentent un moyen efficace pour travailler la prononciation et la distinction des sons. Vous pouvez également traduire de façon physique les sons par des jeux de bouche en exagérant l’articulation des mots et des sons ou en proposant des virelangues.

💡 Retrouvez un répertoire de chansons et de comptines sur le thème des animaux adapté à la petite section à télécharger sur notre site.

Langage en classe de petite section, côté écrit

Bien qu’il ne soit pas attendu des élèves de petite section d’apprendre à écrire seuls, la familiarisation avec l’écrit se fait dès la première année de maternelle. 

Écouter de l’écrit et comprendre

Afin d’inciter les élèves à manifester de l’intérêt pour l’écrit, l’enseignant doit veiller à multiplier les types de textes proposés en classe (répertoires de prénoms, imagiers, albums, livres documentaires, etc.). Plus les enfants seront habitués à la réception du langage écrit, plus ils seront aptes à identifier les différents supports et à différencier écriture et dessin. En ce qui concerne la compréhension de texte, proposez régulièrement des activités amenant à reconstituer chronologiquement une histoire lue à partir d’images séquentielles.

💡 Retrouvez un imagier du goût adapté à la petite section à télécharger sur notre site.

Découvrir la fonction de l’écrit

Selon le programme de cycle 1, la finalité de cet objectif est « de permettre aux enfants de comprendre que les signes écrits qu’ils perçoivent valent du langage ». Écrire ne se résume pas à effectuer un geste grapho-moteur mais c’est un moyen de transmettre un message, de garder une trace de l’information. Pour permettre aux élèves d’intégrer ces principes, attribuez systématiquement des destinataires aux écrits produits en classe. Proposez aux enfants de construire ensemble des écrits qui seront partagés. Les récepteurs du message peuvent être les élèves des autres classes ou les parents par exemple. En pratique, vous pouvez afficher ou coller dans les cahiers de vie une dictée à l’adulte conduite après un spectacle, une visite dans un musée d’arts ou organiser une correspondance avec une autre école.

Commencer à produire des écrits et en découvrir le fonctionnement

La production écrite dans les objectifs de langage en petite section de maternelle est relativement restreinte. Le jeune âge des élèves entraîne une participation active de l’enseignant. Vous pouvez cependant laisser les enfants vous regarder lorsque vous écrivez. Cette compétence peut s’avérer fascinante pour beaucoup d’élèves qui observeront attentivement votre geste et vous poseront des questions sur l’intention de votre message. Pensez à lire et à expliquer ce que vous écrivez dans tous les moments de la journée (absences et présences, commentaires sur les productions d’élèves, évaluations, etc.). Par ailleurs, la dictée à l’adulte est, encore une fois, un moyen privilégié de faire entrer les élèves dans le monde de l’écriture.

Découvrir le principe alphabétique

Les activités privilégiées de langage en petite section pour la découverte du principe alphabétique (comprendre qu’une lettre ou un groupe de lettres codent un son) se basent souvent sur la manipulation des prénoms des élèves. Proposez-leur d’utiliser leur étiquette prénom pour indiquer leur présence au moment de l’accueil et pour marquer le travail effectué. Vous pouvez également mettre en place des activités de tri des prénoms de la classe en fonction de leur initiale. La manipulation régulière des prénoms et des lettres qui les composent permettra aux enfants de petite section de reconnaître et nommer quelques lettres de l’alphabet. Par la suite, demandez aux petits de reconstituer des mots courts et des prénoms de la classe en capitales d’imprimerie en s’appuyant sur un modèle qui peut ensuite rejoindre les outils de classe.

Commencer à écrire tout seul

Les activités de graphisme en petite section permettent de développer certains prérequis au reste des apprentissages du langage en maternelle. Elles incitent les enfants à mémoriser des motifs graphiques en remplissant une surface limitée. Veillez à accompagner les élèves pour leur permettre d’adopter une posture correcte et de tenir correctement leur outil. À partir de travaux autour d’éléments graphiques tels que les traits orientés ou courbes, vous pouvez conduire les élèves à essayer d’écrire leur prénom en capitale d’imprimerie avec ou sans modèle. Les premières constructions liées au langage en petite section de maternelle passent également par l’éveil à la diversité linguistique. Vous pouvez, dès la première année de maternelle, familiariser les élèves aux langues étrangères et la langue des signes française (LSF). Pour cela, proposez des situations de réception articulées autour de lecture d’albums, d’écoute de chansons ou d’interventions de personnes allophones. Même si les élèves peuvent être incités à répéter et à mémoriser certains mots, il s’agit principalement de moments d’écoute.

 



Le langage en petite section : un apprentissage progressif pdf

Le langage en petite section : un apprentissage progressif docx