La philo, c’est aussi pour les enfants !

Et oui, la philosophie, ce n’est pas que pour les grands ! Inspirée par les travaux de Matthew Lipman, considéré comme le père fondateur de la philosophie pour enfants pendant les années 70 aux Etats Unis, la méthode des Petites Lumières peut être définie comme « holistique ». L’enfant est un individu qui pense, qui est capable d’appréhender, à son niveau, des questionnements à visée philosophique. En abordant cette vision, nous allons chercher à susciter chez l’enfant le désir d’approfondir ces interrogations et de faire en sorte qu’il puisse trouver par lui-même des éléments de réponses. Si la réflexion est une démarche personnelle, c’est également un acte collectif. L’échange avec les autres permet d’enrichir sa réflexion personnelle. Ces échanges vont permettre à l’enfant de revenir vers soi pour, éventuellement, modifier sa pensée première. Ces moments d’échanges auront pour objectif que l’enfant confronte ses idées à celles des autres afin qu’ils puissent élaborer collectivement des pistes de réflexion. En pensant par lui-même et avec les autres, l’enfant apprend, via une discussion démocratique, à mener une réflexion personnelle.

Le but de la philosophie pour les enfants n’est pas de donner aux enfants des réponses toutes faites, « prêtes à penser », mais de favoriser l’émergence du questionnement déjà présent. Elle permettra de développer chez l’enfant la pensée réflexive, créatrice et critique. Les discussions menées par un « guide », vont mener l’enfant à faire l’expérience de leur pensée, de celle des autres et de la nature de la discussion.

 

Quelles compétences seront développées ?

La philosophie va pouvoir permettre à l’enfant de prendre la parole devant un grand groupe et de développer ses compétences langagières. Il deviendra acteur en participant à l’élaboration des règles communes dans un cadre donné. Il sera capable d’écoute et d’empathie, apprendra à conceptualiser, problématiser et à argumenter. Durant les échanges, il devra fonder et défendre ses jugements en s’appuyant sur sa réflexion et sur sa maîtrise de l’argumentation. Il apprendra à penser par lui-même et avec les autres, il pourra discuter de choix moraux mais aussi de grands problèmes éthiques liés, notamment, aux évolutions sociales, scientifiques ou techniques. Il apprendra à justifier ses choix et à confronter ses propres jugements avec ceux des autres. Il saura remettre en cause ses jugements initiaux après une discussion argumentée, distinguer son intérêt particulier de l’intérêt général. Il apprendra à analyser, argumenter, mener différents types de raisonnements. Il développera l’estime de soi et donnera du sens au savoir et questionner son rapport au savoir.

 

Quels sont les thèmes abordés ?

Les sujets sont vastes et variés :

  • La liberté et les lois
  • La vérité et le mensonge
  • Le temps et la patience
  • La justice, les inégalités sociales
  • Le racisme et les discriminations
  • L’image de soi
  • La beauté
  • L’amitié
  • Le bonheur
  • Les émotions
  • Grandir
  • Les filles et les garçons, c’est différent ou c’est pareil ?
  • Ça veut dire quoi penser ?
  • Ça veut dire quoi s’aimer soi-même ?
  • Peut-on se fier aux apparences ?
  • Quelle est la différence entre croire et savoir ?
  • Faut-il prendre soin de la nature ?

Et bien d’autres thèmes/questions encore !

 

Comment se déroule la discussion philosophique ?

Tout d’abord, les enfants indiquent les différentes questions suscitées par le thème abordé autour d’un support (une histoire, une œuvre, un film …). Avec l’aide de l’animateur, les enfants choisissent la question philosophique et chacun, à tour de rôle (et souvent en utilisant un « bâton de parole ») s’exprime sur cette question librement. L’usage du bâton de parole permet de faire respecter les règles de la discussion établies au préalable (« ne pas couper la parole », « ne pas se moquer », « suivre l’évolution de la discussion » etc.). Les enfants expriment leurs points de vue, leurs questionnements et dialoguent entre eux. L’animateur a un rôle de guide. Par la rencontre des points de vue et par la confrontation des argumentations, les enfants font alors l’expérience de leurs propres pensées et apprennent à la justifier, ils entendent des points de vue différents des leurs, afin de bâtir une réflexion collective.

 

Quels supports peuvent être utilisés ?

Les discussions philosophiques peuvent s’élaborer autour de supports qui peuvent prendre des formes différentes :

Une œuvre d’art

Les échanges se font dans un lieu culturel, un musée par exemple. Ils s’inscrivent dans une démarche d’éducation artistique et culturelle.

Une œuvre littéraire

Les discussions s’appuient sur la lecture d’un mythe, d’un conte, d’une fable, d’un texte de la littérature jeunesse ou encore d’un extrait de roman.

Un spectacle

La réflexion collective s’élabore autour des interrogations philosophiques suscitées à la suite d’une représentation théâtrale, musicale, de danse.

Une vidéo

Les discussions peuvent aussi d’initier à partir du visionnage (entier ou un extrait) d’un dessin animé, d’un film, d’un documentaire …

Une activité environnementale

A la suite d’une activité de jardinage, d’une randonnée, d’une promenade dans un parc ou encore suite à des activités scientifiques ou naturalistes. Les échanges s’ancrent dans une démarche d’éco-citoyenneté.

 

Sous forme d’ateliers ou de goûters, les enfants de tout âge vont pouvoir développer leurs pensées réflexives, créatrices et critiques à partir de discussions démocratiques.

L’enfant va penser par et pour lui-même en développant l’autonomie de raisonnement ; l’enfant se construit comme sujet autonome qui réfléchit pour élaborer « sa » réponse, et non pour trouver la « bonne » réponse, celle qui est par exemple attendue par l’enseignant. Il va s’épanouir, acquérir confiance en lui, mieux comprendre ses émotions et, par conséquent, celles des autres. Il va développer l’empathie, la coopération et la tolérance. Être plus responsable en tant que citoyen et qu’être humain. Si on veut conduire les enfants à mieux penser (pas seulement plus, mais mieux), si on accepte l’idée que l’objectif de l’éducation est de rendre les enfants capables de penser par et pour eux-mêmes, alors il importe qu’ils s’engagent personnellement dans l’acte de penser et construisent ainsi, avec le temps et la répétition, la puissance de produire eux-mêmes les résultats. Comme on apprend à marcher en marchant, on apprend à penser en pensant.

 

Sylviana de Lamour en Vadrouille, pour Pass Education