La pédagogie Steiner

Rudolf Steiner

Fils d’un employé de chemins de fer autrichien, Rudolf Steiner nait en 1861. A 18 ans, il entreprend des études scientifiques à Vienne dans le but de devenir enseignant mais change finalement de filière pour s’intéresser aux sciences humaines (littérature, philosophie et histoire). Devenu jeune adulte, il obtient un doctorat en philosophie tout en se chargeant de l’éducation d’un enfant handicapé. C’est vers l’âge de 30 ans qu’il devient professeur d’une université populaire et entame une carrière d’auteur, en Allemagne. Véritable hyperactif, Rudolf Steiner se lance dans plusieurs projets : engagements politiques, critique d’art, conférencier littéraire et philosophique, publication de ses livres… 10 ans plus tard, il crée son propre mouvement spirituel : l’anthroposophie.

Cette science de l’esprit vise à encourager le développement des forces mentales. Composée de méditation, d’observations mais également d’expressions artistiques, elle permet d’accéder à un monde invisible et suprasensible. Une sorte d’éveil de la conscience sur ce qui nous entoure.

Steiner voyage dans toute l’Europe dans le but de partager ses théories et tente de convaincre dans plusieurs milieux : médecine, pharmacie, économie, agriculture, architecture, éducation.

Ce n’est qu’à sa mort que l’héritage de Steiner se fera connaître. Auteur de plus de 30 livres et 6 000 conférences, ses idées sur l’éducation se distinguent de ses autres travaux.

De nos jours, il existe plus de 1000 écoles et 1500 jardins d’enfants Steiner, répandus sur 80 pays.

 

Ecole Steiner

Les établissements scolaires Steiner sont intégralement conçus et pensés pour le bien-être des enfants. Ils possèdent beaucoup de rondeurs et peu d’angles droits. Les classes, décorées aux couleurs du spectre lumineux, apparaissent douillettes. Elles comportent des coins secrets où les enfants peuvent se réunir à deux ou trois. Le matériel est principalement conçu par les adultes et élèves plus âgés, toujours avec des matières naturelles. L’environnement reste ordonné et simple. L’enfant doit demeurer autonome. Quant aux manuels, leur présence est rare. Les professeurs administrent les cours oralement et les élèves prennent des notes sur leur cahier personnel.

 

La pédagogie

Du point de vue de Rudolf Steiner, nos vies se découperaient en plusieurs cycles de 7 ans : les septaines. A chaque septaine se développent des compétences particulières chez l’enfant mais également l’adulte. Une nouvelle méthode d’apprentissage est alors mis en place, de façon à correspondre parfaitement au cycle en cours.

  • 0 à 7 ans : Phase physique. Les enseignements demeurent inexistants. Les jeux, les échanges sociaux et les activités manuelles sont privilégiés.
  • 7 à 14 ans : Corps éthérique. Cela marque le développement psychique de l’enfant encouragé par une approche artistique des apprentissages. Les matières fondamentales sont abordées uniquement le matin, laissant les après-midi libres pour des activités physiques et artistiques. Chaque année correspond à une classe (1ère classe à 7 ans, 2ème classe à 8 ans, 3ème classe à 9 ans et ainsi de suite jusqu’à la 8ème classe à 14 ans). Les enseignements se composent de : jeux, sorties, dessin de formes, rondes, chants, danses, contes, apprendre à compter, apprendre à coudre, activités pratiques, étude de l’homme et des animaux, toutes les opérations de mathématiques, étude des plantes et minéraux, nombres décimaux, géographie, fractions, pourcentages, Histoire, algèbre, anatomie, géométrie et équations, deux langues vivantes, eurythmie (matière connue de la pédagogie, art du mouvement en rythme pour communier avec une œuvre ou la nature)
  • 14 à 21 ans : Corps astral. La capacité psycho-spirituel de l’enfant se manifeste. L’intellectualisation et le raisonnement sont alors proposés en classe. Les jeunes élèves étudient de la 9ème à la 12ème classe (à 18 ans) les matières scientifiques, la géographie, l’histoire et les sciences sociales.

Le professeur suit un même groupe d’élèves durant plusieurs années. Il se place en guide, et incite les enfants à être responsables de leur travail. Son rôle est de s’adapter à chaque personnalité, mais aussi de les pousser à la réflexion. Joie et bienveillance doivent être les caractéristiques qui représentent l’enseignant.

 

Rythme et fêtes

Avec la pédagogie Steiner, les rituels occupent une place importante dans la vie quotidienne des familles et donc des élèves. Plusieurs habitudes se démarquent avec :

  • Un planning hebdomadaire où chaque jour repose sur une couleur et un thème particulier (exemple : lundi, violet, peinture). Cela permet de consacrer chaque journée à une activité précise. Cette organisation peut s’étendre aux essences d’un métal, d’une planète, d’un bois, d’un organe et d’une céréale.
  • Un rassemblement hebdomadaire où toutes les classes se réunissent dans le hall de l’école. C’est un temps de prière à la nature et de récits partagés.
  • Les temps d’apprentissages, de jeux, de repos et de repas se font dans la répétition, aux mêmes heures.
  • Chaque changement de saison est fêté (les fêtes cardinales).
  • De nombreuses fêtes païennes et chrétiennes ponctuent l’année (épiphanie, chandeleur, Saint-Patrick, Beltane, Pâques, la Saint-Jean, fête des moissons, Saint-Michel, Saint-Martin, Avent, Saint-Nicolas, Sainte-Lucie, Noël…)

Tous ces évènements aident à renforcer le sentiment de sécurité du jeune enfant. Il s’accorde avec le rythme naturel de notre planète. Connaissant à l’avance le programme de ses journées, les évènements à venir, il se sent rassuré et peut ainsi se consacrer pleinement aux leçons et aux jeux.

 

Une méthode controversée

Contrairement aux autres pédagogies connues, celle de Steiner séduit autant qu’elle divise. Malgré un grand succès dans de nombreux pays, la méthode est contestée par la plupart des gouvernements. Les écoles n’existent que sous haute surveillance dans le but de prévenir les dérives sectaires. Plusieurs critiquent viennent assombrir le tableau de ces établissements : certains savoirs seraient remplacés par des visions plus « spirituelles », les retards s’accumuleraient dans différentes matières en comparant le niveau aux cursus scolaires plus classiques, et des idées à polémiques s’y propageraient (refuser la vaccination). Cependant, rien à ce jour ne peut autoriser la fermeture de ces écoles, ni la censure de l’anthoposophie. Elle continue à exister au même titre que n’importe quelle autre croyance.

 

Steiner en Instruction En Famille (IEF)

Que l’on adhère ou non aux multiples croyances de la pédagogie Steiner, plusieurs points peuvent aisément être appliqué à la maison en IEF :

  • Ritualiser les temps forts des journées avec les enfants (repas, siestes, sorties, activités…)
  • Elaborer un planning de la semaine coloré en proposant une activité phare pour chaque journée (jour du pain, jour de la peinture, jour des déguisements, jour des jeux de société…)
  • Confectionner une table des saisons (petite table drapée d’une nappe aux couleurs de la saison, des objets naturels disposés dessus et rappelant le thème)
  • Se lancer dans la fabrication de jouets (poupées en laine et chiffons peu figuratives pour encourager l’imagination, petits personnages en bois, maison de lutins en bois, cabane avec des draps et voilages, petits animaux en argiles, dinette avec des cailloux etc…)
  • Apprendre à tricoter de A à Z (fabriquer et polir les aiguilles à tricoter en bois, assister à la tonte d’un mouton, carder la laine, teinter la laine naturellement, filer la laine, tricoter avec les doigts, tricoter avec les aiguilles).
  • Peindre des formes en suivant une ligne (l’ars lineandi existe depuis l’Antiquité)
  • Réaliser des bougies à la cire d’abeilles
  • Participer à toutes les fêtes annuelles et pourquoi pas en inventer de nouvelles en famille

 

 

Marie, fondatrice du blog m123pommes, pour Pass éducation