Être heureux pour bien apprendre, bien apprendre pour être heureux. Comment générer ce cercle vertueux ? | Résumé de conférence

Être heureux pour bien apprendre, bien apprendre pour être heureux. Comment générer ce cercle vertueux ? — Anaëlle Gombert

4e Festival pour l’école de la vie

Quand j’étais en ce2, j’ai eu un 2 sur 20. Et je vais vous raconter l’histoire de ce 2 sur 20. Parce que, pour moi, il est assez représentatif de certaines lacunes de notre système éducatif. Que ce soit dans les familles ou à l’école. Et puis on va parler un petit peu des manières dont on peut remédier à ces lacunes que j’ai constatées grâce à ce 2 sur 20.

Alors, l’histoire de mon 2 sur 20. À l’époque, j’étais une très bonne élève. J’étais plutôt habituée aux bonnes notes. Je n’ai pas souvenir d’avoir passé beaucoup de temps sur mes devoirs, je ne m’en rappelle pas trop. Globalement, pour moi c’était facile donc je pense que j’intégrais l’information facilement à l’époque. Et puis un jour, on a eu un contrôle en ce2 sur l’électricité et j’avais été absente au cours sur l’électricité. Alors, j’avais une photocopie que la maîtresse m’avait donnée du cours, et puis on avait un contrôle le lundi. Et le dimanche, je prends mon cahier, j’ouvre mon cahier, je regarde mon cours, je commence un petit peu à lire et là il se passe un truc vraiment bizarre. Je lis mon cours et pour la première fois de ma vie ce que je faisais avant de façon complètement naturelle à savoir lire, comprendre l’information et pouvoir l’intégrer, d’un coup il n’y a plus aucun sens. Je ne suis pas là, je ne suis pas présente, le cours ne fait pas de sens, je suis incapable de retenir l’information. Et à ce moment-là, je ne sais pas ce qui se passe. Je ne comprends pas vraiment, mais, dans l’optimisme duquel je ne me suis pas vraiment départie depuis, je me dis ce n’est pas grave. Le contrôle est en début d’après-midi, alors le matin je vais discrètement sortir mon cahier, apprendre la leçon le matin et puis l’après-midi tout va bien se passer.

Donc le lendemain matin, je ressors mon cahier et là la même chose : ce qu’auparavant j’étais capable de faire assez facilement, je constate que ce n’est pas possible. Je n’arrive pas à comprendre l’information, à la retenir. Ça ne fait pas vraiment sens. Je vois que je lis, mais je ne retiens rien. Et là encore une fois, il se passe un truc bizarre : je ne comprends pas ce qui se passe à l’intérieur de moi. Et puis j’entre en mode un petit peu panique puisqu’il y a le contrôle l’après-midi, que je ne sais pas trop comment m’en sortir. Et puis au moment du contrôle, bien sûr, je reçois la feuille de l’examen et puis je lis, je ne comprends pas les questions. Même le QCM ce jour-là, je n’avais pas compris que c’était un QCM et qu’il fallait cocher, j’avais noté les réponses en bas. Bref, j’étais complètement à côté de la plaque. Forcément cela a donné lieu à un résultat pas terrible.

Et en fait, le problème que cela révèle, à ce moment-là, est que Anaëlle, huit ans, elle connaît par cœur ses tables de multiplication. Elle est imbattable sur les accords du participe passé. Elle a même appris à l’école combien de personnes avaient été gazées pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais elle est incapable de reconnaître l’état intérieur dans lequel elle est. Elle est incapable de reconnaître qu’en fait, tout simplement, elle est déconcentrée, elle n’est pas trop dedans, elle est un peu à côté de la plaque. Elle ne sait pas ce qui se passe, elle n’est pas avertie sur la thématique de la déconcentration. Elle ne s’est même pas qu’en fait c’est possible de changer d’état et qu’il y a des choses qu’on peut faire quand on est déconcentré pour changer et pour se reconcentrer.

Le premier problème est que je ne reconnais pas l’état dans lequel je suis, incapable de l’identifier, de comprendre ce qui se passe. Le deuxième problème est que je ne sais même pas qu’on peut remédier aux problèmes, aux soucis finalement et que j’aurais pu sortir de l’état dans lequel j’étais pour me mettre dans un meilleur état. Et le troisième problème, je ne sais pas comment on fait pour changer d’état intérieur, pour être compétent, pour lire, comprendre, intégrer l’information à ce moment-là.

Donc c’est le début de mon histoire. On va revenir là-dessus dans un instant, mais avant j’aimerais vous poser un certain nombre de questions.

Est-ce que cela vous est déjà arrivé de travailler sur un sujet, quel qu’il soit, d’apprendre quelque chose, retenir de l’information, et de vous rendre compte qu’en fait vous auriez pu peut-être mettre beaucoup moins de temps à accomplir cette tâche si vous étiez dans un autre état ? C’est-à-dire que vous avez mis beaucoup plus de temps que le temps que vous êtes capable de mettre.

Donc parfois on est capable de faire une tâche en un certain temps et finalement on va mettre plus de temps.

Estce que ça vous est déjà arrivé de vous apercevoir que vous êtes déconcentré, pas dedans, un peu à côté de la plaque, pendant que vous êtes en train de faire quelque chose ?

Donc vous êtes en train d’accomplir une tâche et vous vous apercevez que vous êtes un petit peu à côté de la plaque, vous n’êtes pas dedans. Alors dans ce cas, quand ça arrive, on a deux possibilités. Soit on reste à côté de la plaque, on reste dans cet état pas terrible et on continue à essayer de faire la tâche dans le même état. Soit on fait quelque chose pour remédier au problème, et puis on fait la tâche dans un état un petit peu différent. Vous êtes d’accord : on a deux options à ce moment-là.

J’aimerais savoir si ici, parmi vous, il y a des gens à qui ça arrive parfois de constater qu’ils ne sont pas dans l’état intérieur optimal pour faire quelque chose. Qui ne sont pas au top pour faire une tâche, mais qui continuent à faire de la même manière.

Cela me fait plaisir de voir autant de mains levées parce que ça m’arrive parfois. Et quand ça m’arrive, je suis là. Je me vois à l’extérieur de moi-même. Je me vois en train de continuer à m’acharner, à ramer pour faire quelque chose et je sais que je ne suis pas dedans. Je sais que je ne suis pas dans le bon état. Je sais qu’il ne suffirait peut-être de pas grand-chose pour me remettre dans le bon état intérieur et puis voilà je continue sur la même lancée.

À ce moment-là, je me trouve vraiment fascinante. On sait qu’on n’est pas dedans. Et puis on reste dans cet état tout pourri. Et alors ce que j’aimerais savoir, pour tous ceux d’entre vous qui ont levé la main et à qui parfois ça arrive de rester dans sa vie bien pourrie pour faire une tâche, qu’est-ce que vous constatez finalement dans ces cas-là ? Est-ce que c’est agréable de faire ce travail, de produire cette tâche ?

C’est fascinant, car c’est désagréable et vous restez dans le même état. Vous vous maintenez dans cet état pour continuer à faire la tâche. C’est génial !

Alors pour moi, j’avoue je le fais aussi. Mais c’est aussi fascinant que d’être à Montpellier de vouloir aller à Marseille et de passer par Lille. Vous n’avez rien à faire à Lille, vous n’avez pas du tout prévu de vous arrêter, mais vous dites « Tiens, si je passais par Lille pour aller à Marseille ». Ce n’est pas forcément agréable, vous gaspillez beaucoup d’énergie, la vôtre en termes de fatigue, et vous perdez du temps. Vous allez gaspiller pas mal de carburant si vous y allez en voiture alors que finalement votre objectif c’est Marseille. Pourquoi ne pas prendre le chemin le plus agréable pour aller à Marseille ? Pour moi rester dans cet état tout pourri, c’est vraiment une grosse perte d’énergie et c’est bien dommage.

Est-ce que ça vous est arrivé par contre, certaines fois, de changer d’état ? De constater que vous n’êtes vraiment pas dedans, de faire quelque chose qui vous permet de revenir à la tâche, d’être beaucoup plus productif et de réussir cette tâche mieux ? Cela vous est déjà arrivé et dans ces cas-là, c’est plus agréable.

Et quand vous faites une tâche, que vous restez dans votre état un petit peu pourri, que c’est assez désagréable, comment ça se passe en termes de temps ? Est-ce que vous passez moins de temps ou plus de temps à faire cette tâche ?

Donc pour moi, ça met en évidence, en quelque sorte, un cercle vicieux qui va se passer quand on est dans un état où on est déconcentré. Ou, en tout cas, on n’est pas dans l’état intérieur qui est approprié pour accomplir une tâche. On va passer un moment qui n’est pas vraiment très agréable. Un moment où, en général, on n’est pas le plus fier de soi. On va passer beaucoup plus de temps et c’est un petit peu dommage, surtout que j’ai vu tellement de mains levées que je me dis que c’est symptomatique.

À l’époque, quand j’étais en CE2 et que ça m’est arrivé ce 2 sur 20, il y a une partie de moi qui ne comprenait pas. C’était vraiment comme si quelqu’un avait trouvé le bouton on/off de mon cerveau et qu’une force obscure avait éteint mon cerveau. À l’époque, c’est comme ça que je l’ai vécu. Je ne comprenais pas ce qui s’était passé. On avait éteint mon cerveau, je n’avais plus accès à mes capacités.

Et j’ai quand même une très bonne nouvelle pour vous ! On a commencé avec des choses pas très agréables, évidemment ce bouton-là n’existe pas. C’est vous qui êtes au contrôle, c’est vous qui décidez de l’état dans lequel vous êtes pour accomplir une tâche, pour travailler, pour intégrer l’information. Et donc, on peut tout à fait corriger son état intérieur.

Donc, je vais vous expliquer dans cette conférence, quelques astuces que je propose justement pour passer de cet état où ce n’est pas génial. Le cercle vicieux où quelque part on n’est pas dans le bon état d’esprit, c’est désagréable. On passe beaucoup plus de temps sur la tâche et on n’obtient pas de très bons résultats ce jour-là. Pour passer, au contraire, dans un cercle vertueux dans lequel on est dans le bon état d’esprit. On est dans le bon état intérieur pour accomplir la tâche et au contraire on va passer beaucoup moins de temps pour faire cette tâche. On va passer un moment agréable, joyeux et on va obtenir en général de meilleurs résultats.

Avant de vous présenter ces quelques astuces, je vais me présenter rapidement. Je m’appelle Anaëlle Gombert et je suis la créatrice d’une méthode de lecture qui s’appelle la Presto Lecture. C’est une méthode pour les adultes qui savent déjà lire et qui souhaitent pouvoir lire, comprendre, intégrer l’information pour pouvoir la réutiliser en allant jusqu’à 10 fois plus rapidement qu’avec la méthode de lecture traditionnelle, tout en étant dans un état intérieur agréable. C’est une lecture sereine et tout en retenant l’information, parce que c’est ce qui inquiète beaucoup de gens. On gagne donc beaucoup en temps de lecture et on retient l’information. Alors, il y a plusieurs éléments qui font que, effectivement, quelqu’un, en seulement quelques heures d’apprentissage, va pouvoir ensuite gagner énormément en temps de lecture et retenir davantage d’informations. On va utiliser notamment l’inconscient beaucoup dans le processus de lecture avec la Presto Lecture. Il y a aussi un élément qu’on instaure dès le départ, quand on s’installe pour lire et retenir de l’information, et bien c’est le fait de se concentrer. C’est le fait de se mettre dans le bon état intérieur pour notre lecture. Et en presto lecture, on va slalomer un petit peu entre différents états intérieurs en fonction de l’étape dans laquelle on est sur la lecture en fonction ce qu’on souhaite retenir, etc.

Donc un des éléments qui pour moi me semble vraiment crucial pour bien se concentrer, pour bien démarrer une tâche, c’est l’objectif que vous avez quand vous démarrez. Quand on fait quelque chose, par exemple c’est assez symptomatique pour la lecture, les gens s’installent pour lire, ils s’assoient, ils prennent leur bouquin, ils démarrent tout de suite. Vous allez me dire oui l’objectif est là : on l’a choisi, il y a le titre du livre, on sait pourquoi on lit. Mais votre esprit, il a besoin pour se mobiliser que ce soit vraiment clair, que vous alliez droit au but, que vous ayez peut-être une phrase claire ou quelques phrases claires qui vous disent où vous souhaitez aller. Je suis à Montpellier, je vais à Marseille, pas besoin de passer par Lille. Déjà ça donne une directive à votre esprit. Et donc, avant de commencer une tâche, simplement se poser la question du pourquoi. Pourquoi je fais les choses, là, maintenant, même si le pourquoi est sous-jacent, le formuler de façon consciente. Ça va vraiment vous permettre de mobiliser votre esprit de façon bien plus efficace.

Donc, formuler un objectif, ça va vous aider à mobiliser vos ressources. Ça peut être un objectif en termes de résultats. Ça peut être un objectif en termes d’état justement dans lequel vous souhaitez être pendant que vous faites la tâche. Ça peut être aussi un objectif qui vous challenge un petit peu en termes de temps que vous allez passer sur cette tâche. L’idée c’est de se dire « OK, je pense que ce travail là, je peux l’accomplir en deux heures. Ça me paraît possible. Si je suis dans le bon état intérieur, en deux heures cette tâche c’est possible de l’accomplir. ».

En fait ce qui se passe, c’est que souvent on est capable d’accomplir une tâche en deux heures par exemple. Mais, on va facilement prendre des petits chemins de traverse, prendre des détours et finalement passer 4, 5, 8 heures sur une tâche. Ça arrive parfois et si en plus c’est un état dans lequel ce n’est pas agréable, c’est dommage de passer huit heures dans cet état désagréable alors qu’on pourrait passer deux heures dans un état agréable pour faire cette tâche.

Et donc challenger votre esprit avant de démarrer en disant « OK, ça en fait franchement, on va le faire en deux heures », eh bien ça vous permet déjà de mobiliser vos ressources parce que déjà votre cerveau, il sait pour combien de temps il va devoir se concentrer. Cela ne veut pas dire vous ne pourrez pas faire des micros pause pendant les deux heures, mais ça c’est un autre sujet. Votre cerveau, il sait donc pendant combien de temps il va se concentrer. Votre esprit va beaucoup plus facilement vous donner toutes les ressources pour ça. Et vous allez beaucoup plus facilement prendre le bon trajet parce que si vous savez que vous pouvez aller de Montpellier à Marseille en 2 h 30, vous n’allez pas passer par Lille. Donc, un objectif très clair pour l’esprit, c’est un petit peu pareil.

Donc challengez-vous en termes de temps passé à une tâche. C’est motivant. Ne pas rajouter du stress, l’objectif n’est pas de se stresser et d’essayer de compresser le temps de façon hyper stressé. C’est juste dire « OK, ça j’en suis capable, j’aime le challenge et je vais essayer de le faire. Au pire si j’ai besoin d’un petit peu plus de temps, je prendrai un petit peu plus de temps. »

À quoi ça ressemble quand on pose un objectif ? Ça dépend un petit peu des tâches, mais si vous êtes vraiment dans des tâches, on a tous des sujets sur lesquels on est moins spontanément motivé. Moi, par exemple, quand j’ai à travailler sur ma comptabilité ou sur quelque chose de très administratif, alors ce n’est vraiment pas mon truc. Donc a priori de façon assez naturelle je vais être dans cet état un petit peu pourri de déconcentration, dans le cercle vicieux de la déconcentration, si je ne fais pas un petit effort pour me mettre dans le bon état d’esprit.

Et donc, ce à quoi ça peut ressembler dans ma tête ça va être quelque chose comme ça : « OK Anaëlle, là on va faire de la comptabilité. Ce n’est pas parce qu’on préfère a priori, mais regarde bien ça. Pour le rendez-vous de demain avec ton comptable, si là tout de suite maintenant tu arrives en deux heures de temps à mobiliser toutes tes ressources pour lire les documents qu’il t’a envoyés, tu vas te sentir en maîtrise pendant la réunion. Ça va être absolument génial et tu vas passer un moment fantastique ! »

Donc pour la comptabilité, je vais avoir tendance à exagérer. Et on peut même aller assez loin finalement pour mobiliser notre esprit et se dire qu’en fait finalement qu’est-ce que c’est la comptabilité ? C’est une forme de discipline, une forme de structure. C’est dans la structure qu’on trouve sa liberté. Donc là pendant deux heures, je me consacre à temps plein pour travailler sur ma structure et ma liberté.

On n’est pas obligé d’en faire des tonnes quand ce n’est pas un sujet qui est compliqué. Mais vraiment avoir un objectif très clair, ça nous permet d’arriver beaucoup plus facilement aux résultats.

Maintenant, pour arriver au résultat, c’est aussi intéressant de rassembler toutes les parties nous-mêmes, pour une forme d’harmonie entre toutes les petites parties de nous-mêmes pour qu’elles soient toutes d’accord pour atteindre l’objectif en question. Vous allez me dire « toutes les parties nous-mêmes Anaëlle, je ne suis pas schizophrène ! » Alors, je ne suis pas schizophrène non plus, mais en fait il y a souvent différentes parties de nous-mêmes qui ne vont pas forcément être d’accord.

Donc l’être humain, on peut le diviser en tout plein de parties, se le présenter de différentes manières. Moi j’aime bien, pour faire simple, imaginer qu’on a un plan mental, un plan physique et un plan émotionnel. Alors ce qui se passe à l’intérieur de nous, c’est que, parfois, il peut y avoir une petite bataille : le plan mental qui se dit « il faut que je fasse ma comptabilité, j’ai rendez-vous avec le comptable demain, c’est nécessaire » et puis le plan physique. Par exemple, si vous n’avez pas, depuis trois mois, levé votre derrière d’une chaise. Vous êtes restait toujours assis pendant trois mois. Vous n’avez jamais bougé. Peut-être que le plan physique ne va pas être d’accord pour se mobiliser super bien et être à fond pour faire la tâche dans le bon état d’esprit, de travailler sur votre comptabilité, par exemple. Et là, on va avoir un conflit intérieur. Pareil pour le plan émotionnel, si vous êtes très perturbé émotionnellement par quelque chose, ça va être plus compliqué de se mettre vraiment à la tâche.

Et avant de se mettre à faire une tâche, au moment où on démarre, alors soit pour certaines tâches on n’a pas du tout besoin de faire grand-chose pour se mettre dans le bon état d’esprit. Ça vient tout seul, on est dans le flot, on fait les choses, c’est agréable, on est performant, on passe un bon moment, etc. Mais quand ça peut, potentiellement, être problématique ou quand on constate que c’est problématique et que, ce jour-là, on n’est pas dedans, alors, il y a une manière assez simple de retrouver ce flux qui va nous permettre d’accomplir une tâche de façon plus agréable et performante. C’est de se demander s’il n’y a pas un petit problème au niveau d’un des plans : mental, physique ou émotionnel. L’idée est de ramener à notre partie consciente quelque chose qui jusque-là était inconscient. Parce que pour moi, on a un plan mental conscient et un plan mental inconscient. On a un plan physique conscient et un plan physique inconscient. Pareil pour le plan émotionnel.

Par exemple, si vous vous cognez le pied contre une table, vous allez forcément avoir un signal physique, très conscient, de ce qui se passe à l’intérieur de vous. Par contre, si je vous parle de la sensation de votre tee-shirt ou de votre chemise sur votre peau, j’imagine que là tout de suite vous pouvez le sentir, ça devient conscient. Je suppose qu’il y a quelques instants, vous n’y pensiez même pas. C’est un signal inconscient. Alors, si vous dites « mais si, moi j’y pense depuis le début de la conférence », il y a un petit souci au niveau du tissu. Ne gardez pas le même tee-shirt, débarrassez-vous-en, ce n’est pas la peine de le garder, ne vous faites pas souffrir pour rien.

Donc, au niveau du cerveau, il y a beaucoup plus de choses qui se passent au niveau inconscient. On reçoit en permanence, chaque seconde, une quantité incroyable de stimuli. On reçoit 11 millions de bits de quantité élémentaire d’informations par seconde au niveau de notre inconscient. Et on va en garder une toute petite quantité, 70 pour être précise contre 11 millions. Je n’ai pas dit 70000, j’ai bien dit soixante-dix avec un seul 0, donc moins de 1 %, de façon consciente. 

Et juste avant de se mettre à faire une tâche, ça peut être intéressant de voir s’il n’y a pas des choses qui se passent, au niveau de notre inconscient, que l’on peut ramener facilement à la conscience et qui vont nous permettre d’harmoniser les différents plans. Donc si je n’ai pas fait de sport depuis trois mois, c’est peut-être le moment de bouger un petit peu parce que si je constate que je ne suis pas efficace dans mon travail, je peux tout simplement allez courir, aller à la piscine, avant de me remettre à la tâche. Ça peut juste me faire gagner un temps fou. Et je sais que ça peut paraître être une évidence, mais installer ces petits réflexes-là ça peut permettre vraiment d’être beaucoup plus efficace et de faire les choses de façon beaucoup plus agréable.

Maintenant vous allez me dire : « oui, mais moi je travaille dans un bureau. Si je dis à mon patron que je vais à la piscine pendant une heure, il ne va peut-être pas être d’accord ». Vous pouvez aussi faire des petites négociations avec vous-même : « Là tout de suite, on ne peut pas aller à la piscine, ce n’est pas possible, elle est fermée, mais on va se concentrer à deux pendant deux heures sur cette tâche. On va être bien à fond et quand on aura atteint l’objectif, promis on va aller à la piscine parce qu’elle ouvre à telle heure. » On peut faire des petites négociations comme ça avec soi-même, et franchement quand vous faites ça finalement, votre plan physique va peut-être se calmer parce qu’il sait que vous avez entendu tous les messages qu’il a essayé de vous envoyer en faisant en sorte que vous agissiez, que vous soyez un petit peu partout dans tous les sens. Vous avez pris conscience du problème, vous avez fait une petite négociation avec vous-même en disant OK je vais m’en occuper et du coup votre partie physique peut s’apaiser parce qu’elle sait que ça y est enfin vous avez entendu le message et que vous allez y remédier.

Sur la partie émotionnelle, ça peut être le coup de fil que vous avez à passer et vous vous dites « bon, je vais faire ça d’abord, je vais rédiger ce mail, je vais lire ce bouquin avant de passer mon coup de fil ». Et, en fait, si vous voyez que vous n’êtes pas vraiment concentré, que vous voyez que les informations ne rentrent pas, par exemple, et bien vous pouvez tout simplement vous arrêtez et vous demander « OK, qu’est-ce qui se passe ? Visiblement, ce n’est pas le physique, car je suis allé à la piscine hier. » Mais vous vous dites : « tiens c’est marrant, en fait la pensée qui revient tout le temps là dans mon esprit, c’est la pensée de ce coup de fil que je dois passer juste après ! » Peut-être que, si c’est possible, vous pouvez passer votre coup de fil tout de suite et ensuite vous remettre à la tâche parce que tout simplement il y a une perturbation émotionnelle qui vous empêche d’être pleinement concentré sur la tâche si le coup de fil a une charge émotionnelle pour vous.

Voilà ce que je voulais vous dire pour ce qui est de rassembler toutes les parties de nous-mêmes.

On est au Festival de l’École de la Vie, donc vous vous demandez peut-être comment on ramène ça auprès des enfants.

Mais juste avant, je voulais vous dire qu’il y a évidemment d’autres méthodes. On a parlé de se fixer un objectif, on a parlé de rassembler toutes les parties nous-mêmes en imaginant la partie mentale, la partie physique, la partie émotionnelle, les parties conscientes et inconscientes de ces parties (mentale, physique et émotionnelle). Il y a plein d’autres astuces finalement. Certains d’entre vous les connaissent peut-être. On peut faire cinq minutes de pleine conscience qui parfois peut suffire à rassembler un petit peu ces parties de nous-mêmes pour se concentrer. Cinq minutes de cohérence cardiaque pour ceux qui connaissent. Donc, il y a plein de petites astuces. Je sais que les presto lecteurs, les personnes qui ont suivi la formation Presto Lecture, ont appris un certain nombre d’astuces. Au début, cela demande un petit temps d’apprentissage, mais ensuite ça peut prendre juste cinq minutes finalement de bien se concentrer, de se remettre dedans. Une fois qu’on est à l’aise avec ces techniques, ça peut être vraiment rapide de se concentrer de façon optimale en les utilisant.

Donc, on continue avec les enfants. Vous vous souvenez, je vous disais la petite Anaëlle de 8 ans, un jour, elle était juste très déconcentrée, complètement à côté de la plaque pour la première fois de sa vie, en tout cas la première fois dont je me souvienne. Elle n’a pas su reconnaître l’état intérieur dans lequel elle était. Elle ne savait même pas qu’on pouvait changer d’état intérieur. Et elle ne savait pas comment faire.

Alors ce qui est génial, c’est que si vous souhaitez transmettre à vos enfants, la première chose c’est que les enfants, la plupart du temps, font les choses de façon très naturelle. La manière privilégiée pour apprendre chez l’enfant c’est de jouer, et bien ils vont très facilement et très naturellement être complètement en harmonie au niveau mental, physique, émotionnel, conscient et inconscient. La plupart du temps, il n’y a pas de souci.

Alors, après la conférence, ne vous dites pas « OK, je vais leur demander à chaque fois, avant de faire les devoirs, avant de travailler, d’intégrer ça. » Non, juste observez. Quand c’est naturel, qu’ils sont dans l’harmonie, il n’y a pas de problème. N’intervenez pas. Ils apprennent par eux-mêmes, ils veulent découvrir par eux-mêmes.

Maintenant, si vous identifier effectivement qu’il peut y avoir un petit blocage éventuel, qu’il vous demande de l’aide, qu’à un moment, ils sont bloqués sur un état, ce que je vous conseille de faire c’est de les guider via des questions, à trouver eux-mêmes ce qui pourrait clocher et à trouver eux-mêmes la manière de le corriger, tout simplement.

Maintenant, j’ai quand même envie de vous raconter l’histoire de la petite Suzy. Moi je n’ai pas d’enfants, mais Suzy c’est la fille d’une de mes amies. Elle a un an et demi et elle a un livre qui s’appelle « Le loup qui apprivoisait ses émotions ».

Et la petite Suzy, sa maman me racontait au téléphone que maintenant, quand elle a un départ de colère, sa maman lui demande « qu’est-ce qui se passe Suzy ? » Alors, elle regarde sa maman et elle lui dit « colère ». Et en fait, au moment où elle le dit, c’est comme si elle était un peu tout étonnée. « Ma maman me demande ce qui se passe, je prends conscience. Peut-être que j’étais en train de changer d’état. » (je sais pas trop ce qui se passe dans sa tête, je peux imaginer bien sûr). Mais d’un coup déjà elle s’apaise. C’est-à-dire que, d’un coup, elle constate le truc, elle regarde sa mère et elle dit « colère ». Et donc là, la petite Suzy elle a été capable de reconnaître son état intérieur, de le nommer, ce qui est très bien aussi, mais surtout de le reconnaître, de ressentir à l’intérieur d’elle-même. Ce qui lui permet tout de suite d’apaiser finalement cet état.

Et puis sa mère ensuite elle lui demande « comment il fait le loup qui apprivoise ses émotions ? Comment il fait quand il est en colère le loup ? » Alors la petite Suzy, elle regarde sa maman et elle a un grand sourire sur le visage.

Et ce que je trouve intéressant, c’est que la petite Suzy, elle a appris à reconnaître son état intérieur sans même qu’on lui ait dit. Elle a découvert qu’on pouvait changer son état intérieur, elle a déjà commencé à trouver les clés pour corriger son état intérieur. Et je pense que la petite Suzy, le jour où elle aura un enjeu important dans sa vie (alors moi je me fiche pas mal de savoir si elle aura des 2 sur 20 ou des 20 sur 20), mais je pense que si un jour elle a des contrôles, si ça existe encore, ou un enjeu important et qu’elle constate la veille ou le jour même qu’elle n’est pas dedans, qu’elle est à côté de la plaque, elle aura peut-être beaucoup plus de ressources, surtout si ses parents continuent de l’accompagner comme ça. Je pense qu’elle aura beaucoup plus de ressources pour être dans le cercle vertueux où on est dans le bon état intérieur, où on consacre moins de temps sur la tâche, où on obtient un meilleur résultat.

Et je voulais vous raconter tout ça parce qu’on a vu beaucoup de mains levées quand je vous ai demandé à qui ça arrive parfois de constater que vous n’êtes pas dans le bon état d’esprit pour faire les choses. Et vous étiez nombreux à me dire que c’était le cas. Et en plus, on a tendance, beaucoup je trouve, à rester dans ce mauvais état intérieur, dans ce mauvais état d’esprit pour faire les choses.

Et je me dis que la petite Suzy, elle aura peut-être une tendance beaucoup plus naturelle avec l’éducation qu’elle a eue, et si on continue à l’accompagner cette façon, elle aura une tendance beaucoup plus naturelle, peut-être sans même s’en apercevoir, de passer très vite d’un état à l’autre, de constater que par la colère ce n’est pas forcément agréable, souvent ce n’est pas utile, et donc de très vite redescendre en intensité et repasser à un état qui la sert, qui est positif pour elle.

Et si on va plus loin, si on a le choix entre deux humanités, et bien moi je préfère quelque part que la nouvelle génération soit plutôt une humanité qui sait reconnaître son état intérieur, prendre conscience de son état intérieur, beaucoup plus peut-être que nous dans les générations passées. Une humanité qui est capable de corriger son état intérieur, qui sait comment le faire et surtout qui va faire le choix, jour après jour, peut-être même pas de façon complètement consciente, mais qui va faire le choix d’être dans cet état où elle passe un bon moment, agréable, joyeux, détendu, où elle obtient des supers résultats quand elle se propose de faire une tâche qu’elle soit imposée par l’extérieur ou par elle-même et où elle va passer beaucoup moins de temps à faire les choses.

Je pense que cette humanité-là, qui fera ce choix-là jour après jour, ce sera une humanité qui probablement, fera de bien meilleurs choix pour elle-même, fera de bien meilleurs choix pour la planète. Et je pense que c’est vraiment cette humanité-là qui pourra construire un monde meilleur.

Voilà j’ai terminé, j’ai un tout petit peu de temps donc si vous avez des questions sur la Presto Lecture ou sur la conférence.

« Si vous pouvez partager quelques clés pour changer son état intérieur ? »

Quelques clés pour changer son état intérieur, je vais en rajouter une. Donc j’ai parlé de formuler un objectif avant de démarrer et tu peux vraiment trouver une manière de tourner les choses pour bien les vivre. À deux événements égaux, il y a vraiment deux manières pour le cerveau d’interpréter ce qui va se passer ou ce qui est en train de se passer. Donc juste chercher le positif dans la situation et formuler un objectif en fonction de ce positif-là. Donc, fixer un objectif.

Harmoniser toutes les parties de soi-même. Voir s’il n’y a pas quelque chose qui peut bloquer niveau mental, au niveau émotionnel, au niveau physique.

Et une autre astuce que je trouve très simple et qui est très agréable et on peut même le faire tous ensemble si vous voulez. Certains connaissent peut-être la méditation de pleine conscience et si vous voulez on peut prendre quelques instants là, parce que ça, c’est vraiment quelque chose qui permet de se concentrer super bien.

Je vais vous proposer de vous asseoir dans vos chaises, le dos bien droit, les pieds bien à plat, d’adopter une posture qui va être à la fois très dynamique sur le plan physique, mais en même temps détendu. Et ce que je vous propose de faire à présent, ça va être, si vous le souhaitez, de fermer les yeux, ça peut être agréable, après une journée intense de festival, de prendre quelques instants pour fermer les yeux, et vous allez pouvoir observer ce qui se passe à l’intérieur de vous. Vous allez observer avec curiosité, un petit peu comme si vous étiez, pourquoi pas, un extraterrestre bienveillant, une créature comme ça qui vient d’ailleurs, qui est très curieuse, qui ne vous veut que du bien. Mais elle est curieuse de savoir ce que c’est d’être vous, qu’est-ce qu’on ressent quand on est vous et comment est-ce que vous vous sentez là tout de suite intérieurement ? Vous pouvez observer, scanner votre corps depuis le haut de la tête jusqu’à la plante des pieds. Et je vous propose simplement encore une fois d’observer avec curiosité ce qui se passe à l’intérieur du corps du haut de la tête jusqu’à la plante des pieds. Il y a, peut-être, des parties de votre corps qui sont parfaitement agréables puis il y a peut-être certaines parties où vous ressentez de la tension. Vous n’êtes pas là pour juger, mais simplement pour observer ce qui se passe à l’intérieur de vous. Et à présent, vous allez pouvoir prendre quelques instants pour observer votre respiration, observer le mouvement dans votre ventre lorsque vous inspirer de l’air et observer également le mouvement, tout ce qui se passe dans votre corps, quand vous expirez et vous continuez à respirer ainsi avec une respiration lente, régulière.

Et vous pouvez scanner à nouveau le corps, observer ce qui se passe au niveau de la tête. Qu’est-ce que vous ressentez dans votre tête ? Vous pouvez également observer ce qui se passe au niveau du cou, au niveau des trapèzes, des cervicales, au niveau des épaules. Vous observez ce qui se passe au niveau des bras, au niveau des avant-bras, au niveau des mains. Qu’est-ce que vous ressentez dans les mains ? Vous pouvez observer ce qui se passe au niveau de la poitrine, au niveau du haut du dos, au niveau du ventre, au niveau du bas du dos. Observez ce qui se passe au niveau des hanches toujours avec curiosité, un regard curieux, bienveillant sur ce que vous ressentez et puis vous allez pouvoir descendre dans les cuisses, dans les genoux, dans les mollets, au niveau des tibias, au niveau des chevilles, au niveau des pieds. Et à présent, vous allez de nouveau prendre conscience de tout le corps. Observez tout le corps dans son intégralité, pendant quelques instants. Et là, tout de suite, vous n’avez pas forcément une tâche à accomplir, une tâche à faire, mais ce n’est pas impossible de se fixer quand même un objectif pour être dans le bon état intérieur pour la suite de votre journée. Je ne sais pas ce que vous allez faire là après cette conférence, peut-être que vous allez rester pour la conférence suivante, peut-être que vous allez retourner vous promener dans le festival, peut-être que vous allez rentrer chez vous. Peu importe, mais vous pouvez dès à présent fixer un objectif concernant la manière dont vous souhaitez vivre les choses à l’intérieur de vous pour votre soirée. Ce n’est pas forcément un objectif en termes de productivité, mais plus en termes de qualité de ce que vous allez vivre pour la suite de la journée.

À présent, vous allez prendre encore quelques secondes pour observer ce qui se passe dans tout le corps dans son intégralité, avec curiosité. Et vous allez pouvoir, à votre rythme, quand vous serez prêt à prendre conscience du lieu dans lequel vous vous trouvez. Et puis à votre rythme vous pourrez tranquillement ouvrir les yeux.

Donc ça, c’est une technique que vous pouvez faire en cinq minutes et qui permet vraiment de se recentrer, de se remettre dans un bon état d’esprit pour les tâches que vous avez à accomplir.

Ce que je ne vous ai pas dit non plus, pendant la conférence, c’est que ça demande un petit peu de discipline au départ. Déjà d’observer l’état dans lequel on se trouve, ensuite, une fois qu’on a constaté cet état, d’en changer parce qu’on a tous un petit animal à l’intérieur de nous qui préfère le confort de ce qu’il connaît déjà, de l’état dans lequel je suis déjà, et ça peut demander une forme de discipline en fait de se dire « OK, je vais prendre cinq minutes là pour fixer un objectif, ou pour faire une petite méditation de pleine conscience, ou pour harmoniser les différentes parties de moi-même, voir s’il n’y a pas des petits blocages au niveau émotionnel, mental ». Mais ces cinq minutes qu’on consacre pour peut-être passer des heures dans le cercle vertueux où c’est agréable de faire la tâche qu’on à accomplir, où on l’a fait en beaucoup moins de temps, on l’a fait dans le temps en fait qu’on a besoin de faire et où on va obtenir des bons résultats. Donc c’est juste cinq minutes à consacrer pour gagner parfois des heures voire des jours de travail qui vont être beaucoup plus agréables alors que parfois on va faire le choix de la souffrance. Je pense que ça vaut le coup d’observer un petit peu ça et de créer cette discipline.

Donc la première étape, c’est observer l’état dans lequel je suis. Et on est beaucoup, au quotidien, à ne pas du tout faire ça, à ne jamais se demander « Est-ce que je vais bien ? Est-ce que je suis dans l’état approprié pour faire ça ? Est-ce que, finalement, je suis joyeuse aujourd’hui ? » On ne se pose pas toutes ces questions-là. Donc la première étape effectivement c’est d’observer, constater l’état et ensuite effectivement c’est de dire « Stop ! Maintenant, je change d’état ». Parce qu’une fois qu’on l’a constaté, prendre quelques instants, ça peut être très rapide de changer d’état intérieur pour se mettre dans l’état de flot dans lequel on gagne du temps.

Sylviana de Lamour en Vadrouille, pour Pass éducation