(3/3) Des conditions et des mécanismes – La méthode du Learning by doing ou la pédagogie par projet de Dewey à Freinet (exemple d’une mise en œuvre au sein d’une association)

Découvrez la première partie de ce dossier ainsi que la deuxième partie de ce dossier avant de poursuivre cette troisième partie :

Des conditions pédagogiques bien définies

Une pédagogie par projet nécessite un vrai travail de recherche et d’analyse en amont. Le déroulement doit être pensé, structuré et planifié. En effet, il est nécessaire, dès le départ, de poser les objectifs pédagogiques, méthodologiques, si besoin numériques et rédactionnels poursuivis. Cet apprentissage doit avoir du sens, mais pas seulement. Il doit avoir un calendrier à respecter, déterminer l’ensemble des ressources nécessaires à l’élaboration du projet et procéder à une évaluation d’acquisition des compétences.

 

  1. Les objectifs poursuivis

Ce projet associatif poursuit plusieurs objectifs pédagogiques et doit respecter un calendrier déterminé dès le départ. Parce qu’il mobilise tant des notions de management, de droit, d’économie que de sciences physiques.  

Ainsi, à l’issue de cet apprentissage, les apprenants seront capables de :

  • déterminer le rôle des acteurs dans une association (bénévoles, salariés, patients etc..),
  • déterminer les finalités d’une association,
  • comprendre en quoi l’activité humaine constitue une charge et/ou une ressource pour l’organisation voire,
  • identifier les différentes ressources d’une entreprise

Concernant les objectifs numériques et rédactionnels, ils seront capables de :

  • Monter un projet et travailler de manière collective
  • Rechercher et utiliser des moyens de communication
  • Rendre compte d’un travail effectué à l’écrit

En outre, cette forme de pédagogie aura eu l’avantage :

  • d’installer des réflexes cognitifs et méthodologiques dans le fait de problématiser mais aussi dans la recherche d’informations et leur restitution,
  • de développer des valeurs de solidarité et de tolérance et,
  • d’acquérir de l’autonomie

 

  1. De la nécessité de déterminer les ressources nécessaires

Il est nécessaire dès le départ de déterminer l’allocation de certaines ressources. S’il est en effet préférable d’y réfléchir en amont, il en est autrement concernant le projet mené avec l’association. En effet, les ressources humaines sont, elles, déterminables, puisque l’ensemble des apprenants sont concernés mais aussi le personnel de l’association (les bénévoles, les salariés, les patients et les parents des patients). Le but de l’action étant de toucher un large public il ne faudra oublier personne concernant la communication autour de l’événement.

Toutefois, concernant les ressources financières et matérielles, elles ne seront définies que lorsque le projet prendra forme et que les apprenants prendront contact avec ELA.

 

  1. Évaluer l’acquisition des compétences

Le projet, étant par lui-même un facteur de motivation pour les apprentis gestionnaires, il n’est pas forcément nécessaire de procéder à une évaluation sommative (finale). Cependant, si vous souhaitez évaluer votre collectif sous forme individuelle au regard de leur investissement respectif et, in fine, de leur compétences acquises, il est possible d’établir une grille d’évaluation des compétences au sein de laquelle figure « le savoir », « le savoir-faire » et « le savoir être ». Cette grille pouvant être accessible individuellement sur un espace commun numérique ou sur le mur de la cuisine ou de leur chambre. Le principal étant qu’ils puissent  suivre leur évolution et ainsi se responsabiliser. Il s’agit d’une évaluation en continu, réalisée par deux mécanismes cumulatifs : une évaluation individuelle et une par binôme ou trio (certaines activités étant plus facilement réalisables avec les ainés).

Une fois les objectifs définis et la technique d’évaluation cadrée, toute la difficulté réside dans la mise en œuvre concrète dudit projet. La démarche étant réellement innovante, elle exige donc un protocole particulier de mise en pratique. Vos connaissances théoriques sur ce type de pédagogie vous aideront certainement, mais c’est surtout la dimension humaine qui vous permettra de résoudre les différents écueils qui pourront se dresser devant vous.

 

Les mécanismes de mise en oeuvre : de l’allocentrisme à la créativité

  • Dès le début, il est utile de rédiger une fiche pédagogique afin de poser les jalons et ainsi éviter l’éparpillement (Le nombre de participant, le temps imparti, les objectifs poursuivis, les ressources nécessaires …) .
  • Par suite, on peut construire un dossier intégrant la situation de l’association, des annexes et une série de questions, la première étape consistant à se familiariser avec l’organisation mais aussi connaître les missions de l’association.  Ce dossier permet  aux apprenants d’être en immersion dans le contexte. Au sein du dossier sont insérés deux liens internet, l’un concerne l’association ELA: et l’autre conduit à une vidéo qui explique ce que sont les leucodystrophies.

C’est en effet en réalisant le questionnaire de découverte de l’association, via le traitement des questions, que la prise de conscience de l’ampleur de la mission d’ELA apparait.

A l’issue du travail demandé dans ce dossier, les apprenants sont donc en mesure de parler de l’association ELA sachant expliquer la cause qu’ils défendent mais aussi parler du profil de l’organisation. Concrètement cette première étape nécessite entre 4h et 6h d’accès à des postes informatiques, un accès internet.

Dès lors, nos apprenants sont en mesure d’aller visiter l’association ou de les appeler pour en découvrir plus. Ici d’ailleurs réside tout l’intérêt de la pédagogie par projet en Instruction En Famille puisque nos apprenants sont en immersion au sein d’un nouveau contexte.

Pour que le projet soit correctement mis en œuvre, il est possible de jouer sur deux pôles : l’allocentrisme par le biais du travail en équipe et la créativité des apprentis gestionnaires. Ces deux aspects sont en effet complémentaires. D’une part, parce qu’ils permettent à l’apprenant d’être confronté à la réalité du milieu associatif et d’autre part parce-que le travail d’équipe est la clé de la compréhension de la société.

 

  1. La créativité : réflexion autour des actions à mener

La deuxième étape consiste à demander à nos apprenants de déterminer des actions et méthodes pour récolter les dons. L’échange ici est primordial pour déterminer comment la manière dont ils peuvent agir. En principe, à ce stade, les idées fusent et l’adulte peut recueillir soit sur une grande feuille, soit sur un tableau « en vrac » l’ensemble des propositions.

Ensuite, l’adulte qui aura construit en amont un « tableau des idées », le distribue à chaque apprenant et lui indique qu’il peut le remplir  dès qu’il pense à une nouvelle possibilité d’agir. L’avantage de ce tableau est que chaque apprenti peut l’emporter chez lui et en discuter en dehors du « contexte projet » (avec sa propre famille, ses amis …)

Leur créativité peut être impressionnante !

Lorsque j’ai mené cette expérience pédagogique mes apprenants ont proposé certaines missions telles que : –  laver des voitures pour récolter des fonds, – vendre des vieux vêtements, – organiser une Tombola …

Dans toutes ces idées, l’adulte vérifiera ce qui est envisageable ou non.

Une fois l’idée arrêtée, un binôme (que l’on désignera rapporteur) est chargé de rédiger une lettre à l’association afin de lui expliquer le projet et ainsi pouvoir bénéficier de certaines fournitures qu’elle propose à son effigie (telles que les banderoles, ballons de baudruche etc.).

Le même processus peut être suivi pour la campagne de communication (pour maximiser la récolte de dons) etc…

 

Le travail en équipe : une exigence laborale et sociétale

Si nos apprentis sont pour l’heure de jeunes citoyens, ils seront amenés, plus tard, à participer à la vie de la Cité. Et afin d’y contribuer de la meilleure forme possible, il est important qu’ils prennent conscience que le monde ne se limite ni aux murs de la maison et/ou de l’école, ni à l’espace d’un terrain d’activités.

Comme de véritables chefs de projets, ils ont réfléchi au meilleur moyen de toucher les gens. Cela peut être par le biais des pancartes par exemple – elle ont pour avantage de faire passer un message non verbal et ainsi marquer les esprits pour longtemps. A ce stade aussi, nos apprenants font parler leur imagination et leur créativité car ce sont leurs petites mains qui les réaliseront.

En conclusion, un tel projet repose sur les lignes directrices données par l’adulte-guide, les impulsions qu’il insuffle à ses apprenants. Ces derniers accueillent cette « aide », intègre petit à petit le projet pour faire ensuite jaillir des propositions originales et réalistes répondant aux objectifs.

 

 

@_apprendreavectoi_, pour Pass éducation