Les dynamiques territoriales de l’Afrique orientale – 4ème – Cours – PDF à imprimer

Cours en géographie pour la 4ème : Les dynamiques territoriales de l’Afrique orientale

Thème 3 : Des espaces transformés par la mondialisation

Problématique : Comment l’Afrique orientale s’intègre-t-elle à la mondialisation ?

Introduction

Document : l’Afrique dans la mondialisation – Source : L.A. Story

Vaste de 30,4 millions de km², le continent africain compte environ 55 pays aux réalités diverses.

L’Afrique est le continent qui concentre le plus de PMA (Pays les Moins Avancés) de la planète, ainsi que d’autres pays ou régions présentant des retards de développement. Cependant, on y trouve aussi des pays émergents comme l’Afrique du Sud, ou encore l’Egypte, le Nigéria et les pays du Maghreb.

Familiarisez-vous avec une carte de l’Afrique, présentant ses grands ensembles régionaux et notamment :

Maghreb : Région du nord de l’Afrique composé du Maroc, de l’Algérie et de la Libye.

Afrique sub-saharienne : Étendue de l’Afrique au sud du désert du Sahara.

L’Afrique orientale ou Afrique de l’Est est un vaste ensemble de 6 millions de km² et peuplée d’environ 300 millions d’habitants.

Elle comprend sept pays anglophones – Erythrée, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan, Sud-Soudan et Tanzanie – trois pays francophones – Burundi, Djibouti et Rwanda – un pays ayant adopté l’Arabe comme langue nationale – Somalie – et un autre l’Amharique – Ethiopie.

Cette proximité linguistique entre pays composés de diverses ethnies est liée au passé colonial du continent africain. Au cours des XIXe et XXe siècle, ces États étaient tous des colonies des puissances européennes.

L’activité économique principale de l’ensemble de ces territoires est l’agriculture, bien souvent vivrière.

Agriculture vivrière : Agriculture dont la production est destinée à nourrir l’agriculteur et sa famille. Elle s’oppose à l’agriculture commerciale.

Si les différents pays d’Afrique de l’Est ont une histoire commune, il existe entre eux d’importantes disparités, par la taille et le niveau de développement.

Document : Carte de l’Afrique orientale

Cette sous-région connait donc des défis particuliers, parmi lesquels un niveau de développement particulièrement bas pour certains de ses membres. L’Erythrée, la Somalie et le Sud Soudan sont même qualifiés d’États défaillants, et ont un IDH qui n’est pas calculé. A l’inverse, leur voisin kenyan est stable politiquement et est le « poids lourds » économique de la région.

Les îles de l’océan Indien, Seychelles et Comores, connaissent également des problématiques particulières.

Dès lors, comment cette région s’intègre-t-elle à l’économie mondiale ? Quels sont ses atouts et ses faiblesses ?

1. Caractéristiques des territoires d’Afrique orientale

L’Afrique orientale est un ensemble très diversifié, composé de pays très divers par la taille, la démographie et le niveau de développement. L’ensemble affiche, en moyenne, une croissance économique très forte depuis une vingtaine d’années, avec un développement rapide des métropoles. L’Afrique de l’Est représente ainsi 12% du PIB du continent africain.

1. Des économies qui s’intègrent imparfaitement à la mondialisation

L’économie de l’Afrique de l’Est reste majoritairement liée à l’agriculture. Cela pèse parfois jusqu’à la moitié du PIB et rend les populations locales très dépendantes du climat et des sécheresses.

Cependant, certains États ont une économie plus diversifiée, ce qui leur permet d’être mieux intégrés à la mondialisation

Document : Quelques chiffres sur l’Afrique de l’Est – Source : Cirad.fr + Wikipédia

L’exemple du Kenya

Document : Le Kenya, une économie diversifiée

« Le Kenya enregistre des taux de croissance exceptionnels qui devraient se maintenir au-dessus de 5 % jusqu’en 2017. La zone intéresse les investisseurs étrangers, attirés par leurs ressources naturelles, l’émergence d’une classe moyenne et d’un tissu entrepreneurial solide. Le Kenya est l’économie la plus importante d’Afrique de l’Est et une plateforme routière, maritime, aéroportuaire, financière, sanitaire et éducative pour la région. Bien que son potentiel de croissance demeure encore limité par le faible développement des infrastructures, le Kenya est
incontestablement le hub de l’Afrique orientale.

Depuis 2009, le gouvernement a mené un vaste programme d’investissements (routes, ports, aéroports, énergie) qui devrait contribuer à une amélioration significative de l’offre en infrastructures du pays.

L’agriculture et l’horticulture sont les deux premiers secteurs économiques du Kenya. Le pays est un exportateur de thé (leader mondial dans l’exportation de thé noir), café, fleurs coupées et légumes. Le secteur agricole, stratégique pour le Kenya. Ce secteur connait une évolution notable et s’éloigne du modèle d’agriculture familiale pour se rapprocher de l’agro-industrie. La transformation progressive de ce secteur crée des opportunités dans le secteur des équipements agricoles (neufs & de seconde main) et dans l’agro-industrie. Le tourisme, un secteur clé pour l’économie kényane, souffre des nombreuses attaques commises par le groupe Al-Shabaab. Les industries manufacturières et financières, bien que modestes, sont les plus sophistiquées d’Afrique de l’Est. Le secteur des technologies de l’information et de la communication connaît une hausse rapide, et le secteur de la construction est dynamique. »

Jean-Marc Henry, « Le Kenya, terre du développement économique »,

https://jeanmarchenry-kenya.com, 2015

Cette diversification de l’économie kenyane est un atout pour son intégration à l’économie mondiale. Elle encourage également une intensification des réseaux de communication et des investissements plus importants dans les infrastructures.

D’autres États de l’Afrique de l’Est connaissent également une croissance rapide, comme l’Éthiopie, Djibouti, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda.

En 2020, la Tanzanie est devenue le dernier pays de la région à passer du statut de « pays à faible revenu » à celui de « pays à revenu intermédiaire », rejoignant ainsi trois de ses voisins dans cette catégorie, tranche inférieure de la Banque mondiale. Il s’agit du Kenya, des Comores et de Djibouti.

Un pays, les Seychelles, est classé dans la catégorie des pays à revenus élevés, tandis que les autres sont dans celle dite « à faible revenu ».

On notera donc que tous les pays d’Afrique de l’Est sont des pays en développement, mais connaissent des niveaux de développement différents. Ainsi, certains États Est-Africains sont des marges. Cependant, l’ensemble géographique d’Afrique orientale présente un développement humain insuffisant.

Document : Les indicateurs de développement en Afrique orientale

IDH : Indice de développement humain. Se mesure de 0 à 1.

L’IDH prend en compte :

• PIB par habitant
• Espérance de vie à la naissance
• Niveau d’éducation

Coefficient de Gini : Indicateur qui mesure les inégalités de revenus dans un pays. Se mesure de 0 (égalité parfaite) à 100 (inégalité totale).

Par exemple, le Kenya et la Tanzanie, qui sont pourtant les moteurs économiques de la région, se placent respectivement à la 147^e et à la 159^e place sur 190 pays étudiés en termes d’IDH.

1. Des marges non intégrées à la mondialisation

Tout d’abord, on observe que la région compte un nombre important de PMA. En 2019, la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement) classait 47 pays comme « Pays les Moins Avancés ». Ces pays souffrent de handicaps structurels tels que :

• Faible niveau de vie (PIB < 745 dollars par personne par an)
• Forte mortalité infantile + malnutrition
• Faible taux de scolarisation
• Manque de diversité économique

En Afrique orientale, on compte un nombre important de PMA : Burundi, les Comores, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Somalie, Rwanda, et le Sud-Soudan.

Ces pays sont des marges de la mondialisation. Ils ne sont pas intégrés à l’économie mondiale.

Marge : Espace en bordure, qui reste à l’écart du système mondialisé dominant.

Parmi ces marges, certains États d’Afrique orientale sont considérés comme des États défaillants. C’est le cas du Sud-Soudan, du Soudan et de la Somalie.

État défaillant : Impossibilité pour les autorités nationales de garantir le fonctionnement normal des institutions étatiques, le maintien de l’ordre public et de l’État de droit.

Document : Le Sud-Soudan, jeune État défaillant

« Le 9 juillet 2011, un nouveau pays rejoint la communauté internationale. Née d’une histoire de lutte armée, la République du Soudan du Sud qui a pour capitale Juba devient le 54e Etat africain et le 193e membre de l’ONU.

Ce territoire grand comme la France représente presque un quart de l’ancien Soudan, avec plus de 11 millions d’habitants, selon la Banque mondiale. Deux ans après son indépendance, les anciens chefs rebelles sont incapables de gérer le pays et les perspectives économiques s’assombrissent très vite. Après des mois de tensions, (…) la guerre civile s’installe en 2013 et durera cinq ans. Le conflit marqué par des atrocités fait plus de 380 000 morts et pousse plus de quatre millions de personnes à fuir leur foyer. A titre d’exemple, un million de personnes se réfugient en Ouganda voisin.

Malgré un riche potentiel grâce aux ressources pétrolières, le Soudan du Sud est l’un des pays les plus pauvres au monde. L’économie Sud-Soudanaise a particulièrement souffert des années de guerre civile et le pays manque cruellement d’infrastructures. Le jeune Etat reste entièrement dépendant du Soudan, son voisin du Nord, pour l’exportation de son or noir. La mauvaise gouvernance, la corruption et l’instabilité fragilisent encore plus le pays. Le Soudan du Sud fait face à “son plus haut niveau d’insécurité alimentaire depuis l’indépendance”, selon l’ONU. Plus de 7,2 millions de personnes, soit 60% de la population, sont en situation d’insécurité alimentaire “aiguë sévère”, et certains sont menacés de famine. »

« Soudan du Sud : cinq choses à savoir sur un Etat à la dérive », Eléonore Abou Ez, FranceTvInfo.fr, 09/07/2021

A l’échelle de l’Afrique orientale, on peut donc considérer le Kenya ou la Tanzanie comme des centres et le Sud-Soudan ou la Somalie comme des marges.

Dès sa création en 1960, la Somalie est un pays fragmenté, issu de l’union du Somaliland britannique et de la Somalia italienne. L’État connait des années de dictature jusqu’en 1988, date à laquelle une guerre civile éclate et se propage dans tout le pays.

En 1991, le Somaliland et le Puntland, au nord, déclarent leur indépendance. Cependant, aucun n’est deux n’est aujourd’hui reconnu par la communauté internationale. La Somalie est donc un pays fragmenté, qui ne parvient pas à établir son autorité sur la totalité de son territoire.

Depuis la sécession des deux « États », la guerre continue et provoque des milliers de mort, auxquels s’ajoute une famine terrible. L’ONU intervient et impose un embargo sur les armes. A cela s’ajoute la montée en puissance de mouvances islamistes terroristes comme Al-Chabab, qui mène des attentats en Somalie mais également au Kenya dans les années 2010.

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