Comment pratiquer l’IEF avec un enfant malentendant / Sourd ?

Comment pratiquer l’IEF avec un enfant malentendant / Sourd ?

À l’école, un enfant sourd ou malentendant doit pouvoir bénéficier de l’accompagnement d’un ou une AESH lors de l’inclusion en classe ordinaire. Idéalement, il peut être totalement ou partiellement accueilli dans un établissement scolaire fléché en pôle d’enseignement pour les jeunes sourds (PEJS). Mais toutes les familles n’habitent pas à proximité de telles structures. En classe ordinaire, l’enseignant n’est pas forcément sensibilisé ni formé aux troubles de la fonction auditive, tout comme les autres enfants. Pour ces raisons ou tout simplement par choix personnel, la décision de mettre en place l’IEF pour un enfant malentendant peut être à l’ordre du jour. Comment s’y prendre pour accompagner un enfant porteur d’un handicap auditif dans ses apprentissages ?

Communiquer avec un enfant malentendant

La communication est essentielle au développement et au bien-être de tout enfant. Quels seront les moyens à mettre en place pour communiquer avec votre enfant porteur de troubles des fonctions auditives ? Les professionnels rencontrés dans le cadre des soins apportés à votre enfant pourront vous aiguiller sur les stratégies les plus adaptées à son degré de handicap. Pour comprendre et se faire comprendre, une personne malentendante ou sourde aura recours à plusieurs techniques.

La Langue des Signes Française

La Langue des Signes Française (LSF) est une langue visuelle et gestuelle complète. Elle permet une communication riche et nuancée. Elle a sa propre morphosyntaxe. L’apprentissage de la LSF par l’entourage de l’enfant malentendant offre une manière directe et expressive de communiquer. Cela favorise une compréhension mutuelle et l’expression des sentiments et des besoins.

Son apprentissage, comme toute langue, nécessite une formation dense et une pratique régulière. Son coût peut être financé totalement ou en partie, renseignez vous auprès de l’organisme de formation de votre région.

La lecture labiale

Les personnes malentendantes développent une bonne capacité à lire sur les lèvres. C’est un complément souvent indispensable à la compréhension des messages oraux qu’on souhaite lui transmettre. Ce fut d’ailleurs un problème lorsque la pandémie de coronavirus à imposer le port du masque. 

La lecture labiale implique de :

  • se positionner face et à hauteur d’enfant lorsqu’on lui parle ;
  • d’articuler clairement, sans exagérer ;
  • de s’assurer que le visage est bien éclairé. 

Même si la lecture labiale vient assez naturellement chez la personne malentendante, son apprentissage et sa pratique quotidienne peuvent demander du temps et de la patience.

Les technologies d’assistance

De nombreux progrès scientifiques et technologiques ont été réalisés ces dernières années. Ils permettent d’équiper les personnes malentendantes, selon l’origine de leur trouble de la fonction auditive, afin de leur faire recouvrir, plus ou moins d’audition. Toutefois, l’enfant doit rester libre de choisir d’être appareillé ou non. S’il le fait, c’est pour lui et non pas pour répondre au souhait des adultes et s’adapter aux entendants. Si vous souhaitez l’épanouissement de votre enfant, apprenez la LSF avec lui. Vos liens n’en seront que plus forts.

Des appareils auditifs aux systèmes de communication augmentée, ces technologies d’assistance vont avoir un impact non négligeable sur la façon dont vous pourrez mener l’IEF avec un enfant malentendant. 

On sait qu’un enfant qui a une perte d’audition de 70 à 90 dB (surdité sévère) ou supérieure à 90 dB ne pourra pas développer le langage sans appareils auditifs. 

Il est par exemple possible de porter un micro HF et d’équiper l’enfant d’un récepteur FM, qui va amplifier la voix perçue. 

Enfin, un enfant lecteur peut utiliser des vidéos pour apprendre, grâce au sous-titrage. Pour les ressources purement auditives, il existe des outils, notamment d’intelligence artificielle, qui fournissent des transcriptions. 

Les méthodes multimodales augmentées de communication

Une méthode multimodale d’aide à la communication et au langage fait appel à plusieurs canaux d’expression comme :

  • la parole ;
  • les signes empruntés en grande partie à la Langue des Signes Française ;
  • les pictogrammes ;
  • le langage écrit. 

En la matière, vous entendrez peut-être parler de la Langue française Parlée Complétée et du Makaton. La LPC associe la parole à des signes. Le Makaton est un programme qui associe en plus des pictogrammes. Utilisée entre autres par des orthophonistes, cette méthode répond aux besoins d’une large population d’adultes et d’enfants, atteints de troubles du langage associés à divers handicaps.

Le Makaton permet à l’enfant d’utiliser le canal avec lequel il se sent le plus à l’aise ou celui qui est le plus pratique dans une situation donnée. 

Elle permet aussi à l’entourage de communiquer avec la personne, sans recourir à l’apprentissage de la LSF, dont l’apprentissage nécessite un gros investissement de temps mais, lorsque c’est possible, l’apprentissage de la LSF reste idéal pour l’enfant et ses proches. 

L’IEF pour un enfant malentendant : prendre en compte sa fatigabilité

Maintenant que vous savez quels modes de communication utiliser avec votre enfant malentendant, en gardant en tête qu’ils peuvent évoluer avec son âge et ses besoins, place à la pratique quotidienne. 

Pratiquer l’IEF pour un enfant malentendant, c’est pouvoir prendre en compte sa fatigabilité. Les efforts continus fournis pour communiquer et comprendre lui demandent beaucoup d’énergie. Il peut s’épuiser plus rapidement que des enfants qui n’ont pas un tel handicap. Sa fatigue peut impacter ses apprentissages et son bien-être général. 

Il est donc important de pouvoir :

  • reconnaître les signes de fatigue : diminution de l’attention, irritabilités, difficultés à suivre les conversations ou désintérêt pour les activités habituellement appréciées ;
  • aménager des temps de repos : moments de lecture silencieuse ou de temps libre choisi par l’enfant, afin de réduire la surcharge sensorielle ;
  • adapter l’environnement : espace de travail calme, lumineux pour faciliter la lecture labiale, avec des signalétiques visuelles, des codes couleurs, pour diminuer la nécessité de demandes verbales répétées tant par l’adulte que par l’enfant. 

Socialisation de l’enfant malentendant dans le cadre de l’IEF

Un autre intérêt de l’IEF pour un enfant malentendant est de pouvoir lui apporter une socialisation adaptée.

Des rencontres avec des enfants sourds sont l’occasion de communiquer avec des personnes utilisant la même langue et ayant la même culture, dans le cas de l’utilisation de la LSF. L’enfant peut alors échanger avec des personnes qui vivent la même chose que lui. Lors de ces temps d’échange, il n’a pas besoin de fournir des efforts d’adaptation conséquents.

La communauté sourde est très active dans toutes les régions de France. Elle organise beaucoup d’événements. Permettre à son enfant d’y participer, c’est le faire accéder à la culture rattachée à la LSF. Cette langue, comme toute langue orale, a ses spécificités locales.

L’IEF dispose également de réseaux locaux qui permettent aux familles de se réunir à l’occasion de sorties diverses et variées, festives, sportives, artistiques ou culturelles, en ville ou dans la nature. Ce sont autant d’occasions de rencontrer d’autres enfants, de tisser des liens et de prendre le temps avec ces petits groupes d’expliquer comment communiquer avec un enfant malentendant. 

De la même façon, les associations sportives peuvent pratiquer l’inclusion. Un travail de sensibilisation au handicap de l’enfant peut être mené en début d’année afin que les séances se déroulent de manière compréhensive, tant du côté de l’adulte que des autres enfants. 

Et comme un enfant malentendant développera plus intensément des sens comme la vue et le toucher, profitez, pour les plus jeunes, des ateliers Montessori qui favorisent la coordination œil-main. Les jeux éducatifs en ligne constitueront également de précieux supports d’apprentissage. 

N’hésitez pas à partager votre expérience sur la page Facebook d’IEF Pass-Education afin d’en faire profiter d’autres familles !

Elsa Boulet, du blog Mes Petits Curieux pour Pass-education