IEF et cours formels | Expérience IEF

Aujourd’hui, j’ai eu la joie d’interviewer Babool qui accepte de nous livrer son expérience de l’IEF (Instruction en famille) ! Babool, girondaise de 45 ans, est maman de deux garçons, T. âgé de 13 ans (2005) et L. âgé de 8 ans (2010) tous deux descolarisés durant la maternelle. Anciennement directrice de centre de loisirs, Babool a cessé de travailler et se consacre exclusivement à ses enfants. Mariée, c’est elle qui s’occupe presque totalement de leur instruction.

Pourquoi avoir choisi l’IEF ? 

« Un petit garçon qui est passé de très joyeux à très renfermé, très triste…» T. et L. ont tous deux été scolarisés dans le cursus classique lors de la première et seconde année de maternelle. Babool m’explique que lorsque T., l’aîné, est entré en grande section à 4 ans et demi, son comportement a changé. Auparavant, enjoué, sociable et plein de vie, il s’est replié sur lui-même, refusant d’aller à l’école. « Une dame plutôt stricte, sévère, et qui ne supportait pas que mon fils pose des questions !» Sa nouvelle maîtresse lui reprochait de chantonner mais, également, et plus surprenant, de s’interroger et « d’avoir un avis sur tout ». La famille a donc profité des vacances de la Toussaint pour expérimenter l’IEF afin de terminer l’année de cette façon avant de démarrer le CP que Babool qualifie comme « plus sérieux ». L. a lui aussi demandé à être scolarisé à 3 ans malgré les arguments de sa mère. Sa première année s’est très bien déroulée mais la seconde ayant été plus compliquée, il a souhaité continuer sa scolarité à la maison.

 

Quelle image avais-tu de l’IEF avant de commencer ?
Est-elle très différente de celle que tu en as aujourd’hui ?

« Je pensais que ça se passerait, tel que ça s’est passé ! » Bien avant que la question de l’école ne soit d’actualité, Babool s’est renseignée sur l’IEF. En effet, elle m’explique qu’elle était très fusionnelle avec son garçon et qu’elle ne souhaitait pas le confier à des étrangers pour s’occuper de son éducation et son instruction. Le jeune garçon insistant cependant pour aller à l’école, sa maman a suivi et respecté son choix. « J’avais une image plutôt positive de l’IEF. Au même titre qu’on apprend à nos enfants à marcher, à parler, pourquoi ne pas leur apprendre à compter et écrire ? » Babool précise qu’elle est bien consciente que l’enseignement est un métier, que ça ne s’improvise donc pas. Elle savait néanmoins que l’IEF se passerait en douceur étant donnée la relation qu’elle avait avec son fils mais également son caractère. En effet, elle décrit son enfant comme  facile, curieux de tout. Son expérience en centre de loisirs a été une aide pour débuter l’IEF, car elle avait déjà une approche avec les enfants, une pédagogie ou encore du matériel. Ils ont pu expérimenter certaines méthodes se rapprochant de celles de Montessori, avec beaucoup de manipulations, tout en suivant le programme car elle m’avoue qu’elle ne se sentait pas capable d’essayer le unschooling car elle avait ce sentiment d’être constamment en retard. Ils ont donc également travaillé sur cahiers, en instaurant progressivement de plus en plus d’instruction formelle en arrivant au CP – CE1.

 

Comment fonctionnez-vous aujourd’hui ? 

« On suit le programme. J’ai des manuels, des cahiers, on essaie de fonctionner un peu de façon scolaire parce que je me dis toujours que s’ils souhaitent un jour retourner dans le système il faut qu’ils puissent avoir quelques repères. » Aujourd’hui, la famille utilise toujours des cours formels. Les enfants suivent les programmes de CE2 et de quatrième. D’une part , afin de ne pas être perdus si les enfants sont scolarisés à nouveau. D’autre part, Babool se sent plus rassurée de cette façon. Elle m’explique à nouveau que le unschooling lui fait peur, elle pense que si elle laisse ses enfants faire comme ils le souhaitent ils seront certainement beaucoup devant les écrans et se lèveront tard pour, finalement, n’apprendre que très peu. T. et L. travaillent sur des livres, récupérés dans les écoles ou achetés, grâce aux fiches Pass Education ou d’autres sites internet, sans cours par correspondance. En ce qui concerne les sciences, Babool n’étant absolument pas à l’aise dans ce domaine, voire ne parvenant pas à comprendre ne serait-ce que l’énoncé, elle trouve des vidéos explicatives sur internet. « Ils arrivent à bien travailler… Quand ils s’y mettent ! Il faut que je mette un peu de pression assez souvent. » Les enfants ont un emploi du temps précis, pour chaque jour, basé sur le nombre d’heures officielles en cursus classique quant à la répartition des matières. Ils se lèvent chaque jour aux alentours de 9h30, travaillent ensuite 2h à 2h30 le matin puis deux à trois heures l’après-midi. Ces journées sont, bien entendu, ajustées en fonction des imprévus et de la progression de chacun mais aussi des envies.

 

Pour la sociabilisation, comment fais-tu ?

D’une part, beaucoup d’amis de la famille ont des enfants du même âge que T. et L., ils organisent donc régulièrement des sorties tous ensemble. D’autre part, les garçons sont inscrits à plusieurs activités dans la semaine. T. fait de la batterie depuis qu’il a 5 ans, du cirque… L., quant à lui, suit des cours de théâtre et de musique. Ils vont également tous les deux au karaté. Si leurs amis sont scolarisés, les deux jeunes hommes ne sont pour autant pas en demande pour plus de compagnie en journée. Babool m’explique qu’ils savent que c’est le côté plus négatif de l’IEF.

 

A ce sujet, quels sont, à tes yeux, les points négatifs de l’IEF ?

« Je trouve que c’est assez lourd à gérer en terme d’investissement personnel. » Le premier défaut qu’évoque Babool est la préparation des cours, essentiellement lorsque l’enfant grandit où elle trouve plus difficile de trouver des leçons et exercices déjà prêts. Elle se sent donc projetée dans le rôle de professeur de français, mathématiques, physique-chimie, langues et autres, ce qui n’est pas toujours une promenade paisible et peut parfois être lourd à gérer. « Je trouve dommage qu’on ne trouve pas d’autres personnes pour échanger. » Babool avait pris l’habitude, avec ses fils, de rencontrer une famille IEF durant une année. Les enfants apprenaient le français, tous ensemble, avec le père. Ils avaient monté un projet autour d’un conte. La mère de famille regrette qu’il n’y ait pas plus d’échanges de connaissances de ce type où des parents partageraient leurs points forts ou leurs passions afin de les transmettre de manière plus ludique qu’un parent peu à l’aise dans la matière. « Il y a des moments je passerais bien plus de temps pour moi. » La maman de T. et L. m’explique qu’elle souffre parfois de ne pouvoir s’accorder des moments pour elle, pour se détendre et penser à elle.

 

Et les points positifs ? 

« C’est génial de passer du temps avec ses enfants ! Que l’on soit ensemble ! » Elle me parle de ce qu’ils partagent, leurs sorties, la journée de non-rentrée, tous ces moments où ils sortent des temps formels et purement instructifs et se retrouvent. « On essaie d’avancer ensemble, de construire tout ça ensemble, et ça, ça n’a pas de prix. » Un autre point positif est que les enfants sont moins influencés par l’extérieur, le conditionnement, les modes. Ils ne connaissent ni la violence, ni le harcèlement, contrairement à ce qu’ils auraient pu rencontrer à l’école ou au collège. Babool ironise : « Ca n’existe pas dans notre monde ». La mère de famille les considère comme privilégiés, comme vivants dans un autre monde, plus doux.


Quels conseils donnerais-tu à des familles IEF ? 

Elle réfléchit longuement, avant de conclure qu’elle n’a aucun conseils à donner, que chacun s’adapte à son enfant. Précisant que certaines familles fonctionneront parfaitement en unschooling, d’autres avec des cours par correspondance, d’autres avec des livres ou des fiches trouvées sur internet. « Mon seul conseil est de le faire avec le cœur. » Elle confesse : « Tous les jours je me demande si je fais bien, si je leur rends service […] et je pense que les parents se posent la même question en emmenant leurs enfants le matin à l’école. Que puis-je lui apporter pour que demain il ait les armes pour être un adulte épanoui ? »


Si tu devais choisir un mot pour évoquer l’IEF… 

« Libre-arbitre »

 

Je remercie infiniment Babool d’avoir accepté de m’accorder un peu de son temps afin de me livrer son témoignage de l’instruction en famille. Si vous aussi, vous souhaitez témoigner, rejoignez IEF Pass éducation sur Facebook, Instagram ou Twitter et contactez-nous ! Notre équipe de rédaction sera heureuse de discuter avec vous à propos de votre parcours IEF !

 

 

Chloé, de La Famille Gwaï, pour Pass éducation