Difficultés scolaires : comment les détecter en classe ?

Repérer les difficultés d’apprentissage et aider les élèves

Enseignant débutant ou chevronné, les élèves en difficulté représentent toujours un défi inédit à relever. Qu’il s’agisse de repérer les freins à l’apprentissage, de suggérer un trouble, ou de faire une proposition d’orientation, le maître-mot reste la précaution. En effet, enseigner, ce n’est pas simplement transmettre des savoirs. C’est aussi faire preuve de pédagogie, d’empathie et d’intérêt pour ses élèves, tout en finesse. Lorsque les difficultés scolaires surgissent, comment faire pour les caractériser et apporter une aide adaptée ? Début de réponse.

Gêne dans les apprentissages : effectuez une investigation complète

Pour venir en aide aux élèves en difficulté, suivez un protocole qui vous permettra de garder la tête froide et de proposer l’intervention la plus ciblée possible. Voici les 4 points incontournables :

  1. Observez : notez tous les points qui vous inquiètent et renseignez-vous sur l’élève.
  2. Communiquez : faites part de vos interrogations aux familles et à l’équipe éducative. 
  3. Proposez des solutions.
  4. Faites le bilan et relancez un processus d’aide si nécessaire.

👉Retour du terrain : veillez à faire des parents des alliés. S’ils sentent qu’on leur fait confiance, l’aide sera d’autant plus efficace pour l’enfant qu’elle trouvera un écho à la maison.

Relevez les signaux de difficultés scolaires

Dès les premiers jours de classe, vous aurez détecté les élèves qui ne rentrent pas complètement dans le cadre attendu. Ne vous arrêtez pas à cette simple constatation. Autant que possible, tenez pendant 2 ou 3 semaines un journal de bord de ces élèves avec la date et la nature du comportement qui vous interpelle. Cela vous permettra de déceler plus vite les points saillants et ce sera un support précieux lorsque vous communiquerez avec les familles. Petit récapitulatif des points observables :

  • Attention, concentration : l’élève n’arrive pas à se tenir assis, il semble distrait, ne vous écoute pas, ne finit jamais un travail.
  • Motivation : il ne s’investit pas dans la tâche, il ne participe pas et semble se désintéresser de ce qui se passe. Essayez de distinguer l’ennui de la difficulté que l’élève n’arriverait pas à surmonter.
  • Acquisitions : l’élève peine-t-il dans tous les domaines ou seulement certains ? Souffre-t-il d’un retard en lecture ? 
  • Comportement : relevez avec précision tous les écarts à la règle (déplacements, rapport à l’adulte et aux autres élèves, provocation, accès de colère, intolérance à la frustration, etc.).
  • Habileté : l’enfant a-t-il des difficultés à écrire clairement et rapidement ? Avez-vous remarqué un désarroi face à des tâches comme le rangement, le repérage dans le manuel, les déplacements quotidiens ou le sport ? Prenez garde également à la vue et à l’audition.

Complétez vos observations par le dossier scolaire de l’élève : ce que vous relevez a-t-il déjà été détecté ? Quelles solutions ont été mises en place ? Y a-t-il eu un maintien, une proposition d’orientation ? Comment la famille se positionne-t-elle ? Toutes ces informations sont précieuses pour ne pas perdre de temps et rejouer un scénario inefficace. Enfin, appuyez-vous sur les évaluations pour avoir un aperçu complet du profil de l’élève.

Pour rappel, les difficultés scolaires d’apprentissage se structurent en 3 niveaux :

  • Difficultés isolées et fonctionnelles : il s’agit ici d’un simple retard, d’une variation par rapport au rythme normal d’apprentissage. 
  • Difficultés isolées et structurelles : ce sont les troubles dys dont l’origine est supposée développementale (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie, etc.).
  • Difficultés associées ou secondaires : les problèmes rencontrés sont liés à des carences (socioculturelles, éducatives, affectives), des incidents familiaux ou scolaires, une déficience, un trouble psychique.

Ce sont sur les premières que votre action sera la plus efficace.

Communiquez vos interrogations à l’élève et à la famille

Quelle que soit la problématique, un élève en difficulté risque de ressentir de la fatigue, de l’anxiété voire du désinvestissement. C’est pourquoi la prise en considération de sa situation est un début d’accompagnement. Dans un premier temps, parlez avec votre élève de ce que vous avez observé. Essayez, par des questions ouvertes à l’amener à discuter de ce qui l’empêche d’apprendre en cours, à l’école ou au collège. Montrez que vous avez envie de mieux comprendre. Les reproches ou les sermons ne seront ici d’aucune utilité. Grâce à cet entretien, vous récolterez peut-être de précieuses informations. Par la suite, prévoyez un rendez-vous parents-professeur. Là encore, adoptez une attitude ouverte et bienveillante. Avant d’exposer vos constats, tentez de cerner comment les parents appréhendent la scolarité de leur enfant : prêts à intervenir, impliqués ou au contraire dépassés, en colère, déçus, etc. Cela vous permettra peut-être de finaliser le choix de l’aide que vous allez soumettre.

Proposez une aide pour remédier aux difficultés d’apprentissage

Il existe de nombreux moyens d’accompagner les difficultés scolaires. Voici les principales options.

Aide en classe

Dans ce cas, il s’agit de créer un aménagement du travail ou du cadre pour laisser à l’élève le temps de développer ses compétences. Concernant les apprentissages, cela prendra la forme d’une différenciation, la création de parcours (ex. : ceintures de lecture) ou l’élaboration d’un contrat de réussite avec l’élève. Ces suggestions peuvent être formalisées sous la forme d’un PPRE (Plan Personnalisé de Réussite Éducative) en élémentaire et au collège.

Aide aux apprentissages

Si vous avez un groupe d’élèves qui ont besoin de retravailler une notion spécifique, vous pouvez, en élémentaire : 

  • créer un groupe de besoin en APC (activités pédagogiques complémentaires), hors temps de classe ;
  • solliciter le RASED (réseau d’aide spécialisé pour les élèves en difficultés) pour une intervention sur temps de classe.

Au collège, orientez votre élève vers le dispositif « Devoirs faits ». Enfin, si votre circonscription en propose, suggérez les stages de réussite qui se déroulent pendant les vacances scolaires.

Consultation d’un spécialiste

Vous supposez un trouble des apprentissages ? Seul un spécialiste pourra le diagnostiquer et proposer l’aide adéquate : 

  • orthophoniste pour les troubles du langage (parfois le logico-maths) pour aider un élève dyslexique ;
  • psychomotricien ou un ergothérapeute pour les problèmes moteurs ;
  • médecin traitant puis neurologue pour la détérioration de l’attention ou le soupçon de trouble autistique ;
  • ophtalmologiste ou orthoptiste pour les problèmes de vue ;
  • psychologue pour les différences cognitives (déficience ou douance).

Demande d’aide humaine

Si vous vous trouvez face à un enfant dont la déficience a été diagnostiquée, vous pouvez évoquer l’aide humaine, AESH (Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap) qui permet le maintien de l’élève en classe ordinaire.

Orientation scolaire

Selon le niveau de difficulté scolaire, le parcours et les antécédents, vous serez peut-être amenés à suggérer une orientation ou un maintien. C’est une décision à examiner en équipe et dont le dernier mot reviendra aux parents : 

  • Maintien (ou redoublement) : de plus en plus rare, il doit permettre à l’élève d’avoir plus de temps pour acquérir les compétences attendues. C’est une solution envisageable pour un élève studieux et confiant en sa marge de progression. Dans le cas contraire, c’est totalement contre-productif.
  • Orientation en SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté) : souvent pressentie dès le CM1, la SEGPA permet à un élève aux compétences fragiles de bénéficier d’un petit groupe (16 maximum) et de l’accompagnement d’un enseignant dédié lors du passage en 6ème. Cette décision est étayée par des évaluations passées avec l’équipe du RASED.
  • Orientation en ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire) : appuyée par des tests psychologiques, la suggestion d’intégrer un dispositif ULIS concerne les élèves porteurs de handicap, présentant des troubles autistiques ou moteurs. Il s’agit bien d’un dispositif et non d’une classe. Cette solution concerne l’élémentaire et le collège.

Faites le bilan pour aider l’élève à mieux apprendre

Selon la nature de l’aide proposée, vous devez à terme analyser les bénéfices ou les manques. Comment ? Reprenez les objectifs que vous vous étiez fixés (notamment dans le PPRE) et voyez s’ils sont atteints ou non. Il conviendra alors, en équipe ou au sein de la classe, de proposer d’autres aménagements pour remédier aux difficultés scolaires.

👉Si vous avez besoin d’une fiche récapitulative, n’hésitez pas à télécharger notre outil : Quelles aides proposer aux élèves en difficulté ? – CRPE 2022

 



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