Meurtre à Honfleur, Martine Delerm, 1997 – 4ème – Littérature – Cycle 4 – PDF à imprimer

Lecture sur Meurtre à Honfleur, Martine Delerm, 1997 en 4ème.

De Honfleur la nuit, je ne connaissais que les nuits d’été, la douceur bienfaitrice des ruelles pleines de rires, de cris joyeux, les terrasses où traînent les derniers Parisiens, les marchands d’art qui bavardent entre eux en raccrochant leurs volets et puis encore quelques odeurs de moules frites qui flottent ici et là… Mais le Honfleur des tempêtes de novembre, toutes portes closes, me rejetait dans de vieilles peurs venues du fond des siècles que je n’arrivais plus à refouler. […] J’étais arrivée près de la rue du Dauphin quand un bruit de pas me poussa dans l’ombre d’une porte, on venait !

Un homme massif, sous un large parapluie noir, faisait résonner le trottoir en cadence. Je reconnus mon voisin, ces gros yeux globuleux, cette barbe rousse qui lui mange le visage, ces poils sur les mains… J’eus soudain très peur qu’il m’ait vue. Je me plaquai au mur… Il passa et s’engagea dans la rue du Dauphin… Je m’en voulais de ces angoisses irraisonnées, mais je décidai quand même d’emprunter un autre chemin. Tant pis pour le détour ! Je m’élançai le long du vieux bassin, je marchais, je courais, trempée jusqu’aux os, giflée par les rafales. De temps à autre la lumière d’une fenêtre sans volets me redonnait un peu de courage.

Sur le quai désert, je ne croisai plus personne et j’arrivai enfin à l’escalier, au pied de l’église Sainte-Catherine. Je ralentis pour reprendre haleine. La place peu éclairée n’offrait rien de rassurant sous cette pluie battante. La charmante église tout en bois sculpté découpait sur le ciel une silhouette menaçante et noire… Je frissonnais de peur, de fatigue, de froid… Soudain, je le vis… un corps sombre en travers de l’escalier.

    Meurtre à Honfleur, Martine Delerm, 1997

Compréhension du texte :

Que savait la narratrice de Honfleur la nuit, avant cette scène ?

 En quoi l’ambiance de Honfleur en novembre est-elle différente de celle qu’elle connaissait ?

Que ressent la narratrice lorsqu’elle croise son voisin ? Justifiez en citant le texte.

Pourquoi décide-t-elle de changer de chemin ? Quelle est son attitude à ce moment-là ?

La ville entre réalité et inquiétude

Quels éléments rendent la ville de Honfleur inquiétante dans ce passage ?

Relevez au moins deux sens utilisés dans la description de la ville dans le deuxième et troisième paragraphe. Quel effet cela produit-il ?

La charmante église tout en bois sculpté découpait sur le ciel une silhouette menaçante et noire…

  1. a) Que révèle cette description sur l’état d’esprit de la narratrice ?
  2. b) En quoi cette image transforme-t-elle la perception du lieu ?

La ville comme lieu de suspense

Quel est le point de vue adopté dans le texte et quelle est sa fonction ?

Comment l’autrice crée-t-elle du suspense dans les dernières lignes du passage ?

Comment ce passage prépare-t-il le lecteur à une intrigue policière ?

Pour débattre – Lanceur d’écriture :

Pensez-vous que la peur ressentie dans un lieu familier peut transformer notre perception de ce lieu ? Avez-vous déjà vécu une expérience où un endroit ordinaire et connu vous a semblé inquiétant ? Racontez cette expérience ou imaginez-en une.

 



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