Les Misérables, Victor Hugo, 1862 – 4ème – Littérature – PDF à imprimer

Lecture sur Les Misérables, Victor Hugo, 1862 en 4ème.

[…] Paris exprime le monde.

Car Paris est un total. Paris est le plafond du genre humain. Toute cette prodigieuse ville est un raccourci des mœurs mortes et des mœurs vivantes. Qui voit Paris croit voir le dessous de toute l’histoire avec du ciel et des constellations dans les intervalles. Paris a un Capitole1, l’Hôtel de ville, un Parthénon, Notre-Dame, un Mont-Aventin2, le faubourg Saint-Antoine, un Asinarium3, la Sorbonne, un Panthéon, le Panthéon, une Voie Sacrée4, le boulevard des Italiens, une Tour des Vents5, l’opinion ; et il remplace les Gémonies par le ridicule. Son majo6 s’appelle le faraud7, son transtévérin8 s’appelle le faubourien, son hammal s’appelle le fort de la halle, son lazzarone s’appelle le pègre, son cockney s’appelle le gandin.

Tout ce qui est ailleurs est à Paris. […]

Cherchez quelque chose que Paris n’ait pas. La cuve de Trophonius9 ne contient rien qui ne soit dans le baquet de Mesmer9 ; Ergaphilas ressuscite dans Cagliostro10 ; le brahmine Vâsaphantâ s’incarne dans le comte de Saint-Germain11 ; le cimetière de Saint-Médard fait de tout aussi bons miracles que la mosquée Oumoumié12 de Damas.

[…] Paris est synonyme de Cosmos. Paris est Athènes, Rome, Sybaris13, Jérusalem, Pantin14. Toutes les civilisations y sont en abrégé, toutes les barbaries aussi. […]

Les Misérables, Victor Hugo, 1862,

(Troisième partie, livre premier)

QUESTIONNAIRE

Compréhension du texte :

Quel est le sujet principal du texte ?

 Que veut dire l’auteur quand il écrit “Paris exprime le monde” ?

Trouve une phrase qui montre que Paris est un mélange du passé et du présent.

Pourquoi Victor Hugo compare-t-il Paris à des lieux célèbres comme Athènes, Rome ou Jérusalem ?

La ville comme lieu universel :

Quelle figure de style est utilisée dans l’expression “Paris est le plafond du genre humain” et que veut dire l’auteur à travers celle-ci ?

  1. Une métonymie b) Une métaphore             c) Une personnification

Comment l’auteur montre-t-il que Paris rassemble des influences de différentes cultures et époques ?

Pourquoi Victor Hugo affirme-t-il que ” tout ce qui est ailleurs est à Paris ” ? Quel effet cette phrase produit-elle ?

Observe la diversité des personnages et des catégories sociales évoquées dans le texte. En quoi renforce-t-elle l’image de Paris comme une ville universelle ?

La ville contrastée :

Fais une recherche rapide sur les « Gémonies », mentionnées en début de texte. Que veut dire Victor Hugo quand il dit qu’elles sont remplacées par le ridicule ?

Observe l’énumération des villes à la fin du texte. Pourquoi Victor Hugo mentionne-t-il Pantin à la fin ?

Relève la phrase qui met en évidence la dualité de Paris dans la fin du texte. Quelle est l’idée développée par l’auteur ici ?

Pour débattre :

A– Victor Hugo décrit Paris comme un « résumé du monde », un lieu où toutes les cultures se croisent. Aujourd’hui encore, Paris est perçue comme une capitale cosmopolite et influente. Pensez-vous qu’elle reste le symbole de la diversité culturelle dans le monde actuel ? Connaissez-vous d’autres grandes villes qui pourraient revendiquer ce rôle ?

B – Les grandes villes sont souvent des lieux de contrastes marqués entre richesse et pauvreté, culture et violence. Paris, telle que décrite par Victor Hugo, reflète cette dualité. Pensez-vous que toutes les grandes villes présentent ces inégalités et ces oppositions ? Peut-on imaginer une ville qui échappe à ces tensions ? Pour répondre, tu pourras utiliser les deux documents ci-dessous.

Vous trouverez ci-dessous, un extrait d’interview et un extrait de roman sur les contrastes dans les grandes villes.

  1. Extrait de l’interview de Sylvie Tissot, sociologue française : « La gentrification, le nouveau visage de nos villes » (2023)

La gentrification transforme nos quartiers, nos logements, nos commerces et l’espace public. Quel est ce phénomène et d’où vient-il ?

La gentrification, c’est l’embourgeoisement d’un espace populaire, une transformation sociale, matérielle et symbolique. Elle s’achève par un processus d’appropriation par des classes sociales issues de la classe moyenne et supérieure et une sorte d’expropriation des classes populaires, de ceux qui étaient là avant.

À l’origine, la gentrification, on l’a surtout vue dans des quartiers de villes américaines et anglaises, comme Londres, New York, ou San Francisco. Depuis la fin des années 90, le phénomène de la gentrification s’est accéléré. Les grandes villes ne sont plus les seules concernées. Par exemple, en Île-de-France, Pantin et Montreuil connaissent une gentrification. Elle a pour conséquence une flambée des prix de l’immobilier et donc une accélération des inégalités sociales, les habitants des classes basses ne peuvent plus payer les loyers et doivent donc partir.

  1. Extrait de « Manhattan Transfer » de John Dos Passos (1925), décrivant la ville de New-York :

“Les gratte-ciel projetaient leurs ombres anguleuses sur les trottoirs où déambulaient des vendeurs à la criée, des mendiants aveugles secouant leur gobelet, et des hommes d’affaires à la mine grave. Sur les marchés de Lower East Side, les accents italiens, yiddish et irlandais se mélangeaient dans un brouhaha incessant, tandis que plus loin, à Broadway, le tintement des verres dans les bars chics résonnait d’un tout autre monde. New York semblait contenir toutes les vies, toutes les langues, toutes les fortunes et toutes les misères, entassées dans un même fracas.”

 



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