Co-éducation en maternelle : conseils pour une mise en place réussie

Accueillir les parents et établir une relation de co-éducateurs

Une fois l’enfant scolarisé, parents et enseignants partagent l’éducation de l’enfant. La bonne intelligence de ce partage devient dès lors une nécessité. On parle alors de co-éducation. Portant en elle le principe de collectivité, elle est l’ensemble des relations des partenaires éducatifs œuvrant dans le processus d’éducation de l’enfant. Quels sont les enjeux de la co-éducation en maternelle et comment la mettre en place pour œuvrer en faveur de la réussite de l’enfant ?

Enjeu de la co-éducation en maternelle :

Ce que disent les textes officiels

Les programmes de 2015 accordent un paragraphe à « l’école qui accueille les enfants et leurs parents dans le respect mutuel de chacun ». Ils insistent sur la nécessité d’un dialogue régulier et constructif entre enseignants et parents. La confiance et la compréhension mutuelle entre tous les acteurs éducatifs apparaissent comme essentielles à la réussite des élèves. Devenant un élément de première importance dans la posture professionnelle de l’enseignant, la co-éducation fait également l’objet d’items dans le référentiel de compétences du professeur des écoles et dans la grille d’évaluation de l’inspecteur lors des PPCR : « coopérer avec les parents mais également contribuer à l’action de la communauté éducative ».

Obtenir l’adhésion des parents

Tous les enseignants sont d’accord pour dire que l’implication des parents est un facteur essentiel de réussite scolaire. Tous les parents souhaitent que leurs enfants réussissent. Pour autant, il est important de ne pas considérer que tous les parents doivent adhérer sans condition sous prétexte de l’expertise de l’enseignant. En effet, certains parents sont méfiants vis-à-vis de l’école, de l’institution. Parfois c’est leur passé d’élèves qui est douloureux. Certaines familles traînent avec fatalité le fardeau de l’échec scolaire voire un antagonisme face à l’école. Pour les enfants issus de ces familles, oser être bien à l’école, s’y investir et réussir est compliqué. Votre posture professionnelle peut dénouer ce conflit de loyauté dans lequel certains enfants sont englués. Certains enseignants redoutent une intrusion parentale, un jugement mais à aller à la rencontre de ces familles, sans a priori, ce qui est à gagner, en plus de la réussite de l’élève, c’est la reconnaissance. Parlant de relations humaines, ce serait mentir que de sous entendre que la chose est facile. Il va vous falloir adapter votre posture pour trouver le juste équilibre relationnel.

Coopérer avec les parents dans une relation de confiance :

La co-éducation est une responsabilité éducative partagée où chacun doit garder sa liberté, éducative pour les parents, pédagogique pour les enseignants. C’est donc un processus complexe dans lequel les rôles ne doivent ni être confondus ni trop cloisonnés. Les règles du jeu et les dispositifs nécessaires à sa mise en place doivent venir des professionnels, vous. Voici donc quelques pistes de réflexion à adapter à la réalité de vos écoles et classes.

Avant la première scolarisation :

  • Définir un protocole d’accueil pour la première scolarisation mais aussi pour toute nouvelle inscription. Celui-ci peut comprendre la rédaction d’un livret d’accueil adapté à chaque cas de figure, une visite de l’école pour les parents et le futur élève, avec rencontre de l’enseignant.
  • Les classes passerelles pour les petits de la prochaine rentrée. Cela peut être 1 heure le mercredi après-midi, la motricité 1 fois par semaine, etc.
  • La rentrée peut avoir lieu, avec accord de l’IEN, de manière échelonnée pour permettre une rencontre et un accueil individualisé.

Durant l’année :

  • La réunion de rentrée, à un horaire facilitant la venue du plus grand nombre, est l’occasion de vous présenter à tous, de présenter la classe et les grandes lignes de votre pédagogie. Elle est l’occasion de clarifier le fonctionnement de l’école et d’expliciter les attendus. C’est le moment de dire votre disponibilité et de faire le point brièvement sur les aides possibles à la maison. Permettre aux parents allophones de venir accompagnés du traducteur de leur choix (en évitant toutefois que ce soit un enfant) est un point rassurant et facilitateur de communication.
  • Impliquer les parents dans la vie de leur enfant à l’école : ateliers jeux, café parents, blog, compte rendu de fin de période. Faire venir les parents à l’école pour des activités particulières pour laquelle ils ont une expertise, mais également pour accompagner un atelier arts plastiques qui mérite davantage d’accompagnement, pour lire ou raconter une histoire, jouer d’un instrument de musique, etc. La mise en place d’un blog peut également être l’occasion de faire entrer un peu l’école à la maison. Les articles, écrits par vous et/ou les élèves selon le contenu, peuvent jouer le rôle d’un cahier de vie et raconter un peu l’école.
  • Rendre compte des progrès : les cahiers de réussite et carnet de suivi des apprentissages, la synthèse de fin de maternelle, des entretiens individuels réguliers. La remise du CSA en main propre est l’occasion de faire état des progrès et difficultés, d’obtenir des clefs de compréhension voire de trouver ensemble des leviers.
  • En mettant un point d’honneur à accueillir l’élève et ses parents le matin, en ayant un petit mot le soir pour certains parents, vous maintenez le dialogue au quotidien. Vous pouvez également utiliser les outils à disposition. En laissant le cahier de liaison dans le sac de l’enfant, vous permettez les échanges avec les parents. Le numérique peut aussi faciliter les échanges. En effet, le mail peut être un bon moyen de communiquer, notamment pour certains parents dont l’écrit est une difficulté puisqu’il permet la mise œuvre de correcteurs orthographiques.

La qualité de la co-éducation repose sur une confiance réciproque dans laquelle l’écoute des familles est primordiale.

Les autres acteurs de la co-éducation en maternelle :

Durant le temps scolaire de l’enfant, d’autres adultes interviennent dans son éducation, entrant également dans ce processus de co-éducation. Bien souvent, c’est vous, les enseignants, qui êtes à la croisée des chemins et faites le lien. Là aussi, une clarification des attentes et explicitations des rôles de chacun dans cette relation est essentielle.

  • L’ATSEM, présente à chaque moment de la journée de l’enfant, a une place de choix dans cette relation. Entrant régulièrement en contact avec les parents, elle doit avoir une posture professionnelle adaptée, qui peut être définie dans une fiche de poste.
  • Les AVS (auxiliaire de vie scolaire) / AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) interviennent aux côtés de l’enfant selon un temps et des modalités définies par le PPS (projet personnalisé de scolarisation) et le GEVA-Sco (guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation) de chaque enfant.
  • Les membres du Rased qui agissent aux côtés de l’enfant et peuvent, pour vous, être des personnes ressources.
  • La liaison GS/CP, passage de pouvoir entre vous et le futur enseignant de CP, joue un rôle primordial pour la mise en confiance de l’élève et de ses parents.
  • Le PEDT (projet éducatif territorial) est également un point essentiel de cette co-éducation. Il définit notamment les relations entre les différents acteurs locaux de l’éducation : l’école, la garderie, le centre de loisirs.

C’est la mutualisation entre les différentes personnes qui éduquent et instruisent l’enfant qui va aider l’enfant et mieux l’accompagner.

 



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