Le langage au sein de la pédagogie Montessori – PDF à imprimer

Au sein de la pédagogie Montessori, la matière du français n’existe pas, on parle du langage, celui-ci est composé de 6 grands axes. D’après Maria Montessori, l’esprit de l’enfant est absorbant de 0 à 6 ans et même peut-être avant (pendant la grossesse) d’après les neurosciences. L’esprit absorbant est le développement naturel via une imprégnation permanente de ce que l’enfant entend. Il est donc indispensable de lui parler beaucoup et avec précision dès la naissance. Il a une faculté extraordinaire d’apprentissage, notre rôle, en tant qu’adulte, est d’une très grande importance.

« Les activités de langage oral sont vitales. Les trois premières années de sa vie, l’enfant absorbe le langage comme un tout de manière inconsciente. Puis il consolide cette acquisition, sa capacité à parler, son vocabulaire, et clarifie son discours. Les activités de langage oral sont également les fondations indispensables pour une exploration future de l’écrit. En effet, l’enfant doit avoir élaboré et structuré son langage oral avant d’aborder avec facilité le langage écrit. Ces activités vont donc préparer l’enfant à l’autonomie et à la créativité en écriture ainsi qu’à l’aisance et à la compréhension en lecture. »

Sylvia Dorance pour Ecole Vivante.

 

1er axe : le Langage oral (dispatché en 2 catégories)

L’enrichissement du vocabulaire et l’entraînement au langage.

L’enrichissement du vocabulaire permet à l’enfant dès qu’il a acquis le langage de se faire comprendre et de comprendre les autres. Inutile de vous dire que tout bruitage bizarre comme les areu, gaga etc… ne servent à rien. Les activités consistent à travailler avec les objets de l’environnement de l’enfant. La leçon en 3 temps est alors utilisée qui consiste à nommer l’objet puis de demander à l’enfant de montrer et pour finir, on lui demandera d’identifier l’objet. En général, 3 objets (lettres, chiffres, mots par la suite) sont nécessaires pour chaque leçon en 3 temps.  Les images classifiées sont un outil intéressant pour aider l’enfant à classifier et mettre en relation des objets et leur environnement et pour lui faire découvrir ce qui existe à l’extérieur de chez lui et qu’il n’aura peut-être pas la possibilité de découvrir autrement (exemple : les animaux de la savane si l’enfant vit en France). Voici un exemple de carte classifiée sur le thème de l’automne.

Les images classifiées doivent classées par thème en partant du général (exemple : les animaux) au particulier (exemple : les animaux domestiques, les animaux sauvages). Les cartes doivent toutes être de même format et de même taille. Elles doivent être facilement identifiables et les dessins réalistes. Il est important de changer et d’enrichir régulièrement les cartes pour renouveler l’intérêt  de l’enfant et surtout répondre à son intérêt du moment. Elles sont présentées aussi via la leçon en 3 temps, notez qu’il est indispensable de ne prononcer uniquement le mot commun et non pas le groupe nominal (déterminant + nom). Exemple : « Un arbre » et « arbre », préférez largement « arbre » au risque sinon d’entendre l’enfant dire « narbre ».

L’entrainement du langage consiste à lire beaucoup d’histoires en raconter aussi, chanter des comptines, découvrir des poèmes et engager des conversations avec l’enfant. Raconter une histoire permet de rendre le récit plus dense et affectueux. La lecture d’une d’histoire doit toujours avoir un lien avec la vie de l’enfant dans un premier temps. N’hésitez pas à « jouer » l’histoire, à lui poser des questions et converser avec l’enfant au sujet de ce qu’il a écouté. Vous pourrez vérifier de cette façon s’il a compris le sens de ce qu’il a entendu. Pensez à installer un coin livre dans la pièce de vie de la maison (ou dans la classe), un coin chaleureux, au calme et avec de jolis livres bien rangés à hauteur de l’enfant. Quant aux chansons et poèmes, ils plaisent au jeune enfant qui est en période sensible du langage. Le langage des poèmes est une forme différente du langage qu’il connaît. L’enfant fait ainsi l’expérience de la littérature soignée et cela lui permet de travailler le langage articulé. Choisissez des poèmes courts et simples, qui jouent sur la musique des mots. Pensez à donner le titre et le nom de l’auteur. N’hésitez pas à utiliser l’actualité locale via les journaux pour lancer une conversation avec l’enfant, celle-ci devra être riche en évitant le questionnement à tout prix. Préférez : « Je suis allée à la librairie avant de venir te chercher, j’y ai vu un très joli livre et toi, que faisais-tu pendant que tu m’attendais ? » plutôt que « Qu’est-ce que tu as mangé à la cantine aujourd’hui ? Ça c’est bien passé à l’école ? ». Il existe aussi le tableau des événements qui permet à l’enfant de comprendre petit à petit le concept du passé et du futur. Lorsque l’événement est passé, invitez l’enfant à positionner le post-it dans la colonne « passé ».

2ème axe : l’introduction à l’écriture (déclinée en 6 parties)

L’entrée dans l’écrit démarrant avec les signes graphiques, l’apprentissage de l’écriture, une action particulièrement complexe qui demande beaucoup de préparation avant même de tendre un crayon à l’enfant (décomposer et préparer l’acte d’écrire, apprendre les lettres, les mots, les signes conventionnels, les phrases…).

Pour cela, la pédagogie Montessori met à disposition du matériel, notamment sensoriel ou sous forme de jeu comme « le jeu des sons » qui consiste à prononcer des mots distinctement en commençant par les sons en début de mots. Commencez par des mots familiers comme, par exemple, le prénom de l’enfant ou le vôtre. Demandez à l’enfant : “Connais-tu mon prénom ?” L’enfant répond. Insistez bien sur le premier son.  “Oui, mon prénom est AAAAAlice.” Montrez-lui des objets et demandez-lui s’il voit un objet commençant par le son « A » etc… Inutile de respecter l’ordre alphabétique, commencez plutôt par des sons simples, facile à reconnaître, il s’agit d’éviter de « ffff » le même jour que « vvvvv » par exemple. Continuez ensuite avec les sons en fin de mots et pour finir les sons en milieu de mots.

Un matériel sensoriel indispensable à la maison ou en classe sont les lettres rugueuses.

Elles renseignent l’enfant sur le mouvement de l’écriture (amorce, sens et trajectoire du geste).

 

 

 

 

 

 

Elles permettent aussi de mettre en relation le symbole et le son.

 

 

 

 

 

L’enfant doit avoir déjà bénéficié d’une préparation pour le toucher avec les planchettes rugueuses et avoir joué suffisamment avec tous les sons que les symboles représentent, à travers le jeu des sons.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le papier de verre agit comme un contrôle de l’erreur. A tout moment, les doigts de l’enfant sont guidés par la forme de la lettre. Ici aussi, il s’agira de faire une leçon en 3 temps pour présenter 3 lettres.

Que ce soit lettres ou chiffres, voici comment faire une leçon en 3 temps :


Un autre matériel qui peut être utilisé en parallèle des lettres rugueuses c’est l’alphabet mobile. L’enfant connaît la graphie et le son de la lettre, il éprouvera l’envie d’écrire ses premiers mots, parfois, il ne sentira pas prêt d’un point de vue motricité fine, il pourra donc utiliser l’alphabet mobile.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Un autre avantage de ce matériel est le fait que l’enfant compose les mots de son choix, ceux qui l’intéressent, ce qui est évidemment plus motivant et psychologiquement moins lourd que de lire ou de recopier le mot (traduire la pensée) de quelqu’un d’autre, comme c’est le cas avec un manuel traditionnel. En voulant traduire sa pensée par écrit, l’enfant est amené à analyser les sons qui composent SON mot. Il découvrira ainsi et par lui-même, le principe de la combinatoire syllabique. Son intelligence assemblera naturellement, sans même se poser la question, mais simplement parce qu’il les entend dans le mot qu’il veut écrire, les sons d’une consonne et d’une voyelle pour former une syllabe. Puis il enchaînera les syllabes, toujours parce que c’est ce qu’il entend dans le mot qui l’intéresse. On n’est donc pas dans la méthode syllabique, parce que c’est le mot et sa signification qui intéressent l’enfant, pas les syllabes en elles-mêmes… qui n’ont aucune signification. Dès lors que l’enfant a composé son premier mot, il est capable de déchiffrer et de commencer à lire parce qu’il a “intégré” le principe des associations indispensables à la lecture. »

Sylvia Dorance.

Il existe un autre matériel sensoriel très intéressant : les formes à dessin.

 

 

 

 

 

Ce matériel poursuit le travail d’éducation de la main démarré par les activités de Vie pratique et de Vie sensorielle au sein de la pédagogie Montessori. Il aide l’enfant à acquérir la souplesse du poignet pour le contrôle du tracé en utilisant un instrument d’écriture : l’enfant apprend à bien tenir son crayon (bonne position des doigts sur le crayon et position correcte de la main), il apprend à gérer l’espace graphique du papier, il affine sa perception des formes, des dimensions, des espaces, il développe l’élan, la continuité, la fluidité de son geste d’écriture, il apprend à se concentrer sur son activité et à bien suivre des yeux son geste, ses doigts, son tracé. Il est possible d’utiliser les formes à dessin sous forme de 9 activités.

3ème axe : Premières activités de lecture.

Il s’agit d’utiliser des boîtes de lecture qui respectent une progression. Ces boîtes de lecture sont appelées aussi « série rose », « série bleue » et « série verte ». Vous aurez besoin aussi d’une boîte contenant « les mots outils ».

Au sein de la pédagogie Montessori, au début, l’adulte écrit devant l’enfant, ce qui souligne l’aspect dynamique de l’acte d’écrire, alors que trop souvent, dans la pédagogie traditionnelle, les « modèles » sont préparés à l’avance et donc en dehors de la présence de l’enfant. Pour savoir si l’enfant est prêt à apprendre à écrire, il faut avoir observé attentivement son travail avec les Lettres mobiles. Il doit être capable de lire les mots qu’il a formés. Il existe un jeu appelé « les ordres », « les commandes » ou bien « les actions ». L’enfant traduit en mouvement ce qu’il a lu. Ce sera une série d’étiquettes sur lesquelles l’adulte écrira par exemple « marche vite». A ce stade, vous pouvez tout à fait commencer à présenter des petits livres, nous vous recommandons vivement cette collection écrite par Anaïs Galon.

Vous pouvez aussi fabriquer des pochettes de lecture. Ici, nous vous présentons celle proposée par l’Ecole Vivante :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un autre atelier qui suit la progression des séries rose, bleue et verte, ce sont les dictées muettes qui consistent à étaler les images d’objets sur laquelle on trouvera sur le verso le nom de l’objet. L’enfant devra écrire soit avec l’alphabet mobile soit au crayon le nom de l’objet. L’enfant ne devra pas attendre l’adulte pou se corriger, il n’aura qu’à retourner la carte image et découvrir le mot écrit et comparer avec le sien.

  

 

 

 

 

 

 

Aussi, il est très utilisé les cartes de nomenclature composées d’images et de mots ou de textes classés dans des pochettes, enveloppes et structurés de la manière suivante :

  • Cartes de nomenclature n°1 (la plus répandue): un dessin et son nom sur une carte carrée (carte renseignée) et la même carte sans le nom (carte muette) accompagnée d’une étiquette portant le nom.

 

 

 

 

©Ecole Vivante 2012

  • Cartes de nomenclature n°2 : le même dessin que sur la carte 1, mais en gris, avec de la couleur uniquement sur la partie décrite sur la carte du texte qui l’accompagne. Il y a en général entre 4 et 6 couples texte-dessin par sujet. A cela s’ajoutent des étiquettes avec le mot de la partie décrite.

 

 

 

 

 

©Ecole Vivante 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

©Ecole Vivante 2012

  • Les cartes de nomenclature n°3 :

 

 

 

 

 

©Ecole Vivante 2012

Il en existe d’autres sortes, prenez le temps de les découvrir.

Pour finir, l’enfant pourra se servir des livrets

 

 

 

 

 

 

 

 

©Ecole Vivante 2012

 

4ème axe : l’écriture manuscrite

« Dans la pédagogie traditionnelle, on s’attend à ce que l’enfant saisisse le plus tôt possible un stylo pour commencer à écrire des lignes de lettres sur le papier. Dans l’approche Montessori, le travail sur la forme des lettres ne se fait pas à partir de pages d’écriture. Un important travail préparatoire aide d’abord l’enfant. Le travail avec les Lettres rugueuses en est un exemple. En français, le verbe “écrire” recouvre plusieurs habiletés : tracer, écrire, composer des mots, transcrire… Le travail montessorien prend en compte toutes ces activités. »

Sylvia Dorance.

Grâce aux activités de vie pratique effectuées au préalable, l’enfant sera en mesure de reconnaître l’orientation de gauche à droite,  de coordonner son regard et les mouvements de sa main, à planifier son travail. Les activités de Vie sensorielle l’ont préparé à percevoir et à reconnaître les différences de tailles. Les premières activités de langage lui ont permis de prendre conscience de l’importance des sons.

Du matériel sera nécessaire comme l’évoque Céline Alvarez dans une de ses conférences :


Cet apprentissage passera par l’étude de la ponctuation et juste après l’enfant pourra découvrir le 5ème axe : Les Grands Récits. Pour intéresser les enfants de primaire et leur transmettre une sorte de bagage culturel fondamental de l’humanité, Maria Montessori avait créé Les Grands Récits : La Terre, La vie, L’Homme, L’écriture, Les nombres. Ces récits s’accompagnent d’expériences scientifiques, de scènes jouées de manière un peu théâtral, des ateliers de découverte…

Vient ensuite le 6ème axe qu’est la grammaire. L’enfant apprendra dans un 1er temps la nature des mots notamment avec des symboles.

      

 

 

 

 

 

 

 

Puis les fonctions :

Ce dernier axe sera abordé lors d’un prochain article, promis, nous ne vous laisserons pas longtemps sur votre faim !

La photo de présentation :

 

 

 

 

 

 

 

Delphine Bessière, pour Pass education