Mathématiques : du concret vers l’abstrait – PDF à imprimer

Selon Maria Montessori, l’esprit des mathématiques fait parti de l’esprit absorbant de l’enfant, cette capacité d’abstraire, de raisonner, de chercher, d’imaginer, de calculer, de mesurer et de faire preuve de précision. Il semblerait que dans la mesure où l’environnement de l’enfant est propice, il a le pouvoir de développer son potentiel mathématique. Maria Montessori parle de périodes sensibles, celle des maths commence vers l’âge de 3 ans et demi jusqu’aux 6 ans de l’enfant. On connaît davantage l’expression « La bosse des maths » et il s’avère que nous en sommes tous dotés ! Oui, nous l’avons tous et c’est vérifiable aujourd’hui grâce à l’imagerie cérébrale.

Edouard Séguin et Maria Montessori en étaient persuadés sans pour autant en apporter la preuve scientifique. Stanislas Dehaene (professeur au Collège de France) et Marie Almaric (chercheuse en neuro-imagerie cognitive à l’INSERM-CEA) ont obtenu des résultats impressionnants en 2016. Ces observations ont été réalisées par d’autres scientifiques et corroborent l’hypothèse que « la pensée mathématique serait indépendante du langage, contrairement à ce que certains scientifiques soutiennent, comme le linguiste américain Noam Chomsky. Elle préexisterait même l’acquisition du langage et à l’apprentissage des maths à l’école » nous dit Marie Almaric. Pour exemple, des patients aphasiques (incapables de parler) ont réussi à effectuer des calculs, des nourrissons âgés de quelques jours ont pu discerner des quantités… De là, comment exploiter ce potentiel énorme que nous recevons tous à la naissance ? Rendre plus tangibles les mathématiques ? Une méthode existe, inspirée par plusieurs travaux, qui synthétise « tout ce qui fonctionne en didactique des maths » (Jean Nemo, directeur de la Librairies des écoles). Conçue en 1980, la méthode de Singapour s’inspire de Bruner (pour le passage du concret à l’abstrait), de Montessori (pour l’utilisation du matériel sensoriel) et de Polya (pour la résolution de problèmes). Cette méthode amène les enfants à :

  • Raisonner, construire le sens
  • Se rendre compte de la présence des maths dans la vie
  • Aller progressivement vers l’abstraction

Il n’est pas rare de rencontrer des élèves d’à peine 6 ans qui abordent les 4 opérations avec facilité dans les pays pratiquant la pédagogie Montessori et particulièrement la méthode Singapour. Pourquoi ? Il semblerait que de permettre aux enfants d’être acteurs, de manipuler des cubes, des perles pour accéder à la multiplication et à la division est bien plus performant que leur apprendre à poser une opération pour trouver un résultat. Donner les outils nécessaires pour raisonner de manière autonome et permettre aux enfants d’appuyer leur raisonnement paraît primordial afin d’exploiter leurs capacités phénoménales à apprendre. C’est Céline Alvarez qui dit que « le cerveau humain est câblé pour apprendre » et grâce à toutes les recherches de ces dernières années, nous pouvons affirmer que c’est une vérité.

En France, nos enfants sont classés parmi les derniers au classement PISA des pays de l’Union Européenne, depuis ce constat malheureux, en 2017, Jean Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale actuel a créé le conseil scientifique présidé par Stanislas Dehaene, a nommé Cédric Villani, chercheur mathématicien, médaillé Fields et député de l’Essonne pour diriger une mission afin d’améliorer l’enseignement des mathématiques dans nos écoles. Son rapport est sorti le 12/02/2018 et contient 21 mesures qui devraient améliorer, si elles sont appliquées, la performance de nos chères têtes blondes. P’tit clin d’œil à Dorothée Badinier, professeur des écoles qui a fait partie de cette commission et auteur du manuel de « Mathématiques pour les GS  Méthode de Singapour » et le manuel « Calcul GS » inspiré de la pédagogie Montessori qu’elle pratique depuis quelques années maintenant avec ses élèves.

 

 

Delphine Bessière, pour Pass Education