Lecture sur Lettre de Victor Hugo à sa femme Adèle, 22 août 1834 en 3ème.
Je viens mon Adèle, de relire ta lettre du 14, bien heureux de la trouver si bonne, et bien triste de la trouver seule.
[…] Je suis réconcilié avec les chemins de fer ; c’est décidément très beau. Le premier que j’avais vu n’était qu’un ignoble chemin de fabrique. J’ai fait hier la course d’Anvers à Bruxelles et le retour. Je partais à quatre heures dix minutes et j’étais revenu à huit heures un quart, ayant dans l’intervalle passé cinq quarts d’heure à Bruxelles et fait vingt-trois lieues de France.
C’est un mouvement magnifique et qu’il faut avoir senti pour s’en rendre compte. La rapidité est inouïe. Les fleurs du bord du chemin ne sont plus des fleurs, ce sont des taches ou plutôt des raies rouges ou blanches ; plus de points, tout devient raie ; les blés sont de grandes chevelures jaunes, les luzernes sont de longues tresses vertes ; les villes, les clochers et les arbres dansent et se mêlent follement à l’horizon ; de temps en temps, une ombre, une forme, un spectre debout paraît et disparaît comme l’éclair à côté de la portière ; c’est un garde du chemin qui, selon l’usage, porte militairement les armes au convoi. On se dit dans la voiture : C’est à trois lieues, nous y serons dans dix minutes.
Le soir, comme je revenais, la nuit tombait. Le convoi qui allait à Bruxelles a rencontré le nôtre. Rien d’effrayant comme ces deux rapidités qui se côtoyaient, et qui, pour les voyageurs, se multipliaient l’une par l’autre. On ne se distinguait pas d’un convoi à l’autre ; on ne voyait passer ni des wagons, ni des hommes, ni des femmes, on voyait passer des formes blanchâtres ou sombres dans un tourbillon. De ce tourbillon sortaient des cris, des rires, des huées. Il y avait de chaque côté soixante wagons, plus de mille personnes ainsi emportées, les unes au nord, les autres au midi, comme par l’ouragan. […] »
Questionnaire
- Quel est le genre littéraire de ce texte ? Justifiez votre réponse par des éléments précis (forme, destinataire, paratexte…).
- Que raconte Hugo dans cette lettre ?
- Dans la phrase « Je me suis réconcilié avec les chemins de fer ; c’est décidément très beau », quel point de vue sur le train Hugo exprime-t-il et comment cela montre-t-il une évolution par rapport à ses premières impressions ?
- « Les fleurs du bord du chemin ne sont plus des fleurs, ce sont des taches ou plutôt des raies rouges ou blanches ; plus de points, tout devient raie ; les blés sont de grandes chevelures jaunes, les luzernes sont de longues tresses vertes ; les villes, les clochers et les arbres dansent et se mêlent follement à l’horizon ; de temps en temps, une ombre, une forme, un spectre debout paraît et disparaît comme l’éclair à côté de la portière ; c’est un garde du chemin qui, selon l’usage, porte militairement les armes au convoi. »
a- Observez la phrase ci-dessus. Combien de propositions contient-elle ? Comment sont-elles le plus souvent reliées entre elles ?
b- Pourquoi Victor Hugo choisit-il d’écrire une phrase aussi longue, composée de nombreuses propositions juxtaposées ?
o Pour montrer que le paysage se compose d’éléments multiples qui méritent d’être observés distinctement.
o Pour traduire la succession rapide des paysages et donner l’impression d’un mouvement continu, en enchaînant les images avec de très courtes pauses (ponctuation).
o Pour suggérer que la perception du paysage se fait de manière désordonnée et confuse, comme un flot d’images en vrac.
o Pour créer un effet d’accumulation et de densité qui reflète la richesse et la complexité du décor traversé.
5.a- Relevez les mots ou expressions qui évoquent la vitesse du train.
b- Classez-les selon qu’ils sont réalistes (concrets) ou figurés (perceptifs).
- Quels effets de la vitesse sur le paysage Victor Hugo met-il en valeur dans son texte ?
a- Choisissez la bonne réponse puis justifiez-la en relevant au moins deux passages précis du texte.
o Elle révèle la beauté cachée du paysage en multipliant les détails que le regard n’avait jamais perçus auparavant.
o Elle fait disparaître la stabilité des formes et transforme les couleurs en traces fugitives, comme si le monde devenait mouvant et flou.
o Elle ralentit le regard du voyageur, qui peut ainsi contempler plus longuement chaque élément du décor.
o Elle ordonne le paysage et lui donne une harmonie géométrique nouvelle, faite de lignes et de perspectives.
b- Relevez une énumération dans le texte et expliquez comment elle illustre l’effet de la vitesse sur le paysage.
- Victor Hugo utilise des figures de style pour décrire le paysage en mouvement.
a- Dans le texte, relevez trois figures de style :
– une comparaison,
– une métaphore,
– une personnification.
b- Pour chaque figure de style relevée :
– Recopiez la figure de style.
– Précisez son nom (comparaison, métaphore, personnification).
– Expliquez en une phrase ce que cette image évoque et comment elle aide à imaginer le paysage malgré la vitesse.
- Pourquoi Victor Hugo utilise-t-il des figures de style plutôt qu’une description réaliste ? Cochez les propositions qui vous semblent correctes et justifiez votre choix avec un exemple précis du texte.
Littérature 3ème Lettre de Victor Hugo à sa femme Adèle pdf
Littérature 3ème Lettre de Victor Hugo à sa femme Adèle rtf
Questionnaire 3ème Lettre de Victor Hugo à sa femme Adèle pdf
Questionnaire 3ème Lettre de Victor Hugo à sa femme Adèle rtf
Correction Questionnaire 3ème Lettre de Victor Hugo à sa femme Adèle pdf
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