Gestion de l’hétérogénéité des élèves : l’autonomie en question

Comment gérer l’hétérogénéité des élèves au niveau de l’autonomie ?

« J’ai terminé. Qu’est-ce que je fais maintenant ? » Une demande apparemment anodine, mais qui traduit le désarroi de l’enfant inoccupé. Il a fini son travail et attend la consigne de l’enseignant. Celui-ci doit interrompre sa séance de petit groupe pour y répondre. La question de l’autonomie se pose ainsi au cœur de la gestion de classe. Mais comment gérer l’hétérogénéité des élèves dans une classe ? Quels sont les leviers et les outils pour aider chacun à gagner en sérénité ? Vous trouverez des éléments de réponse dans cet article.

Comprendre les enjeux de l’autonomie à l’école primaire

Être autonome, c’est « ne pas être dépendant d’autrui » si l’on se réfère au Larousse. Dans le contexte scolaire, cela signifie que l’enfant :

  • sait se détacher de l’adulte ;
  • identifie les tâches à réaliser ;
  • est capable d’évaluer son travail.

Développer l’autonomie des élèves permet à l’enseignant de prendre en charge de plus petits groupes d’enfants. Les plus rapides peuvent s’orienter vers des activités complémentaires à celles déjà réalisées.

Les différentes catégories d’autonomie

Dans Enseigner en classe multiniveau, Marie Gabriel identifie 3 formes d’autonomie : 

  • L’autonomie fonctionnelle ou « agir par soi-même ».
  • L’autonomie morale ou « choisir par soi-même ».
  • L’autonomie intellectuelle ou « penser par soi-même ».

Des niveaux d’autonomie hétérogènes

Toute classe est hétérogène, même celle de « simple niveau ». Les différences de profils et de parcours des élèves contribuent à enrichir le groupe. De nombreux facteurs pèsent sur cette diversité :

  • les acquis scolaires ;
  • le rythme de travail ;
  • les stratégies d’apprentissage ;
  • la maturité ;
  • l’histoire personnelle ;
  • l’environnement socioculturel ;
  • la motivation.

Un objet d’apprentissage à part entière : devenir autonome

L’école met en place les apprentissages pour développer des compétences d’autonomie telles que :

  • Aller chercher son matériel sans injonction.
  • Savoir où ranger ses affaires.
  • Se mettre en activité sans la présence du professeur.
  • Se déplacer dans la classe à bon escient, sans demander l’autorisation et sans déranger les autres.
  • Prendre la parole en respectant les règles du groupe.
  • Expliquer sa démarche, son résultat.
  • Se fixer un objectif et mettre en œuvre les moyens pour y parvenir.
  • Organiser matériellement son travail.

Deux pédagogies de l’autonomie

L’éducation à l’autonomie est au centre de deux pédagogies en particulier, à savoir : Freinet et Montessori.

La pédagogie Freinet

Les outils Freinet reposent sur les principes ci-dessous :

  • Des relations coopératives dans la classe.
  • Un enfant qui sait se situer dans les apprentissages.
  • Le développement de la créativité et de l’expression libre.

La pédagogie Montessori

D’après l’enseignement de Mario Montessori, l’enfant gagne à vivre dans un cadre lui permettant de se perfectionner à son rythme et selon ses besoins propres. Il se développe grâce au libre choix et un travail engagé et ininterrompu.

Différencier pour gérer l’hétérogénéité des élèves

À intégrer lors de la conception des séquences de classe, la différenciation constitue un outil pour les enseignants. En effet, c’est un moyen d’adapter les apprentissages aux compétences et savoir-faire de chaque enfant.

Les paramètres de la différenciation

Afin de proposer un enseignement adapté à tous, le professeur pourra jouer sur les paramètres suivants :

  • la consigne ;
  • la durée ;
  • la difficulté ;
  • les outils ;
  • les aides.

À noter : la différenciation s’applique aux plus faibles comme aux plus avancés.

Une évaluation continue

Afin d’identifier les besoins de chacun, il est nécessaire d’observer les élèves et d’analyser leurs productions. Cette prise de recul permet de comprendre la nature des obstacles qu’ils rencontrent. Il y aura donc plusieurs évaluations à réaliser avec ou sans la participation de l’enfant :

  • diagnostique ;
  • formative ;
  • sommative.

Des dispositifs complémentaires

Les modalités d’apprentissage peuvent prendre les formes suivantes :

  • ateliers échelonnés ;
  • tutorat ;
  • décloisonnement.

La remédiation contribue à diminuer les écarts entre les élèves. Celle-ci peut être menée en classe ou lors du soutien scolaire.

👉 À découvrir : des ressources pour le soutien scolaire (orthographe CE1)

Rendre les élèves autonomes : outils et bonnes pratiques

Une posture de l’enseignant tournée vers l’autonomie

Afin de contribuer à rendre les élèves autonomes, le professeur s’assurera que les conditions suivantes sont réunies :

  • L’enfant a les connaissances suffisantes pour effectuer l’exercice demandé.
  • Il ne dépend pas entièrement de l’enseignant pour réaliser sa tâche.
  • Il est confiant et respecte les propositions des autres.

Un aménagement de classe adapté

Pour une circulation fluide

L’implantation du mobilier sera pensée pour favoriser des déplacements aisés et relativement silencieux. L’accès au matériel sera facilité, notamment en maternelle. Chacun doit pouvoir disposer de cahiers, de feutres ou de jeux sans déranger les autres enfants.

Pour une organisation lisible

Dédier des espaces aux activités autonomes :

  • un coin lecture ;
  • un espace informatique ;
  • une zone de création artistique.

Mettre des aides à disposition de tous : affichages et référents.

Un fonctionnement explicite et partagé

Ritualiser le temps

Concevoir les apprentissages en intégrant des rituels, en cycle 1 comme en cycle 3. Rendre lisible le déroulement de la semaine en affichant :

  • l’emploi du temps ;
  • le calendrier ;
  • l’« horloge de la journée » pour les plus petits.

Définir ensemble les règles de vie

En début d’année :

  • Établir collectivement les règles pour bien travailler.
  • Les afficher sur les murs de la classe.
  • S’y référer régulièrement.

👉 À imprimer : des affichettes « règles de vie ».

Améliorer l’autonomie de la classe : idées d’activités pour l’enseignant

Le plan de travail Freinet

Un élève a terminé son activité et ne sait pas quoi faire ? La pédagogie Freinet propose la mise en place de contrats ou de plans de travail.

Qu’est-ce qu’un plan de travail ?

C’est un document recensant des ateliers à réaliser en autonomie par chaque élève. Il est adapté au niveau de chacun. Il est composé de pictogrammes et de cases à remplir avec la date d’achèvement. L’enfant choisit son activité et en valide la réalisation.

Comment mettre en place ce support ?

Le livret est présenté en début d’année. Un temps d’appropriation est nécessaire. Un point périodique est réalisé avec l’élève. Cela lui permet de visualiser sa progression et les activités qu’il lui reste à faire. Il est libre de choisir le moment pour les réaliser. Ainsi, l’enfant avance à son rythme.

Les fichiers autocorrectifs

Ce matériel est composé de fiches classées par discipline et par niveau. L’élève peut évaluer lui-même son travail à l’issue de l’activité.

👉 À télécharger : un fichier d’autonomie en CM1 — Cycle 3

Les coins en autonomie

Dans les classes multi âges en maternelle, ainsi qu’à l’école élémentaire, il est judicieux de mettre en place des espaces d’autonomie. Bibliothèque, informatique, arts plastiques : ces lieux font l’objet d’apprentissages dirigés, mais peuvent être utilisés librement par les élèves. Un système d’inscription régule la fréquentation des lieux.

Les cahiers de réussite

Des jeux et du matériel de manipulation sont mis à disposition. Un cahier de réussite individuel permet à l’élève de reporter son avancement et de visualiser le reste à faire.

Les services à la classe

En complément du travail scolaire, chaque enfant contribue à son tour à l’entretien de la classe :

  • soin aux plantes et aux animaux ;
  • préparation de la collation ;
  • rangement du coin bibliothèque ;
  • nettoyage du tableau ;
  • ramassage des cahiers.

Ces services peuvent être réalisés en autonomie, selon un fonctionnement codifié et ritualisé.

Rendre les élèves acteurs de leurs savoirs et leur proposer des activités qui ont du sens pour eux. Différencier les exercices et privilégier du matériel évolutif. Prévoir des séances dédiées à l’apprentissage de l’autonomie. Voici quelques-uns des secrets d’une classe qui (semble) tourner toute seule !

 



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