Instruction en Famille et Violences Éducatives Ordinaires – IEF et VEO

Les VEO, c’est quoi ?

Les VEO regroupent toutes formes de maltraitance, physique, morale, ou verbale, exercée à l’égard des enfants, sous couvert précisément d’éducation. Cela concerne tout ce que l’on fait envers l’enfant, ce qui lui est imposé – « pour son bien » selon les adultes – mais qui va à l’encontre de ses besoins physiologiques et affectifs profonds. 

Les VEO peuvent tout à fait être perpétrées dans un esprit bienveillant : par exemple, on demande à l’enfant de se coucher tôt car il doit se lever tôt le lendemain – c’est « pour son bien », c’est donc bienveillant. Néanmoins, en pratique, c’est une VEO, dans la mesure où l’adulte impose l’heure du coucher à l’enfant, sans tenir compte de son besoin réel. En tant que personne, l’enfant sait mieux que quiconque quand son corps a besoin d’aller se coucher, quand il est prêt pour se mettre en phase de sommeil.

C’est un exemple parmi d’autres, on pourrait en donner bien plus. Les VEO vont donc bien au-delà de la traditionnelle fessée, ou d’une mise au coin, ou encore d’une punition. Non seulement toutes ces méthodes archaïques n’ont pas fait leur preuve – en fait, elles mènent même le plus souvent à des comportements de rébellion de la part des jeunes victimes – mais en plus, elles se révèlent très délétères pour le bon développement cérébral et affectif de l’enfant. Nous vous invitons à lire à ce sujet via cet article. 

 

Quelles VEO inhérentes au système scolaire français peuvent être très facilement éliminées lorsqu’on choisit l’IEF ?

    • Le respect du rythme de l’enfant : quand l’enfant est scolarisé, il doit se plier au rythme imposé par la collectivité. Il doit se coucher tôt la veille au soir, pour se lever tôt le lendemain, il doit faire la sieste à heures strictes, aller aux toilettes à heures strictes, de même pour les prises alimentaires, etc. Ce type de mesures forcées entraîne à plus ou moins long terme une inaptitude dramatique à percevoir ses propres besoins (ce qui donne lieu à des troubles alimentaires, des troubles intestinaux et des troubles du sommeil notamment, qui persisteront à l’âge adulte). Au contraire, en IEF, l’enfant est libre de faire comme il veut, il est donc en mesure de rester à l’écoute de ses besoins physiologiques, ce qui est une condition optimale à son bien-être.
    • La posture autoritaire et adultiste du personnel de la structure collective : en tant que parent ayant choisi l’IEF, on se pose en parent instructeur, accompagnant l’enfant avec amour. On ne va pas punir, on ne va pas gronder, on ne va rien imposer. L’IEF est un choix qui se veut protecteur de l’enfant et de ses caractéristiques, ainsi que de ses demandes et de ses attentes. Il est intéressant de noter à cet égard que les parents sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le unschooling (ce qui signifie : laisser l’enfant maître de ses apprentissages. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet en suivant ce lien.
    • Le système de notation et d’évaluation : ce système s’avère très délétère pour le cerveau. En effet, il induit un stress considérable chez l’enfant, qui ne va pas travailler pour lui-même (= apprendre et grandir), mais pour obtenir un résultat qui lui garantira la paix auprès de ses professeurs, de ses parents, et assoira sa position en classe. En outre, paralysé par le stress, le cerveau ne va pas bien assimiler les apprentissages (c’est ce qui explique en partie que l’on ait tout oublié quelques années plus tard). De plus, ce système implique un esprit de compétitivité entre les élèves, qui mène très souvent à l’agressivité, qui à son tour peut entraîner le harcèlement ; et à la comparaison, qui à son tour peut très rapidement entraîner la dépression (le fait de ne pas se sentir « à la hauteur »).
    • La séparation : comme on peut le lire dans cet article, le jeune enfant n’est naturellement pas fait pour être séparé de ses parents, avant de décider lui-même qu’il est prêt (c’est-à-dire, lorsqu’il a suffisamment construit sa sécurité affective, généralement pas avant 7/8 ans, mais bien sûr c’est variable selon chaque enfant). Si on considère l’histoire de l’humanité, on s’aperçoit d’ailleurs que cette séparation de l’enfant et de ses parents est très récente, la création de l’école et de l’instruction obligatoire coïncidant étrangement avec la croissance des exigences industrielles qui posèrent un nouveau problème : celui de la garde des enfants.
    • Le harcèlement : par définition, le domicile familial doit être un cocon protecteur. L’enfant ne peut pas (dans une situation normale) y souffrir de harcèlement, comme cela est possible sur les bancs de l’école. Par essence, ni les raisons du harcèlement, ni ses acteurs, ne sont possibles dans le cadre d’une Instruction en Famille. 

 

En IEF, quelles situations sont considérées comme des VEO ?

  • Imposer le choix d’instruction à l’enfant, en fonction des idéaux parentaux, ou diktats sociaux ou familiaux, sans tenir compte de ses souhaits.
  • Lorsque la décision de déscolarisation a été prise, ne pas laisser le temps à l’enfant de souffler, et plonger direct dans l’instruction, sans pause (à ce sujet, vous pouvez lire l’article sur la transition entre école et IEF, en suivant ce lien.
  • Utiliser la perspective de l’inspection comme une menace ou une forme de chantage pour que l’enfant arrive à nos fins – évitons de leur transmettre nos stress.
  • Surcharger l’enfant d’informations de peur de ne pas être à la hauteur (des exigences du socle commun, par exemple).
  • Isoler l’enfant de relations extérieures et de sorties (par facilité, par flegme de sortir de la zone de confort qu’est le domicile familial, etc.).
  • Au contraire, faire crouler l’enfant sous une tonne d’activités, de rdvs, de rencontres, etc, par peur du fameux spectre de la désocialisation, très souvent mis en avant par les détracteurs de l’IEF. 
  • Imposer des horaires de travail à l’enfant, et/ou lui imposer de suivre un certain nombre d’heures de travail, et/ou lui imposer de suivre le calendrier scolaire (avec le rythme des vacances par exemple).
  • Lui imposer de travailler sur table avec des manuels, par opposition au respect de ce que lui a envie de faire, et de quand et comment il a envie de le faire.
  • Ne pas répondre à sa curiosité naturelle, à sa soif d’apprendre – par exemple en n’adaptant pas son environnement immédiat, en lui refusant des sorties en musées, des livres et/ou du temps de lecture, des rencontres avec des artisans, etc – parce que ce n’est pas ce que nous avions imaginé pour lui.
  • Ne pas être à l’écoute de ses intérêts individuels, ni de ses goûts (pour le choix des méthodes par exemple) par souci de coller aux exigences du socle commun.
  • Juger ces productions (dessin, écriture, …) ou bien ces centres d’intérêt (s’en moquer, les évaluer).
  • Influencer sa perception de lui-même ou l’humilier par rapport à son niveau scolaire (« oh c’est quand même bien mal écrit pour un niveau CE1 »).
  • Lui coller une étiquette en lui assignant un niveau justement (« à ton âge on est en telle classe »), ce qui revient à ne pas tenir compte des particularités de l’enfant, et du rythme d’apprentissage qui est propre à chacun.
  • Le comparer à d’autres enfants, scolarisés ou non – on vient de le voir, chacun évolue à son propre rythme.
  • Ne pas tenir compte de son/ses handicap.s ou de son état de santé et de fatigue – ne pas adapter les apprentissages à ces exigences particulières (lorsqu’un enfant est « DYS » par exemple).
  • Récompenser – (ou punir), ce qui revient à reproduire le système de notation/évaluation. Cela apprend à l’enfant à travailler pour obtenir un résultat (c’est l’exigence du rendement) et non pas pour lui-même.
  • Avoir certaines attentes, placer la barre haut délibérément pour se libérer du stress de ne pas être à la hauteur – ce qui est mettre en avant nos angoisses d’adultes, dans une démarche de supériorité par rapport aux intérêts de l’enfant.
  • Ne pas permettre à l’enfant d’apprendre par son observation de notre quotidien – le mettre à l’écart et ne pas l’impliquer dans nos tâches quotidiennes, bien qu’il en fasse la demande (comme cuisiner par exemple).

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur tous ces aspects, et d’autres encore, vous trouverez des développements plus longs et plus détaillés dans cet article qui liste toutes les VEO en IEF.

Vous pouvez également échanger autour des VEO en IEF via le groupe Facebook : https://www.facebook.com/groups/IEFsansVEO/

 

 

Anne-Catherine Proutière, fondatrice du blog « Pédagogies alternatives en liberté », pour Pass éducation