Cultiver la singularité, en IEF (Instruction En Famille)

Il y a tellement de raisons qui peuvent pousser une famille à choisir l’instruction à la maison. Pourtant à première vue lorsque l’on a connu que le système scolaire et que l’on n’est pas prêt à ouvrir son regard un peu plus large sur d’autres alternatives, il peut paraître difficile de faire un tel choix.

L’école c’est le chemin classique, le chemin que l’on croit, à tort, obligatoire. “On n’a pas le choix” nous disait-on souvent lorsque nous étions enfants. Alors on s’efforce, sans s’en rendre compte, de n’y voir que les aspects bénéfiques. L’école ça sociabilise, ça permet aussi d’avoir accès à des ressources, cela permet de se cultiver, et d’avoir un professionnel formé à l’instruction. En parallèle, on se contente de tolérer les côtés plus compliqués, les décharges émotionnelles de nos enfants, la violence des cours d’école, l’autorité des adultes, tout ça, il faut bien l’avouer, on doit le tolérer et l’accepter si l’on souhaite cheminer dans une scolarité classique.

Quand on commence à ouvrir notre esprit et à chercher d’autres moyens d’apprendre, on s’aperçoit qu’il y a des tas d’autres façons de faire et surtout on prend conscience, par la même occasion, des aspects que l’on pourrait éviter, notamment la prise en compte bien difficile de chaque enfant pourtant tous si différents au milieu d’une trentaine d’autres. On peut même remarquer que l’uniformisation des avis sur l’école est à l’image de l’uniformisation de la pensée devenue collective.

Une des raisons (il y en a tant !) qui peut pencher du côté de l’instruction en famille est bien là, éviter le conditionnement de la pensée et le conformisme inadapté.

Individus uniques

N’est-on pas unique ? Chacun de nous est un exemplaire unique et singulier, sans copie possible. Nous avons bien des points communs bien sûr, mais aucun qui ferait de nous des copies comparables. Chaque être humain a son tempérament, sa sensibilité, son fonctionnement endogène avec des variabilités d’intensité sur des tas de critères, ce qui rend inexistante la probabilité de trouver deux humains identiques. Alors, les enfants, remplis d’émotions, pleins de folie, imbibés de curiosité, débordants de fantaisie, sont encore plus uniques ! Etre à la tête d’une trentaine d’élèves auxquels on demande de faire les mêmes choses au même moment et de la même manière, n’est pas le contexte le plus adéquat pour un épanouissement individuel, et le développement de talents, de passions et de bonheurs. Conformer tout le monde de la même manière, cela va à l’encontre de notre singularité qui ne peut pas s’exprimer. L’instruction en famille c’est aussi faire le choix de donner la liberté complète à l’enfant d’être entièrement ce qu’il est, de l’exprimer, de le développer et de s’épanouir entièrement.

Apprentissages uniques

Accepter et accompagner l’enfant tel qu’il est, tel qu’il souhaite évoluer c’est aussi tellement applicable aux apprentissages. L’apprentissage c’est la vie ! Apprendre c’est vivre, grandir, s’enrichir et tout ça à notre façon rien qu’à nous. L’instruction en famille permet de nous adapter à l’enfant, à son fonctionnement, à sa façon à lui de réfléchir, de comprendre, de vouloir comprendre, d’essayer et de vouloir essayer ! Et tout ça sans imposer, sans contraindre, sans forcer à faire d’une manière précise, sans vouloir qu’il fasse “comme il faut” ou comme nous l’aurions fait.

A la maison, le contexte est favorable pour adapter les activités, les remanier, les proposer ou les remplacer. Pour nous adultes, en tant qu’observateurs disponibles, il est intéressant de prendre le temps de comprendre comment l’enfant apprend, si une activité ne lui plait pas, on la retire ! si une activité lui plait au point de la terminer en 2 minutes, on la réitère ! Les sorties peuvent être adaptées aux passions de l’enfant, pour l’un il faudra se rendre au planétarium plusieurs fois, pour l’autre, on regardera des vidéos pour apprendre la couture encore et encore. Certains voudront s’exercer mille fois à l’écriture et d’autres enfants au contraire, ne voudront pas prendre de crayon en mains. L’instruction en famille permet une incroyable adaptation qui permet à l’enfant de s’épandre dans l’espace nécessaire sans contraintes, sans limites étroites.

Il n’existe pas une seule méthode d’apprentissage qui convienne à tout le monde, ni même 2, ni même 10, ni même 10 millions, selon moi il y en a 7 milliards, autant que d’êtres humains. La singularité qui nous compose n’est pas là pour rien, et encore moins pour être éteinte, ni qu’on lui dise “chut, mets-toi en rang”, elle est là pour nous montrer de quelle manière – la plus adéquate pour nous – nous devons apprendre le monde et vivre la vie. Et cette idée me parait belle, laisser l’enfant nous montrer son chemin rien qu’à lui. Cela me rappelle une de mes citations préférées sur laquelle je terminerai :

“On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent” Bertolt Brecht

 

 

Sandra Ferreira, fondatrice du blog Des Cendres à l’Or, pour Pass Education